À Marseille, les « Maisons pour tous » vont (re)devenir des centres sociaux. Réunies, les 60 structures sociales vont bénéficier d’une enveloppe supplémentaire pour pérenniser les recrutements et réaliser des projets innovants.

À Marseille, les 26 « Maisons pour tous » (MPT) s’apprêtent à perdre leur agrément pour devenir des centres sociaux. La municipalité met un terme aux délégations de service public (DSP) de ces établissements dont les contrats s’achèvent ce 31 mai, hormis celui du Vallon des Tuves – Savine qui prendra fin en octobre 2025.

« La DSP était injuste. On arrête de mettre les acteurs du social en concurrence, assure Ahmed Heddadi, adjoint aux centres sociaux de Marseille. Je suis contre la marchandisation du social ».

Sur ces 27 structures, 24 possédaient déjà l’agrément de centre social délivré par la Caisse d’allocations familiales (CAF). Début juin, elles intégreront ainsi la nouvelle convention cadre des centres sociaux 2024-2027 qui lie l’État, la CAF 13, le Département des Bouches-du-Rhône, et les communes. Ce document leur permet d’obtenir des financements pour leurs projets sociaux adaptés aux besoins du quartier.

En revanche, les trois structures dépourvues de cet agrément devront « solliciter des subventions auprès de la Ville sur la base de leur projet associatif, comme toute autre association marseillaise », nous affirme-t-on du côté de la mairie.

Harmoniser le mode de gestion

Abandonner le statut de « Maison pour tous » doit, selon la municipalité, permettre « d’harmoniser le mode de gestion de l’ensemble des équipements sociaux Marseillais, mais aussi de pérenniser leur action sur leur territoire au bénéfice des usagers ».

L’union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône (UCS 13), qui représente 21 structures autonomes (gérées par une association indépendante) à Marseille et 30 hors-Marseille, salue cette décision municipale. « C’est un message fort », souligne Joseph Richard-Cochet, le délégué départemental.

Les 40 autres centres sociaux sont gérés par la ligue de l’enseignement 13, Synergie Family, la fédération Léo-Lagrange, le centre de culture ouvrière (CCO) ou l’institut de formation, d’animation et de conseil (l’Ifrac). Chaque association en détient entre 5 et 10.

Plus de référents dans les centres sociaux

La responsable d’une Maison pour tous, qui préfère conserver l’anonymat, explique que ce changement « n’est ni positif, ni négatif » puisque « la Ville diminue ses financements mais compense sur les postes ».

Elle fait allusion aux postes de référents famille et jeunesse que doit financer la municipalité avec le budget de 1,5 million d’euros voté en mai dernier. L’enveloppe doit ainsi permettre de pérenniser les postes de référents famille et jeunesse à Marseille, « deux postes essentiels pour animer un établissement social de proximité », estime Joseph Richard-Cochet.

À ce jour, la CAF 13 finance 50% de ces emplois. Mais auparavant, les référents devaient trouver eux-mêmes l’autre moitié du financement sur leur temps de travail. L’adjoint marseillais, Ahmed Heddadi, s’engage donc à « abonder cette autre moitié pour que les référents se concentrent sur le terrain ».

La Ville attribuera par ailleurs une partie de cette enveloppe annuelle pour des appels à projets, auxquels les 60 centres sociaux pourront répondre. « On sera sensible aux projets innovants. Il faut surprendre les gens », glisse Ahmed Heddadi.

centres sociaux, Avec l’abandon des Maisons pour tous, les centres sociaux marseillais se renforcent, Made in Marseille
Portrait de Ahmed Heddadi © Narjasse Kerboua

Une convention cadre « encore insuffisante »

Joseph Richard-Cochet salue l’effort financier de la commune de Marseille. « C’est une belle avancée pour les centres sociaux marseillais, qui vont pouvoir compter sur 60 000 euros de budget supplémentaire », souligne ce dernier. Cette augmentation provient également de la CAF 13 (+8%) et du Département des Bouches-du-Rhône (+10%).

Pour autant, le représentant de l’UCS 13 n’a pas ratifié la nouvelle convention cadre des centres sociaux de 2024-2027, « encore insuffisante au regard de la réalité sociale et de l’inflation ». Pour lui, chaque établissement du département nécessite un budget de 120 000 euros supplémentaires. « Nous sommes loin du compte », regrette le représentant qui pointe d’autres structures comme Vitrolles et Miramas, « bien moins loties que Marseille ».

Dans ce document, Joseph Richard-Cochet s’attendait à voir apparaître une mention de simplification administrative. « Mais rien ». Aujourd’hui, « un directeur de centre social passe sa vie devant un ordinateur pour remplir 60 dossiers de financement chaque année au lieu de se consacrer à ce qu’il aime faire, s’occuper des gens ». Malgré des avancées, il reste donc du chemin à parcourir.

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