Abandonnée en 2023, l’ancienne école d’architecture de Luminy a retrouvé une vie culturelle. Visite avec le directeur Raphaël Imbert. Il ambitionne d’y créer « le grand campus artistique du Sud de la France », tourné vers la musique et le cinéma.

Il y a tout juste un an, visite ressemblait à ces vidéos « urbex » où des curieux explorent des sites abandonnés. La même atmosphère étrange régnait à Luminy, alors que la moitié du campus des « Écoles supérieures des Beaux-Arts et d’architecture » était devenue fantôme. Entre deux grincements de porte, les 7 000 m2 de salles de classes, bureaux, amphithéâtres déserts et grands ateliers vides sonnaient creux.

Il faut dire qu’un millier d’étudiants en architecture venaient de déserter ce complexe étonnant du massif des calanques, témoin du modernisme des années 1960, conçu par René Egger et labellisé Patrimoine du 20e siècle. Ils avaient rejoint le flambant neuf Institut méditerranéen de la ville et des territoires (IMVT) inauguré à la Porte d’Aix.

En laissant seuls quelque 500 étudiants des Beaux-Arts, voisins d’un campus abandonné. C’était sans compter l’énergie de Raphaël Imbert. Accessoirement virtuose du saxophone, le marseillais est devenu directeur de l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille Méditerranée (INSEAMM), qui englobe les Beaux-Arts et le conservatoire de la ville.

À l’époque, le nouveau maître des lieux fourmillait d’idées pour redonner vie au site. Un an plus tard, ce mercredi de janvier 2025, ce sont les couloirs de l’ancienne école d’architecture qui fourmillent de vie.

Musique, cinéma, arts-plastiques…

Des minots courent à droite, à gauche. Flûte, piano, violon, des notes parfois justes, parfois fausses, résonnent un peu partout. « On accueille la Cité de la musique de Marseille. Car le site de la Magalone est en restauration », explique Raphaël Imbert. « C’est un peu plus loin mais l’endroit est magnifique. Et il y a un amphithéâtre où mon petit-fils a pu faire son spectacle », témoigne une mamie.

Alors que la visite se poursuit dans d’immenses salles, nous y trouvons une soixantaine de jeunes en pleine activité. Musique à fond, certains font du sport, d’autres planchent sur des projets cinéma, danse, théâtre, chant…   « Ils sont en grande difficulté sociale ou scolaire », raconte le saxophoniste. Il a décidé d’héberger cette structure : Sup de Sub. Une « école supérieure de quartier » qui mise sur « une pédagogie des arts » innovante pour la réinsertion.

Plus loin, trois ateliers accueillent « le réseau Peinture, un dispositif national qui fait travailler des artistes plasticiens comme des designers. C’est de la recherche artistique », résume Raphaël Imbert. Avant de nous ramener dans le bâtiment principal où les dizaines de bureaux sont désormais occupés par les services de l’INSEAMM.

ancienne école d'architecture, En images | À Luminy, la nouvelle vie artistique de l’ancienne école d’architecture, Made in Marseille
Sup de Sub a investi cet espace de l’ancienne école d’architecture

Dans le viseur : un grand studio d’enregistrement de musique de films

Et ils comptent de nouveaux colocataires : l’équipe du Festival International Music et Cinema. Ce dernier avait atterri à Marseille après des difficultés avec la commune d’Aubagne. « Dans ce site extraordinaire, on se sent respectés. Ce qui est essentiel, et rare, pour un projet culturel » se réjouit la directrice du festival, Gaëlle Rodeville.

« Ça va devenir une place et un carrefour culturel essentiels, j’en suis sûre », prophétise-t-elle. Il faut dire que son domaine, la musique et le cinéma, est au cœur du projet que Raphaël Imbert est en train de porter. « Il s’agit de créer ici le grand campus artistique du Sud de la France », raconte le directeur.

Si ce projet a vocation à être « pluridisciplinaire, pour créer des passerelles entre les différents champs artistiques, il y voit toutefois un futur haut-lieu de création musicale pour le cinéma. Marseille envisage de devenir un pôle national du septième art, mais il n’y a pas de studio capable d’enregistrer un orchestre dans toute la région », note le musicien.

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Raphaël Imbert envisage de transformer cet espace en studio d’enregistrement

Un groupement d’intérêt public en création pour porter le projet

« Nous ne sommes qu’à la première phase de réinvestissement du site, explique-t-il. Nous travaillons avec la Ville de Marseille (propriétaire du site, ndlr), le ministère de la Culture, des partenaires artistiques, d’autres privés, pour créer dès 2025 un Groupement d’intérêt public (GIP) qui portera ce projet ».

Une fois la structure créée, et les financements débloqués, le chantier pourra débuter d’ici 2026. Pour transformer l’ancienne école d’architecture en épicentre de création artistique dans les calanques marseillaises.

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Le site voisin des Beaux-Arts
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