Pour accélérer l’examen de la proposition de loi anti fast fashion au Sénat, votée par l’Assemblée nationale en mars 2024, les acteurs du monde économique local montent au créneau. Ils signent une déclaration commune pour faire pression sur les élus.

Une semaine après l’interpellation d’Emmanuel Macron pour dénoncer le recrutement de Christophe Castaner chez Shein, Jocelyn Meire monte au créneau. Le président du syndicat Mode in Sud, aujourd’hui fervent défenseur du made in France, tape du poing sur la table pour « que la loi anti fast fashion avance ! »

Ce texte, voté à l’unanimité par les députés en mars 2024, devait être étudié au Sénat le 26 mars prochain, comme le partageait sur LinkedIn la directrice générale du label Emmaüs. Mais « cette foutue loi n’est toujours pas programmée au Sénat », s’étouffe Jocelyn Meire.

Le tissu économique local s’est alors mis en ordre de marche. Devant les machines à coudre de la Fask Academy, l’entrepreneur et les élus consulaires présentent une déclaration commune. Parmi eux, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress Paca), la chambre de commerce et d’industrie (CCIAMP) mais aussi celle des petites et moyennes entreprises (CPME 13) et Marseille Centre.

anti fast fashion, Le monde économique local se soulève pour « que la loi anti fast-fashion avance ! », Made in Marseille
De la Cress à la CCIAMP. Les signataires de la déclaration commune anti loi fast fashion.

Une déclaration commune anti fast fashion

Dans ce texte, les neuf signataires reviennent sur la récente fermeture des Galeries Lafayette à Marseille. Une des conséquences, selon eux, du succès des plateformes digitales d’ultra fast fashion comme Shein. « Ils produisent quatre milliards de vêtements par an et revendiquent 5% d’invendus. Ce qui fait 200 millions de vêtements », enrage Jocelyn Meire.

Ainsi, cette législation en attente, vise à interdire la destruction des stocks invendus afin qu’ils soient recyclés ou revendus. Mais aussi de mettre un malus sur les produits non respectueux des normes sociétales et environnementales. « Ce n’est pas mettre une TVA pour les pauvres. C’est faux de dire ça. C’est de la démagogie », souffle le président, en étrillant l’argumentaire de Christophe Castaner.

Autre grande ligne de la loi anti fast fashion : améliorer la traçabilité des vêtements. Ce texte souhaite ainsi rendre obligatoire un éco score sur l’étiquette pour mettre en avant l’impact environnemental des produits, sur le modèle d’un nutri-score dans les supermarchés. La start-up marseillaise Clear Fashion développe notamment ce type d’étiquettes depuis plusieurs années.

« Manque de courage politique »

Si les signataires concèdent un « bordel » politique, ils mettent en avant des incohérences. Notamment celle de vouloir réindustrialiser le pays, avec des usines de production de panneaux photovoltaïques comme Carbon par exemple, sans prendre position contre les géants de l’industrie textile.

« Il y a un manque de courage politique », assume fermement Denis Philippe, président de la Cress Paca. Autant de la part des élus nationaux que des élus locaux. « Tous ceux que je croise me disent c’est super ce que vous faites. Ils me tapent sur l’épaule. Mais est-ce qu’il y a eu des prises de paroles sur ce sujet ? Zéro. », ajoute Jocelyn Meire.

Sylvie Plunian, élue de la CCI et fondatrice de Catova, spécialiste du vêtement professionnel, rappelle aussi le contexte d’une « France qui n’a plus d’industrie textile ni de savoir-faire ». Malgré les efforts de formateurs comme Fask Academy, dont sortent diplômés une quarantaine d’élèves en région. « Il faudrait en former 500 », pointe l’experte. La France a du fil à retordre pour reconstruire sa filière.

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