Au lendemain de la fermeture du Salon de l’Agriculture qui s’est tenu à Paris, Made in Marseille s’est penché sur les difficultés rencontrées par les agriculteurs de la région Provence Alpes Côte d’Azur et les priorités d’action du nouveau Président de région, Christian Estrosi.
Hier, le Salon de l’Agriculture s’est achevé Porte de Versailles après neuf jours d’exposition. Une édition 2016 qui aura été marquée par la colère de nombreux agriculteurs issus de toute la France face à la crise agricole qu’ils traversent.
Les agriculteurs de la région Paca ne sont pas exemptés de cette période difficile. Car toutes les productions qui sont cultivées en France le sont en Paca. La région est l’une des premières en termes de production de fruits et légumes, d’ovins, de miel ou encore d’huile d’olive et se retrouve donc touchée dès qu’un secteur est en situation difficile.
Après les difficultés pour le marché de la pomme en 2014 suite à la décision de la Russie d’interdire l’importation de produits européens, c’est le marché de la salade qui a connu une crise cette année et qui a affecté les agriculteurs de la région. Mais les producteurs de fruits et légumes ne sont pas les seuls à souffrir.
« On a aussi des soucis par rapport aux producteurs de riz qui ne bénéficient plus de certaines aides contrairement à d’autres pays d’Europe et également en élevage, comme les autres régions de France. Toutefois, nous avons la chance d’avoir beaucoup de produits AOP (Appellation d’Origine Protégée) et de produits de qualité. C’est un plus pour vendre nos produits », nousexplique Claude Rossignol, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture Paca.
Face aux problèmes rencontrés par les producteurs de la région, Christian Estrosi s’était engagé, lors de sa campagne à la présidence de la région Paca, de mettre en place certaines mesures pour aider les agriculteurs provençaux. Aujourd’hui élu, ses principales priorités restent les mêmes : l’approvisionnement des lycées auprès des agriculteurs locaux, la création de 200 drives agricoles et la modernisation de l’agriculture avec l’aide du numérique.
Les lycéens mangeront bientôt local à la cantine
Si les cantines des écoles primaires et des collèges sont gérées respectivement par la Ville et par le Département, celles des lycées dépendent elles des compétences de la Région. Chaque année en Paca, 11 millions de repas sont ainsi servis aux élèves de seconde, première et terminale. 30 millions d’euros sont consacrés à l’achat des denrées alimentaires et, pour Christian Estrosi, ce marché doit être en partie réservé aux agriculteurs de la région.
« C’est important pour la santé des élèves de manger du local, mais également pour notre économie, pour l’environnement, pour nos producteurs et nos agriculteurs. Consommer des produits locaux, c’est avant tout consommer des produits de qualité et c’est aussi l’assurance de réduire notre empreinte carbone », souligne Christian Estrosi.
Pour mettre en place cette mesure, le Président de la région va établir d’ici la fin de l’année une charte d’engagements sur la qualité des produits à laquelle les agriculteurs qui fourniront les cantines des lycées devront souscrire. Pour les lycées, un logiciel va être mis à disposition des gestionnaires pour qu’ils puissent mutualiser leurs achats. Une clause environnementale dans les marchés va également être instaurée pour que les producteurs locaux soient privilégiés dans l’achat des denrées alimentaires. Avec la mise en place de ce dispositif, Christian Estrosi souhaite montrer l’exemple et impulser une véritable dynamique du manger local dans les cantines.
« L’approvisionnement des cantines en produit local est un point très positif. C’est important car cela permet de donner aux élèves des aliments de qualité, de leur faire comprendre que c’est mieux de manger des produits de notre région plutôt que ceux qui viennent de l’autre bout du monde. Cela permet aussi de leur apprendre le calendrier de production et de leur redonner le goût des produits », se réjouit Claude Rossignol.
La question de l’approvisionnement des cantines remonte à plusieurs années et certains établissements de la région le pratiquent déjà en partie. Le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône a par exemple mis en place depuis 2007 un dispositif baptisé « Manger autrement au collège » qui octroie une subvention aux établissements qui souhaitent acheter des fruits et légumes frais de saison et/ou issus de l’agriculture biologique.
Création de 200 locaux de vente directe
L’une des autres mesures phares de Christian Estrosi est la création, sur le territoire Paca, de 200 drives agricoles. En d’autres termes, des points de vente où les agriculteurs pourront vendre leurs productions directement aux consommateurs.
« Favoriser le circuit court est important pour les producteurs car c’est une vraie vitrine pour eux. Grâce à cela, les consommateurs se font une image positive de la région et dès qu’ils dégusteront un produit qu’ils auront mangé en Provence, comme du rosé par exemple, cela leur rappellera tout de suite la région », met en avant Claude Rossignol.
L’étude pour identifier les 200 lieux va être lancée par la Région Paca d’ici quelques semaines. L’idée de Christian Estrosi avec cette action est de se passer des intermédiaires pour que les revenus et le pouvoir d’achat des producteurs augmentent. Les premiers locaux devraient voir le jour d’ici septembre et l’ouverture des 200 points de vente sera étalée sur trois ans.
Utiliser les nouvelles technologies pour adapter l’agriculture
« Aujourd’hui, le numérique et les nouvelles technologies sont sous-utilisés dans notre agriculture. Pourtant, ils offrent à nos agriculteurs de fabuleuses perspectives d’amélioration des conditions de travail », constate Christian Estrosi.
Pour parer à ce problème, le Président de la région a décidé de mettre l’agriculture en phase avec son temps. Des drones équipés de caméras thermiques vont être mis à la disposition des agriculteurs lors des battues aux loups et des capteurs permettant de mesurer l’ensoleillement et les besoins hydrauliques des terrains vont également être développés afin d’optimiser les productions. Pour autant, l’objectif n’est pas qu’un jour la machine remplace les hommes mais plutôt qu’elle améliore leurs conditions de travail.
« Je suis conscient des difficultés des agriculteurs de la région à vivre dignement de leur travail tant la crise que nous traversons est profonde. L’innovation doit permettre de leur faciliter la tâche et d’améliorer leur compétitivité pour que leur travail soit enfin reconnu à sa juste valeur. Elle doit aussi leur offrir de nouvelles perspectives de créations d’emplois et permettre une agriculture plus respectueuse de l’environnement », tient à préciser Christian Estrosi.
Quel budget pour toutes ces actions ?
Concernant le coût de la mise en place de toutes ces mesures, le budget 2016 de la Région Paca sera voté d’ici un mois. Pour le moment, seule la somme concernant la création des 200 drives agricoles est actée. Et pour la seule année 2016, 600 000€ seront déjà utilisés pour cette mesure.
« Par ailleurs, une partie des 125 millions d’euros de fonds européens que j’ai obtenu lors de mon déplacement à Bruxelles sera consacrée au déploiement de ces 200 points de vente », ajoute Christian Estrosi.
Par Agathe Perrier