Filiale du groupe aubagnais La Varappe, LVD Environnement emploie dans les centres de tri qu'elle exploite des personnes en insertion professionnelle. Un modèle qui s'avère être une force pour l'entreprise. Pour la plupart des habitants de la région marseillaise, les centres de tri sont simplement un lieu où l'on emmène ses encombrants. Mais pour certains, ils sont aussi un point de départ vers une nouvelle vie. C'est en tout cas la promesse de LVD Environnement qui exploite plusieurs déchetteries sur le territoire. Ce qui distingue cette société aubagnaise des autres acteurs du marché, c'est son engagement pour l'insertion. Chaque année, 50 personnes éloignées de l’emploi sont salariées au sein de ses équipes et accompagnées pour devenir des professionnels aguerris. Cette filiale du groupe La Varappe, acteur reconnu dans le domaine depuis 30 ans, est aujourd'hui la première entreprise d’insertion du secteur des déchets dans la région. Un profil qui a visiblement séduit la Métropole Aix-Marseille-Provence qui lui a confié la gestion de 13 centres de tri. Un accompagnement vers des formations La déchetterie de Rousset illustre parfaitement cette démarche mise en place par LVD Environnement. « Ici, tout le monde est en insertion, explique Frédéric Le Mort, responsable d'activité. Notre but, c'est d'aider les salariés à trouver leur vocation, mais il doivent faire preuve de motivation ». Pendant leur temps de travail, 35 heures par semaine, les agents s'assurent du bon fonctionnement du site et orientent les usagers vers les bennes de tri. Ensuite, sur leur temps libre, ils peaufinent leur avenir professionnel. « Au lieu de scroller sur les réseaux sociaux, je leur conseille de scroller pour se renseigner sur certains métiers », plaisante Nolwen Charton. La jeune femme est en charge de les accompagner pendant deux ans. « On fait un diagnostic. On identifie les freins. Si la personne n'a pas de permis de conduire, on va l'encourager à l'obtenir. On fait les choses dans l'ordre. Il y en a certains qu'il faut pousser, mais c'est gratifiant de les voir gagner en autonomie ». Une fois qu'une vocation se dessine, les personnes en insertion peuvent alors envisager un stage, tout en continuant d'être rémunéré par LVD Environnement. « Ce n'est pas simple, reconnaît Nolwen. Il faut se coordonner avec le chef d'équipe, mais c'est important qu'ils prennent du temps pour aller découvrir le métier qui les intéresse ». Yannis a trouvé sa vocation Sur le site de Rousset, Frédéric Le Mort félicite Yannis pour sa motivation et son engagement. L'agent a rejoint la déchetterie en octobre 2023 et arrive bientôt au bout de ses deux années d'accompagnement. Le secteur des déchets ne lui était pas inconnu puisqu'il avait déjà travaillé comme gardien d'un centre de tri auparavant. Mais aux côtés de l'entreprise aubagnaise, il s'est découvert une passion pour les poids lourds. « Au début, il était un peu hésitant par rapport à son parcours, se remémore Nolwen. Mais, de fil en aiguille, il s'est renseigné auprès d'un conducteur qui venait sur la déchetterie et il est parti en stage d'observation avec lui. On est en train de regarder les formations sur lesquelles il pourrait maintenant se positionner ». Le jeune homme, déjà à l'aise au volant d'un tractopelle, est comme un poisson dans l'eau quand il manie la pelle mécanique. Il confie vouloir « continuer à évoluer dans le secteur de l'environnement ». Pour lui, la prochaine étape, c'est d'obtenir le permis poids lourd. Un « service haut de gamme » Ce modèle d'accompagnement, LVD Environnement en fait une force. « On sait qu'au départ ça peut faire peur à certains clients, concède le directeur de l'entreprise. Mais on leur propose en réalité un service haut de gamme. Chez nous, les agents ne restent que deux ans, donc ils ont forcément une formation récente. Et on a une diversité de profils. Ce sont des gens qui arrivent avec un regard neuf ». En tant qu'entreprise d'insertion, la Varappe perçoit des subventions publiques. « Ça représente environ 8% de nos ressources et ça nous permet de financer tout le parcours d'insertion. En fait, ces fonds viennent compenser un surcoût, tient à préciser Benjamin Vives. D'autres gros acteurs peuvent faire également de l'insertion même si ce n'est pas leur coeur de métier. Ce n'est pas un marché réservé ». Pour se démarquer, il mise aussi sur « l'analyse de risque. Par exemple, si on détecte une plante rare à proximité d'un site, on prend les mesures nécessaires. On se doit d'être exemplaire ». Des déchetteries désormais dédiées aux particuliers « L'exemplarité passe également par la décarbonation, poursuit le directeur. On va basculer vers des engins et compacteurs électriques. Mais il faut qu'on accélère collectivement. L'avenir, c'est la réduction des déchets à la source. Ce n'est pas simple car on vit dans une société qui nous pousse à consommer. C'est pourquoi on a lancé un volet sensibilisation auquel on croit beaucoup, en lien avec les éco-gestes ». Sur les centres de tri qu'il a l'habitude de superviser, Frédéric Le Mort l'assure, « on est en pleine mutation, on nous demande de trier de plus en plus et les agents sont formés pour suivre les évolutions. Il y a une accélération dans le sud pour rattraper le retard ». Un grand bouleversement vient justement de secouer les déchetteries métropolitaines. Les règles et les conditions de fréquentation ont été unifiées sur tout le territoire le 1er juillet. Si elles sont désormais accessibles à l'ensemble des habitants, elles sont toutes réservées aux particuliers. Les professionnels sont invités à se tourner vers d'autres alternatives qui leur sont dédiées. Une évolution « logique » pour Benjamin Vives. « La taxe d'enlèvement des ordures ménagères, payée par les particuliers, n'est pas censée financer les déchets des professionnels. Il va sans doute falloir être vigilant les premiers temps sur les dépôts sauvages, mais c'est un système qui n'incitait pas à la responsabilisation et qui devait être éclairci ». C'est chose faite. Un poids en moins pour les déchetteries publiques.