L’association Règles élémentaires, qui lutte contre la précarité menstruelle, débarque à Marseille. Elle organise des collectes de protections périodiques, mais tient surtout à informer les jeunes, les parents et les professionnels sur ce sujet encore « tabou ».

C’est lors d’une maraude en 2015, au cours de son échange universitaire en Angleterre, que Tara Heuzé-Sarmini prend conscience des besoins en protections périodiques des personnes à la rue. À son retour dans l’Hexagone, la jeune femme décide donc de développer une plateforme pour permettre aux associations d’organiser des collectes.

Fondée à Paris, l’association Règles élémentaires s’exporte rapidement en région. Et pour cause, sur le territoire français : quatre millions de femmes sont victimes de précarité menstruelle selon leurs chiffres. En 10 ans d’existence, 21 millions de protections périodiques ont été collectées et redistribuées via cette plateforme.

L’antenne marseillaise a néanmoins vu tardivement le jour, en juillet dernier. Pourtant, les besoins sont considérables. La structure coordonne 80 associations dans le Sud-Est, de la Croix-Rouge au Samu social. Elle fournit aussi les universités où la précarité sanitaire étudiante sévit, particulièrement depuis le Covid comme l’alerte Éric Berton, président d’Aix-Marseille Université.

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L’équipe de Règles élémentaires.

Balayer les idées reçues sur les règles

Mais la portée de l’association va au-delà des collectes. « Nous sensibilisons les publics pour leur donner des informations justes sur les règles (…) car certains parents n’abordent jamais ce sujet encore tabou aujourd’hui. Ça peut être traumatisant pour une petite fille, la première fois, si on ne sait pas ce que c’est », affirme Florence Lepine, responsable de l’antenne marseillaise.

Règles élémentaires intervient donc dès le primaire, en CM1, à l’âge où peuvent survenir les premières menstruations. L’idée est d’informer sur la transformation du corps, le chamboulement des hormones, les syndromes prémenstruels… Mais aussi de déconstruire certains clichés. « Que les règles c’est sale ou que ça sent mauvais », image-t-elle.

Pour toucher le plus grand nombre, l’association a ainsi créé Parlons règles. Une plateforme d’échanges et d’informations à trois entrées : pour les jeunes, les parents et les relais éducatifs.

Nourrir le plaidoyer sur le congé menstruel

Le monde professionnel, du médico-social et aux entreprises privées, n’échappe pas au besoin de formations sur les menstruations. Avec eux, les formatrices abordent ce qu’impliquent les règles douloureuses dans le travail et l’endométriose* qui touche une femme sur dix selon EndoFrance.

Règles élémentaires rédige aussi des plaidoyers et prend position dans le débat sociétal. L’association a notamment été consultée pour l’élaboration de la proposition de loi sur l’arrêt menstruel, portée par les écologistes début 2024.

Les élus souhaitaient mettre en place, entre autres, un congé allant jusqu’à 13 jours par an en cas de règles douloureuses. Mais la proposition a été rejetée fin mars dernier, puis avalée par la dissolution de l’Assemblée nationale. Peut-on s’attendre, de nouveau, à voir émerger ce texte ?


*L’endométriose se définit comme la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine, en dehors de l’utérus. Cette maladie est responsable de douleurs pelviennes, parfois particulièrement invalidantes. Dans certains cas, l’endométriose est aussi responsable d’infertilité.

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