Pour célébrer ses 25 ans, l’UPE 13, antenne locale du Medef, investit l’Orange Vélodrome le 15 octobre avec son Forum des Entrepreneurs placé sous le thème « Forever young ».

Son président, Philippe Korcia, veut faire de cette édition un tremplin pour la jeunesse : inciter les jeunes à créer des entreprises, leur offrir un accompagnement grâce à une nouvelle commission dédiée, et ouvrir le débat sur l’avenir du travail.

Pourquoi avoir choisi le thème de la jeunesse pour le Forum des entrepreneurs ?

D’abord parce qu’on fête nos 25 ans. J’ai aussi trouvé que c’était intéressant de se tourner vers la nouvelle génération pour être en lien avec les WorldSkills, la grande compétition des métiers qui se tiendra le lendemain au parc Chanot. Et puis la jeunesse, c’est l’avenir… J’ai besoin que les jeunes s’engagent, qu’ils s’investissent dans le monde économique, dans les entreprises, l’entrepreneuriat. On veut tout faire pour leur donner envie d’entreprendre. J’ai envie qu’ils créent de la valeur et de l’emploi. Je rêverais d’avoir une licorne sur le territoire !

De plus en plus de jeunes montent leur boîte sans avoir testé le salariat. Comment analysez-vous cette tendance ?

C’est un peu nouveau. On est très contents qu’ils se lancent dans l’entrepreneuriat. Mais cette tendance vient aussi de l’après-Covid où il y a eu un vrai besoin de se réaliser par soi-même. La grande difficulté, c’est qu’ils se lancent sans expérience et quand ils demandent des crédits, des financements, on leur demande ce qu’ils ont fait avant. Et comme ils n’ont pas forcément d’expérience, ils ont du mal à trouver des solutions. Au bout de deux ou trois ans, ils peuvent malheureusement arrêter.

Comment les entreprises peuvent les accompagner face à ces freins ?

Il faut qu’ils s’appuient sur des parrains. À l’UPE 13, on a fait Make the Choice pendant des années pour mettre en lien de nouvelles entreprises avec des parrains plus expérimentés pour une cinquantaine de projets. Je l’annoncerai pendant le Forum, mais on va créer une commission pour les jeunes avec le Comex 40 (section qui regroupe les jeunes chefs d’entreprises du syndicat patronal) afin de les aider à créer leurs entreprises. Ce sera une vraie structure pour la jeunesse qui ira voir les banques, les administrations, les fonds. On veut leur montrer que l’UPE 13 peut aussi les aider à réaliser des projets et leur donner envie de s’engager dans le monde syndical.

De moins en moins de jeunes s’engagent dans un syndicat. C’est un enjeu de survie selon vous ?

Exactement. Ils s’engagent moins dans les mandats. J’ai 1 300 mandats disponibles que ce soit dans les URSSAF, que ce soit dans les tribunaux de commerce. Alors c’est vrai que ce n’est pas rémunéré puisque c’est du bénévolat. Mais ça apprend tellement. Quand vous faites un mandat de juge de commerce, vous voyez toute la difficulté des entreprises et vous apprenez beaucoup. C’est du temps donné, mais ce n’est pas forcément du temps perdu !

Quand on parle de jeunesse, la diversité est un thème central. Pensez-vous qu’il y a assez de diversité dans les entreprises ?

Il y a des talents de partout. On ne fait pas la différence entre un jeune qui vient des quartiers nord ou des quartiers sud. Nous, ce qu’on veut, c’est un jeune qui ait envie, qui soit motivé et qui ait la volonté de réussir le projet qu’on lui met entre les mains. Je pense que les chefs d’entreprises ne sont pas sensibilisés à la diversité parce que pour nous, ce n’est pas un problème.

Comment les jeunes transforment la culture de l’entreprise ?

Ils amènent de nouvelles choses. Parfois, ça peut un peu chambouler. Quand vous avez une entreprise qui existe depuis 30 ans, 40 ans et qui fonctionne bien, on a tendance à ne pas leur laisser la place. On se dit “Qu’est-ce qu’il a celui-là ? Il dit n’importe quoi. Mais pour qui il se prend ?” Il y a des chefs d’entreprises qui n’acceptent pas de changer. Mais on doit s’adapter, évoluer, et écouter cette jeune génération pour exister encore 20 ou 30 ans. L’intelligence artificielle est un bon exemple. L’IA pour un chef d’entreprise comme moi, c’est la fin de mes certitudes. Mais c’est l’avenir, ça va nous booster.

Les jeunes ont la culture du zapping. Ils sont plus attachés à un métier qu’à une entreprise. Comment les fidéliser ?

Il faut leur donner du sens. Et surtout leur partager la vision que l’on veut apporter à notre entreprise. Mais la rémunération n’est plus le sujet principal des jeunes. On n’est plus du tout sur “le profit”. Les jeunes d’aujourd’hui sont attachés au partage de la valeur. C’est-à-dire qu’ils veulent apporter de la valeur, mais il faut la partager. Je trouve que c’est plutôt positif d’ailleurs. Moi je crois en cette jeunesse. Elle est dynamique, différente, variée. C’est un brassage de qualité qui peut faire des choses extraordinaires. Mais il faut absolument éviter la fracture sociale, arrêter d’opposer les uns avec les autres, et s’engager pour que l’entreprise reste un vecteur de cohésion sociale.

Avec plus de femmes ?

Oui, c’est pour ça qu’il y a deux ans, nous avons créé “Les femmes de l’UPE 13”. Nous avons aujourd’hui plus de 150 femmes cheffes d’entreprise qui sont dans les clubs, qui animent, qui font des conférences, qui font visiter leurs boîtes. On se rend compte que ce sont des entreprises fantastiques. Et là aussi, j’essaye de les avoir un peu plus dans les instances pour atteindre la parité. Mais après, il faut qu’elles s’engagent. Les femmes interviendront d’ailleurs dans une table ronde sur le forum.

Quels secteurs d’activité seront les plus porteurs pour les jeunes ?

Je pense que les métiers de l’intelligence vont être essentiels. On a aussi des niches qui peuvent marcher. Marseille a toujours été une ville de mode. Ça a toujours été une ville avant-gardiste. On a aussi la mer avec des métiers très variés. Notre territoire c’est aussi l’industrie, d’autant que de gros moyens vont être mis en place sur Fos-sur-Mer. On va avoir besoin des jeunes, mais il faudra réussir à les attirer.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut lancer son entreprise ?

Je lui dirais qu’il faut partir d’une idée, mais que le plus important c’est de bien s’entourer, avancer pas à pas et ne pas vivre au-dessus de ses moyens. Il ne faut surtout pas avoir peur de l’échec : rater une, deux ou trois fois ne signifie pas qu’on est nul. Au contraire, c’est en travaillant beaucoup tout en gardant un équilibre avec sa vie personnelle que l’on finit par réussir. Je pense aussi que les mentalités doivent encore évoluer. L’échec n’est plus une marque indélébile, mais une étape d’apprentissage. Mieux vaut essayer et échouer que de ne rien tenter par peur de rater.

Retrouvez cette interview dans le nouveau numéro de notre magazine spécial « Jeunesse et Emploi » qui paraît le 15 octobre 2025.

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