La consultation publique sur le projet de Ginkgo pour la dépollution de la friche de Legré-Mante et son programme immobilier doit débuter le 19 septembre. Le promoteur annonce la création d’un comité de vigilance.

C’était la première information délivrée par le maire des 6-8, Pierre Benarroche, en introduction de la dernière réunion sur le sujet : la consultation publique du projet immobilier et de dépollution du groupe Ginkgo pour la friche polluée de Legré-Mante à la Madrague de Montredon doit débuter « le 19 septembre ».

Riverains, citoyens, associations de quartier ou environnementales… la mairie de secteur était de nouveau pleine à craquer ce mardi 6 septembre pour échanger avec le promoteur, spécialisé dans la reconversion de sites pollués, preuve en est que le projet suscite l’intérêt.

Il est revenu sur la méthodologie qu’il entend employer pour traiter l’héritage de près de 250 ans de production chimique, d’abord dans le plomb, puis les acides [voir encadré]. Un programme détaillé dans un plan de conception des travaux (PCT) de plus de 1 500 pages. Il l’avait déjà présenté lors de la dernière réunion publique en mai. Mais ce second temps d’échanges visait à répondre aux questions nombreuses et variées des citoyens, restées sans réponse.

Certains riverains encore réticents au projet

Ces derniers sont, pour une partie, opposés au projet sous cette forme. D’abord concernant le programme immobilier de 330 logements. Ils craignent la saturation urbaine et routière de ce quartier en cul-de-sac. Ensuite, pour leur santé, notamment durant les travaux, alors que les alentours de l’usine sont déjà eux-mêmes contaminés au plomb et à l’arsenic. Ils l’ont appris lors d’une première réunion publique où l’Agence régionale de santé avait invité certains à se rapprocher d’un médecin pour faire vérifier la présence de plomb dans leur sang.

Les interventions de Ginkgo autour du site ces derniers mois, dont la dernière remonte à cet été, n’ont pas non plus rassuré certains habitants. « Les démolitions de la traverse de la marbrerie, la maison du pêcheur… C‘est le quatrième épisode en quelques mois où les conditions de sécurité ne sont par respectées », décrit cette riveraine, qui évoque des démolitions pour cause d’arrêté de péril qui avaient provoqué la colère de la Ville et des élus de secteur. « Votre plan respecte la réglementation, mais qui surveille que vous la respectiez ? » questionne une habitante.

Le promoteur propose un comité indépendant

Ce soir-là, l’atmosphère, houleuse et tendue, est peu propice à éclairer un sujet si complexe. Les représentants de Ginkgo tentent pourtant de justifier des interventions « réglementaires », réalisées « par des entreprises mandatées ». Ces dernières portent donc la responsabilité de potentiels manquements. Ils rappellent également que la seule plainte sur le sujet a été classée sans suite par le procureur.

Mais, le promoteur s’engage surtout à la création d’un « Comité de vigilance » pour rétablir la confiance avec les habitants. Cet organe indépendant doit être composé de quatre collèges. Le premier comprend les riverains. Le second, les associations et experts, comme Atmosud (association locale de surveillance de la qualité de l’air), déjà engagé dans la surveillance du chantier en temps réel.

Les deux autres collèges représenteront les élus et la maîtrise d’ouvrage (Ginkgo et Constructa). Ce comité doit se réunir à minima chaque mois, ou « autant que nécessaire », promet le promoteur. Il doit travailler dès en amont des travaux pour la « poursuite de la co-construction participative à ce stade du projet ». Mais surtout, durant tout le chantier pour « suivre, alerter et informer en phase travaux ».

« Il faut avancer maintenant »

De son côté, le maire de secteur tient à « créer le comité de vigilance en urgence. Et qu’il représente tous les riverains et associations ». Pierre Benarroche exige également que le promoteur « annonce le planning des travaux précisément et en amont » afin d’anticiper leur surveillance.

Malgré ses exigences, l’élu a toutefois tenu à encourager le projet. Il le présente comme la seule solution car la moins coûteuse pour enfin dépolluer le site. « On ne va pas revenir en arrière sur ce projet. Il faut avancer maintenant […] Démarrer le chantier le plus vite possible ».

Il faudra néanmoins attendre l’avis définitif de la consultation publique, et purger le projet des éventuels recours avant les premiers coups de pioche pour la reconversion de Legré-Mante.

Dans notre précédent article, nous détaillions le diagnostic et le projet de dépollution porté par Ginkgo. Arsenic, hydrocarbures, plomb, métaux lourds, amiante… La contamination concerne les sols et bâtiments du site, comme les terres alentour. Du crassier en bord de mer à la cheminée rampante jusqu’en haut du massif. Les nombreuses analyses ont conclu à la présence d’environ 1 000 m³ de « pollution concentrée », et plus de 50 000 m³ de « pollution diffuse ».

Elles ont conduit à l’élaboration d’un plan de conception des travaux (PCT). Il a fait l’objet d’une tierce expertise exigée par l’État début 2021 et menée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). L’établissement public français de référence a rendu un avis favorable pour les différentes solutions proposées : confinement lourd avec une chape pour le crassier, extraction des autres pollutions concentrées. Recouvrement de 50 centimètres de terre ou phytostabilisation pour les pollutions diffuses sur la parcelle.

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