Dans le quartier des Crottes, le futur collège Loyola va ouvrir pour la rentrée scolaire de 2025. Deux classes de sixième inaugureront cet établissement jésuite « innovant ».
Le futur directeur du collège Loyola, le jésuite Aimé Yoh, fait une visite de chantier cinq mois avant l’ouverture de son établissement. Les fils pendent encore du plafond, les scotches encadrent les fenêtres, et les tableaux ne sont pas fixés. Mais l’enseignant de mathématiques l’assure : « tout sera prêt pour la rentrée scolaire ».
En septembre, les 50 premiers élèves rentreront en classe de sixième avant que le collège accueille progressivement ses 480 élèves d’ici 2032. Ce qui reste « un collège de taille familiale », notent Anna et Xavier, les parents d’Élie, séduits par ce cadre intimiste.
Ismaël Cousin, directeur de l’association Action Bomaye qui agit pour l’éducation dans les quartiers nord, a choisi cet établissement pour sa pédagogie de la liberté et tournée vers les autres. « Il veut pousser l’enfant à mieux se connaître soi-même » et à « coopérer avec ses camarades », précise le futur parent d’élève.
Un bâtiment « innovant »
Des « maisonnées » seront ainsi constituées par les professeurs. Ces groupes de 4 à 8 élèves pourront créer leur propre blason comme dans Harry Potter.
Dans cette même veine, chacune des 14 classes disposera de deux salles attenantes pour séparer les jeunes en sous-groupes. Ils pourront travailler leurs compétences pour « révéler leurs talents », souligne Marie-Pierre Chabartier, directrice de l’École de Provence. « On peut dire que c’est innovant », ajoute en souriant Aimé Yoh.
Le bâtiment de 4 500 m2 sera aménagé de sorte à faire circuler les élèves et les professeurs selon des pôles. Les sciences seront regroupées avec des laboratoires de SVT, technologie et physique-chimie, comme les arts avec la salle de danse, de chant, et le CDI.
Sur le toit, un city stade réservé aux collégiens, aura vue sur les bateaux Corsica Linea amarrés en face. La tour CMA CGM à gauche et le futur campus de l’école numérique de La plateforme à droite.
Le collège Loyola veut favoriser la mixité sociale et culturelle
Au rez-de-chaussée, le bâtiment prévoit un espace pour accueillir des associations afin de créer une mixité d’acteurs sociaux et culturels. Chers Voisins, du quartier des Fabriques, se disent intéressés, comme l’association culturelle Jeanne Barret. Les locataires prendront place à côté d’un réfectoire lumineux et d’un grand auditorium.
Si les jésuites veulent promouvoir l’excellence, ils misent aussi sur une mixité sociale entre les élèves dans ce quartier d’arrière-port en totale reconstruction. « L’excellence ne veut pas dire élitisme », défend Alexandre Fassi, nouveau responsable de la fondation Massilia.
Le collège Loyola vise donc à intégrer 40% d’enfants boursiers. Selon le directeur, les 40 premiers inscrits viennent majoritairement des 15e, 2e et 3e arrondissements, à proximité. Même si quelques familles vivent à l’Estaque, voire Ensuès-la-Redonne.
Mais l’enseignement sera bien privé et jésuite, avec une possibilité de suivre des cours de catéchisme. Les parents devront s’acquitter de 55 euros par mois (tranche basse) jusqu’à 110 euros par mois (tranche haute). À ces frais s’ajouteront les 7 euros de cantine/jour car la restauration n’est pas subventionnée comme dans le public.
90% de financements privés
Le Département des Bouches-du-Rhône a néanmoins financé 10% du projet chiffré à 19,5 millions comme l’autorise la loi Falloux. « Les 90% restants viennent du privé », reprend Alexandre Fassi. Parmi eux, on retrouve l’École de Provence et la fondation jésuite de Montcheuil.
Plusieurs entreprises et particuliers mécènes ont aussi mis la main au pot. « Tout mon rôle va être d’intégrer cette école dans ce quartier », rappelle Alexandre Fassi. L’ancien directeur du réseau d’entreprises du nord de Marseille Marséa vante la future arrivée du tramway et les projets de logements attenants.
Pour y parvenir, les architectes Dosse ont volontairement fait en sorte d’ouvrir le bâtiment « en L » tourné vers le quartier des Crottes et dos à la mer pour se protéger du vent.
