À quelques jours de la présentation du « plan piscines » de la Ville de Marseille pour l’apprentissage de la nage, l’opposition de droite jette un pavé dans la mare sur les projets de constructions et rénovations.
« Absence de papier toilette, saletés, vestiaires cassés… ». Devant le Mucem, Pierre Robin (LR), conseiller municipal d’opposition de Marseille, restitue des commentaires Facebook concernant la piscine Vallier (4e). Le sujet du jour : les piscines de Marseille. Le représentant du groupe Une Volonté pour Marseille pointe ainsi « un quotidien des usagers détérioré ».
Ce dernier relève également que quatre des 15 piscines municipales (voir la liste) vont être vidangées pendant la période estivale, donc fermées. En y ajoutant les bassins consacrés aux sessions d’apprentissage à la nage des minots « qui empêchent une ouverture au grand public », « seulement six piscines seront ouvertes cet été », affirme l’élu.
Le point piscines est aussi l’occasion pour le groupe de revenir sur des projets promis par le Printemps marseillais. À commencer par celui de la piscine du Mucem, tombé à l’eau, comme nous nous en étions fait l’écho. Même si la Ville n’a pas encore confirmé un abandon définitif, le cadre de la fonction publique réaffirme d’emblée que ce projet « irréaliste » de la municipalité « ne verra jamais le jour ».
Réallouer du budget pour les rénovations
Pour la droite locale, le budget de 6,5 millions d’euros consacré à ce projet pourrait désormais « être réalloué afin de rénover les piscines existantes », à commencer par celle de Bombardière (12e), basée dans le secteur du maire Sylvain Souvestre (LR). « En 2020, 800 000 euros de travaux avaient été provisionnés sous l’ancienne mandature pour réaliser ces travaux de rénovation. Après le changement de majorité, rien n’a été fait et aujourd’hui les travaux sont estimés à deux millions d’euros. Ça fait trois ans que Sylvain Souvestre se bat pour que ces travaux soient faits », revendique Pierre Robin.
Le maire (LR) des 11-12e persiste et signe, insistant sur la dangerosité du site « à l’abandon. L’été dernier, des jeunes se sont introduits sur les lieux, ont rempli la piscine en partie avec un tuyau et se sont amusés à sauter dans le bassin et s’y baigner… »
L’adjoint aux Finances de Marseille, Joël Canicave (PS) contrecarre ces affirmations, en assurant que la Ville a bien programmé quatre rénovations de piscines inscrites dans son plan pluriannuel d’investissement (PPI) de 2024-2029, dont celle de Bombardière. Les trois autres étant : La Castellane (15e), Frais Vallon (13e) et René Magnac (8e), une piscine autrefois gérée en délégation de service public (DSP), récemment revenue dans le giron municipal.
Pour l’élu du Printemps Marseillais, des frais d’entretiens sont également compris dans le budget de la Ville « avec un focus sur Vallier ».
Ainsi, le montant total des quatre rénovations de piscines et des trois piscines construites en propre (Bougainville, Nord, Luminy) est de 95 millions d’euros, assure Joël Canicave, dont la majorité sera fléchée sur les deux complexes aqualudiques des piscines Nord et Luminy (76 millions d’euros).
Des garanties pour les piscines Nord et Luminy
L’élu d’opposition revient également sur ces deux futurs complexes portés par la Ville. Ces équipements publics, abandonnés depuis plus de 10 ans, vont être portés avec un investisseur privé dans le cadre d’une société d’économie mixte à opération unique (SEMOP) pour partager le risque de l’opération financière.
Mais la droite critique une nouvelle fois ce modèle économique qu’elle qualifie de « pire que les PPP (partenariat public-privé) » car « on ne transfère pas le risque à l’entreprise privée, on garde le risque en fonction des parts de chacun ».
Le document de préfiguration de la société, que nous avons consulté, indique que « la Ville restera actionnaire majoritaire à 66% », contre 34% pour le partenaire privé pour une concession de 23 ans, à partir de la date de livraison fixée en 2027.
Au nom du groupe, Pierre Robin demande un calendrier exact, ainsi que « des études qui nous rassurent que c’était le bon choix », rappelant au passage, la « main tendue » de Martine Vassal faite en mars dernier pour verser une aide à Marseille de 200 millions d’euros, dont 25 millions pour une piscine.
La Ville a terminé la consultation des entreprises le 25 mars sur la Semop, et publié, le 29 mai, un appel à maîtrise d’ouvrage.
Renforcement du « plan piscines » cet été
L’adjoint au Sport de Marseille, Sébastien Jibrayel, affirme, pour sa part, un renforcement du « plan piscines » dédié à l’apprentissage de la nage. Des créneaux seront instaurés dans cinq à six piscines cet été.
Les annonces devraient intervenir mi-juin pour continuer à résorber le chiffre sans appel estimé en 2021 d’un petit Marseillais sur deux qui ne sait pas nager avant son entrée en classe de sixième.
L’adjoint rappelle que ce dispositif « a permis à 3500 enfants d’apprendre à nager en 2023 ».