Les travaux de dorure de la Bonne Mère viennent de commencer. Les artisans des ateliers Gohard vont appliquer plus de 30 000 feuilles d’or destinées à rendre son éclat à la statue pour au moins un demi-siècle.
Sous son immense bâche dressée à 220 mètres de hauteur, la statue de la Bonne Mère vit l’une des dernières phases de sa restauration. « Nous sommes à la hauteur du visage de la Vierge, dans l’atelier qu’on a créé pour travailler dans de bonnes conditions, à l’abri du vent, des intempéries et de la pollution », explique Xavier David, l’architecte de ce chantier historique.
Avant de retrouver sa couronne, prévue pour le 17 octobre par héliportage, la statue est minutieusement recouverte d’or par une équipe d’artisanes de l’atelier Gohard. Cyrielle d’Antoni, restauratrice d’art, frotte délicatement son pinceau sur sa joue avant d’appliquer minutieusement chaque feuille, en commençant par la main de l’enfant Jésus.
Ce geste répétitif crée de l’électricité statique pour pouvoir poser les feuilles, « qui font 1/10 de micron d’épaisseur. Elles sont tellement fines que si on les attrape avec les doigts, elles se désagrègent », explique l’artisane. Entre 30 000 et 40 000 feuilles d’or de 8 centimètres carrés vont être nécessaires pour recouvrir entièrement la statue.
Sept impacts de balle découverts
Le mois d’août a été consacré aux travaux préparatoires : décapage de l’ancienne dorure, traitement anti-corrosion, application de couches protectrices… La statue a été préalablement teintée d’une couleur jaune orangée pour donner des reflets chauds à l’or et lui rendre son éclat d’origine.
Deux surprises attendaient l’équipe lors de la découverte de la surface « nue » de la statue : « Sept impacts de balles, vestiges de la libération de Marseille en août 1944, avaient été colmatés rapidement à l’époque. Nous les avons extraits et réparés durablement », raconte l’architecte. Les mesures ont aussi révélé un fort taux de salinité, conséquence directe de l’exposition au vent marin.
Un chantier exceptionnel
« On effleure la feuille avec le dos du doigt, et si elle accroche légèrement, on dit qu’elle est “bonne”, “amoureuse” ou qu’elle “chante” », indique Cyrielle d’Antoni. C’est alors le signal pour recouvrir la surface d’or. Pas une miette ne se perd : les minuscules fragments appelés « époustures » sont récupérés pour combler les recoins les plus difficiles d’accès. « Rien ne se perd, tout se transforme », résume l’artisane.
« C’est un chantier exceptionnel, sans doute l’un de mes plus beaux », décrit-elle avec émotion. Elle sera bientôt rejointe par trois de ses collègues. Dans ces conditions de travail optimales, la dorure « devrait durer au moins cinquante ans », espère Xavier David.
La pose de l’or doit s’achever fin septembre, avant quelques finitions début octobre et le démontage progressif des échafaudages. Le 17 octobre, la couronne retrouvera sa place au sommet de la statue. Enfin, la Bonne Mère devrait être dévoilée dans tout son éclat au public le 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception.