Installé sur l’ancien siège de Ricard à Sainte-Marthe depuis 2021, le tiers-lieu de l’innovation éducative va transformer l’usine du groupe en campus de formation. La Factory de l’Épopée devrait ouvrir fin 2026.
À Sainte-Marthe, l’ancienne usine Ricard de la rue Berthelot (14e) a vu naître la toute première bouteille de la célèbre boisson anisée. Arrêté depuis plus de 30 ans, cet outil de production a servi de bureaux avant d’être définitivement fermé en 2021.
Le groupe Ricard a cédé son siège, sa buvette Le Cercle, et son usine cette même année au groupe l’Épopée, gestionnaire du tiers-lieu d’innovation éducative éponyme.
Son fondateur Laurent Choukroun s’y est instantanément projeté. Il voyait déjà les 4200 m2 de friche transformés en un projet symbolique d’éducation inclusive dans le nord de Marseille.
Mais les gros travaux de dépollution, et la technique nécessaire pour rénover un tel bâtiment, ont demandé du temps pour réunir une enveloppe budgétaire bien fournie. Le projet de la Factory a donc avancé pas à pas, sans faire de bruit.

Un nouveau bâtiment de l’Épopée signé Corinne Vezzoni
« Il a fallu deux ans pour concevoir le projet », note l’entrepreneur social. Le projet a levé 16 millions d’euros dont 6,5 millions d’euros de la Banque des territoires et 1,25 million d’euros de la Société générale. L’Épopée a également obtenu 1,5 million du fonds friche de l’État pour dépolluer l’usine.
Pour repenser le lieu, l’Épopée a fait appel au promoteur Redman et l’architecte marseillaise Corinne Vezzoni, deux habitués de la rénovation de friches industrielles. Ils ont imaginés un long couloir, construit comme « une artère » de la Factory, où pourront se croiser les étudiants, professeurs et professionnels.
À l’extérieur, la cour doit être aménagée avec une buvette dans cette même idée de créer des espaces communs conviviaux. « Nous voulons provoquer des rencontres possibles entre les étudiants et les personnes en insertion », assure Corinne Vezzoni.
De la petite enfance à l’insertion : un large panel éducatif
Trouver les locataires s’est fait naturellement. Au deuxième étage s’installeront des équipes de l’Épopée dédiées à l’innovation éducative. En particulier dans l’éducation de zéro à 3 ans.
En descendant au premier étage, le groupe d’insertion aubagnais La Varappe a réservé un plateau de 1200 m2 pour se développer à Marseille. « La première personne que j’ai appelée, c’est Laurent Laïk [le fondateur de la Varappe], confie Laurent Choukroun. Il m’a immédiatement dit oui ! ».
La Marseille Business School (MBS), actuelle locataire du tiers-lieu en face, a également mis le grappin sur 1400 m2 au rez-de-chaussée pour installer 12 classes. Certains de ses 250 étudiants travaillent déjà directement à l’Épopée ou avec des entreprises hébergées.
Ouverture prévue en décembre 2026
Les futurs occupants devraient déménager fin 2026 après un an et demi de travaux. À présent, la phase de désamiantage est terminée. Et la pause officielle de la première pierre est prévue autour de mi-juin 2025.
Il se pourrait que les lettres Ricard inscrites sur le squelette du bâtiment disparaissent. Non pas pour éluder le passé industriel du site. Mais pour tourner une page du quartier de Sainte-Marthe qui rajeunit depuis l’arrivée de l’Epopée, comme en témoigne le patron de Anatolya Kebab, installé depuis 2015.
Certains vestiges resteront néanmoins pour rendre hommage au passé du fleuron marseillais et « conserver l’âme du lieu » partage l’architecte. Comme le mélangeur en inox, qui sera exposé en véritable œuvre d’art. Mais Laurent Choukroun insiste : « Son histoire c’est Ricard, son destin c’est l’Épopée ».