La Ville de Marseille a facilité l’implantation d’une école maternelle associative, laïque et bilingue en provençal rue de Ruffi. Elle devrait déménager dans le quartier de la Rose dès l’année prochaine.
« Un peuple qui perd sa langue, perd son âme », aime dire Christian Bosq, adjoint municipal délégué à la culture provençale. L’élu marseillais est heureux d’annoncer l’ouverture dès le 4 novembre de la première école maternelle associative, laïque et bilingue provençale au 92 rue Ruffi à Marseille (3e).
Cette année est expérimentale. Une première classe d’une petite dizaine de minots, âgés de 2 ans et demi à 6 ans, pourront apprendre le provençal comme le français avec la méthode Freinet, une pédagogie participative de l’enfant, qui utilise notamment des jeux et des chants.
Baptisée Calandreta dei gabians, l’école bilingue s’installe dans le bâtiment vieillissant Ruffi, dont les élèves ont été transférés en 2021 dans une école flambant neuve un peu plus au nord, à côté de la tour CMA CGM. Mais la structure va déménager en 2025 dans l’enceinte du collège rénové Jean Giono à La Rose (13e).
Une école du réseau Calandreta
Quand Christian Bosq a pris ses fonctions en 2020, il a constaté que sept écoles publiques proposaient deux heures d’apprentissage du provençal. Mais qu’il n’existait « aucune école bilingue ».
La Ville s’est donc appuyée sur un réseau associatif Calandreta expérimenté, fort de 40 ans d’expérience, qui compte 70 écoles dans le Sud-Ouest, dont une à Gap et à Orange. Ces écoles privées sont sous contrat avec l’État, c’est-à-dire que l’Éducation nationale valide l’enseignement dispensé. Elles reçoivent également des aides publiques.
De quoi irriter le Collectif des écoles de Marseille, qui déplore sur les réseaux sociaux ce soutien, notamment municipal, pour un projet qui ne concernera qu’une poignée d’élèves du privé. Il estime que la stratégie scolaire publique, soit « le Projet Éducatif du Territoire (PEDT) de la ville, aurait du prévoir la culture provençale ».
De son côté, avec ce projet, Christian Bosq entend répondre à l’urgence de préserver ce patrimoine linguistique, outil de compréhension de l’histoire de la ville, comme « les Aygalades qui veut dire le ruisseau qui coule en provençal ». Sinon, dans 10 ans, « seuls 0,03% des Marseillais parleront le provençal », s’alarme l’élu de 68 ans, « frustré » que ses grands-parents ne lui aient pas eux-mêmes transmis cet héritage.