Dans la rubrique [ inspiration ] Made in Marseille aime aller chercher des idées folles à l’autre bout du monde ou juste à côté. Aujourd’hui, on s’intéresse au sort prochain de nos cabines téléphoniques. Car d’ici la fin de l’année 2017, toutes devraient avoir disparu en France. Pourtant, il est toujours possible de leur trouver une utilité aujourd’hui, parfois bien loin de leur fonction initiale, comme le montrent ces exemples du monde entier.
Rouges au Royaume-Uni, jaunes en Allemagne, grises en France… Les cabines téléphoniques ont leurs propres particularités esthétiques suivant les pays. Mais toutes ont eu la même fonction avant que la téléphonie mobile ne les remplace progressivement : permettre à chacun d’émettre ou de recevoir des appels. Aujourd’hui, tel n’est plus le cas puisque ces habitacles sont recyclés de façons différentes un peu partout dans le monde. De nombreux pays ont ainsi préféré garder ce mobilier plutôt que de le démanteler, contrairement à la France où les cabines devraient être rasées de l’espace public d’ici 2017.
Quel futur pour les cabines marseillaises ?
Actuellement, c’est l’entreprise Orange qui a la charge des quelque 45 000 cabines téléphoniques encore présentes en France. Si ce nombre peut vous paraître énorme, sachez qu’il n’est rien comparé à 1997 où l’on dénombrait 300 000 cabines sur tout le territoire ! Aujourd’hui trop peu utilisées, en moyenne moins d’une minute par jour, Orange a pour objectif de les faire disparaître. Sauf si la Mairie fait une demande pour les garder.
« Si les mairies ont un projet culturel pour des cabines téléphoniques et qu’il nous convient, nous pouvons faire don de la cabine à la municipalité. Toutefois, seul l’habitacle est donné. Le matériel présent à l’intérieur est, lui, démantelé », tient à préciser Pascal Chamassian de chez Orange.
La mairie de Marseille n’a pas pour ambition de transformer l’une des cabines présentes dans la ville. Pourtant, de beaux projets ont fleuri et continuent de se développer pour donner une seconde vie à ces habitacles un peu partout dans le monde, y compris dans certaines villes de France.
Des cabines connectées 100% dans l’air du temps
En Australie, l’opérateur historique Telstra a décidé de transformer les cabines téléphoniques en hotspots internet. Chaque utilisateur, dans un rayon de 100 mètres autour de l’habitacle peut ainsi se connecter à un réseau Wi-Fi. L’avantage est que la plupart des cabines sont situées dans des zones bondées et connectées à de la fibre à haute vitesse.
En Angleterre, c’est pour recharger ses appareils électriques comme son Smartphone ou sa tablette que certaines cabines téléphoniques sont désormais utilisées. Le tout grâce à l’énergie solaire. Ces « Solar Box » peuvent même être utilisées la nuit ou lorsqu’il n’y a pas de soleil puisque l’énergie est stockée dans des batteries.
Et c’est aux Etats-Unis, plus précisément à New York, que l’on trouve le dernier exemple en date de cabines connectées. Lancé par l’ancien maire de la ville, Michael Bloomberg, le projet LinkNYC vise à faire des anciennes cabines à la fois des hotspots et des points de recharge. Il sera même possible d’y consulter des informations sur la ville via des écrans ou de contacter les numéros d’urgence et les services municipaux. Seule différence ici par rapport aux autres pays : les cabines sont remplacées par des bornes et ne sont pas réaménagées.
Des projets d’art et de culture
D’autres ont préféré inclure les cabines téléphoniques dans des projets artistiques ou culturels. C’est ainsi qu’une cabine française s’est vue transformée en 2007 par l’artiste Benedetto Bufalino et le concepteur d’éclairage Benoît Deseille en aquarium ! Un concept repris quelques années plus tard par le collectif d’artistes japonais Kingyobu. Pour se faire, il a fallu rendre étanches les cabines avant de les remplir d’eau, d’ajouter un système d’aération et d’y placer des poissons et/ou des algues. Le résultat est saisissant.
Mais ce qui est le plus en vogue, ce sont les bibliothèques en libre-service. Et même en France on trouve quelques exemples ! Qu’il s’agisse d’initiatives individuelles ou menées par des municipalités, comme celles de Rueil-Malmaison ou d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), elles ont toutes pour objectif de permettre aux habitants de venir récupérer un livre gratuitement. Soit on le lit puis on le repose, soit on le garde et dans ce cas, il faut en déposer un autre à la place. Accessibles 24h/24, ces cabines téléphoniques retrouvent ainsi leur caractéristique ancestrale : celle d’être un lieu de partage et d’échange.
Par Agathe Perrier