Pendant l’été, Made in Marseille s’est rendu chez Jean-Pierre Foucault, l’un des plus célèbres animateurs français, pour parler de son parcours à la radio et la télé, mais aussi pour parler de Marseille, sa ville de toujours, pour laquelle il a une affection toute particulière. Extraits de conversation.
Vous venez d’annoncer la fin de 50 ans de carrière de radio…
Oui, tout à fait. Jour pour jour en 1966. J’avais gagné un concours sur radio Monte Carlo et j’avais un contrat de trois mois qui a été renouvelé une fois et puis après on m’a mis dehors. A l’époque, j’étais inquiet de savoir si j’allais en faire mon métier. Et finalement, cela fait 50 ans sans m’arrêter que je fais cela.
Quelques temps après cette décision, comment vous sentez vous ?
Bien ! Je continue la télé, mais la radio, j’ai décidé d’arrêter parce que je m’amusais un petit peu moins. Vous savez quand dans ces métiers, on ne trouve plus le plaisir qui vous a fait embrasser cette carrière, il vaut mieux s’arrêter. La radio et la télévision sont des révélateurs, si on s’ennuie ça se voit et ça s’entend tout de suite, donc j’ai préféré m’arrêter. Mais, sans regret et avec une infinie reconnaissance pour ceux qui m’ont écouté pendant ces cinq décennies.
Et la télé, vous n’avez pas envie de dire stop aussi ?
Non, je continue ! Bien sur à une cadence moins infernale que dans les années 90 et 2000, mais là j’ai quatre ou cinq émissions « Qui veut gagner des millions ? », il y a « Miss France », et 80 fois par an je fais gagner des millions pour la Française des Jeux avec l’émission du « Loto ». Donc tout va bien.
Comment expliquez vous qu’un minot de Marseille ait pu devenir l’un des animateurs préférés des Français ?
Je ne sais pas, il n’y a pas de règle. Vous savez, en grec « anima » veut dire âme. Donc la spécificité d’un animateur, c’est de rester soi même. Moi, je suis resté tel que je suis. En respectant l’éducation que j’ai reçu. Je suis né au Lapin Blanc à Bonneveine, enfin plus exactement à la clinique Bouchard, et je suis toujours resté le même.
Aujourd’hui, je vis à côté de mon meilleur ami (Ndlr : qui est aussi son voisin à Carry le Rouet), et déjà quand on était petit on s’amusait à faire notre propre émission de radio.
J’ai fait le métier que je rêvais de faire, donc c’est peut-être ça… Les gens s’en sont rendus compte, mais il se sont aussi rendus compte je pense, que j’étais comme eux. Beaucoup de gens dans le milieu des médias se disent artistes, secrets, ou entourés d’une brume opaque… Moi je suis resté moi. Vous voyez comme je suis ce matin (Ndlr : en short et polo), et bien c’est comme ça que je vais au village acheter mon pain et faire les courses.
Pouvez vous nous parler de votre rapport avec Marseille ? Vous y êtes né, mais avait vécu pour le travail la majeure partie de votre vie à Paris. Que représente cette ville pour vous ?
Marseille, je l’ai quitté à 18 ans. C’est ma ville, c’est un aimant. Je suis attiré par Marseille. En 40 ans, il ne s’est pas passé une semaine sans que le weekend je revienne ici… C’est vraiment une ville incroyable… Et puis, vous savez, ce qui me fascinera toujours, c’est que Marseille est en couleur et Paris, en noir et blanc ! Et si aujourd’hui, on ne vit pas en couleur, c’est qu’on n’a rien compris.
Quand on vous dit Marseille, qu’est ce que ça vous évoque ?
Ma respiration, mon poumon, mon socle, ma vie. Et puis, Marseille a considérablement évolué ces dernières années, elle s’est transformée. C’est devenue une grande et belle ville accueillante et touristique, alors qu’avant on ne savait pas trop où la situer.
Justement, les médias s’accordent à dire que 2013 a marqué un tournant pour Marseille, qui accueille de plus en plus de touristes et de « Parisiens » qui s’installent. Quel est votre sentiment sur ces changements ?
Marseille est devenue une ville où l’on travaille, où l’on vit et où l’on peut accueillir. D’ailleurs, si l’on regarde une carte de Marseille, on voit qu’elle ouvre ses bras aux visiteurs. C’est une ville accueillante.
Pour 2013, effectivement cela a marqué un tournant. Moi, ça m’a touché personnellement. Quand j’étais petit, Jean-Claude Gaudin était mon professeur d’histoire, donc je le connais assez bien. J’ai assisté à son combat pour le label Marseille 2013 avec des arguments extrêmement forts qui ont fait que Marseille l’a emporté, et cela a été un coup d’accélérateur formidable pour la ville. Aujourd’hui, je ne sais pas combien de dizaines de milliers d’œuvres sont exposées en permanence à Marseille… Là, on peut aller voir Picasso au MuCEM, on peut aller à la Vieille Charité, etc. Et puis les richesses de Marseille sont infinies. Il suffit de regarder la mer, le paysage autour de nous pour s’apercevoir de la chance que nous avons.
Vous n’avez peur que tous ces changements lissent un peu le caractère de la ville, qu’elle ne devienne homogène ou semblable aux autres villes en France et en Europe ?
Je ne comprends pas cette peur qu’ont certains Marseillais que l’on accueille des touristes et des travailleurs parisiens. De tout temps Marseille a été une terre d’accueil. Mes copains d’enfance étaient Italiens, Tunisiens, Arméniens, Espagnols ou Portugais. Ça n’a jamais posé de problème, on ne s’est jamais demandé pourquoi.
C’est curieux quand même. Quand il y a eu ces fameux incidents (Ndlr : 2005, crise des banlieues), où la plupart des banlieues ont pris feu, il n’y a que chez nous que ça a été calme. Je pense que nous avons cette tradition d’hospitalité qui est notre force.
Visitez le Marseille deJean-Pierre Foucault dans son portrait chinois ici