François Bayrou a lancé la conférence nationale « Ambition France Transports » à Marseille. Objectif : repenser le financement de la mobilité pour la développer et la décarboner. Une équation complexe alors qu’il souhaite réduire les dépenses publiques.
C’est un sujet très national que le Premier ministre François Bayrou a décidé de lancer à Marseille, ce lundi 5 mai, au nouveau pôle d’échange multimodal de Sainte-Marguerite. Avec le ministre dédié aux Transports, Philippe Tabarot, il a officiellement ouvert la grande conférence nationale : « Ambition France Transports ».
Durant dix semaines, des élus, des professionnels du secteur, des experts, des usagers et des associations plancheront sur la question du financement d’un plan d’ici 2040, visant à développer et verdir la mobilité. Le secteur, qui émet 34% des gaz à effet de serre de la France, « a pris du retard sur la décarbonation par rapport à d’autres, comme l’industrie », glisse le cabinet du ministre.
D’autant que les hydrocarbures représentent « près de la moitié de notre déficit commercial », selon François Bayrou. « Nous dégradons notre environnement, nous perdons de notre richesse », synthétise le chef du gouvernement. Il attend donc de cette conférence des idées pour investir massivement dans les transports décarbonés. Avec des besoins estimés à des dizaines de milliards d’euros d’ici 2030.

Résoudre une équation financière difficile
« Or notre modèle de financement des infrastructures ne permet plus d’atteindre ces objectifs », estime le Premier ministre. Et de poser ainsi une équation qui s’annonce compliquée à résoudre pour les participants : accélérer le développement d’une mobilité durable, tout en faisant des économies drastiques dans les dépenses publiques. Il vise 40 milliards d’euros de réduction du déficit national cette année, et encore davantage les suivantes.
Son cabinet affirme donc que les participants à la conférence nationale sur les transports devront composer avec « des lignes rouges, des contraintes de financement. Un rétablissement des comptes publics à prendre en compte ».
Les concessions des autoroutes au cœur des débats
Parmi les sujets qui devraient animer les débats : le modèle des concessions autoroutières au privé, qui arrivent à échéance entre 2031 et 2036. Les péages représentent 12 milliards de chiffre d’affaires par an environ. Il s’agira de « redéfinir les flux financiers ». « 4 milliards viennent des camions, 8 milliards des voitures, à l’avenir, ce n’est pas comme ça que ça va se passer », lâche François Bayrou.
Ce rééquilibrage pourrait notamment passer par l’écotaxe des poids lourds, qui devrait aussi faire partie des discussions. Abandonnée en 2013 après de vives oppositions, certains estiment qu’elle rapporterait six milliards par an.
La conférence doit aboutir à un rapport que le Premier ministre attend sur son bureau « fin juillet » pour définir quelques grands scénarios financiers. Et pourquoi pas intégrer les grandes trajectoires dès le projet de loi de finances 2026.
De la route au rail, la mobilité passée au crible économique
Le premier atelier portera sur le financement des autorités organisatrices de mobilité, comme, localement, la Région pour les TER, ou la Métropole pour les bus, tramways, métros… Avec, entre les deux, les fameux RER métropolitains, ou Services express régionaux métropolitains (SERM), prévus par le président de la République, dont le développement reste à préciser.
Le second atelier concernera les routes de l’Hexagone, qu’il s’agit d’entretenir alors que leur état se dégrade. Le réseau ferroviaire, qui nécessite également un entretien important et coûteux, sera au centre des débats d’un troisième atelier. Il faudra prendre en compte l’ouverture à la concurrence des lignes de train, alors que les compagnies privées ou étrangères sont chaque année plus nombreuses sur les rails français.
Enfin, il sera question de transport de marchandises. Sur terre, sur mer et dans les airs, l’immense majorité du fret circule de manière carbonée, exceptés les trains. La question, par exemple, des camions électriques ou à hydrogène, sera sur la table. Vaste programme pour les 10 prochaines semaines.