Comme chaque année, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse publie son rapport annuel sur l’état des eaux de son territoire. Et bonne nouvelle : depuis 25 ans, la qualité des eaux a nettement progressé.
Une amélioration qu’il faut toutefois encore accentuer afin d’atteindre l’objectif fixé pour 2021 de retrouver un bon état écologique pour 2/3 des rivières et 99% des eaux souterraines. Un nouveau programme entre justement en vigueur cette année dans ce sens avec une série de mesures prenant en compte le changement climatique.
Nous le savons tous : l’eau est une ressource naturelle extrêmement précieuse pour l’Homme. Mais elle est aussi très fragile, c’est pourquoi il nous faut la préserver. Pour cela, l’agence Rhône Méditerranée Corse a mis au point un Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) qui fixe les grandes orientations et priorités de la politique des eaux. Le tout pour atteindre le « bon état » des eaux de surface (rivières, plans d’eau, eaux littorales) et des eaux souterraines, indispensable pour continuer à avoir de l’eau dans nos bassins dans le futur.
Objectif pour 2021 : s’adapter au changement climatique
Pour 2016 et les six années à venir, un nouveau Sdage entre en vigueur. Les précédents ont permis de nettement améliorer la qualité des eaux du bassin Rhône Méditerranée depuis 25 ans mais de nouvelles mesures doivent être prises en compte comme le changement climatique.
« Environ 70% des cours d’eau de la région Paca sont aujourd’hui en bon ou en très bon état. Il faut continuer à préserver cette qualité et cela passe notamment par le fait d’anticiper le changement climatique. C’est la principale nouveauté de ce Sdage », souligne Laurent Neyer, directeur régional adjoint de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la région Paca.
Pour l’agence, s’adapter au changement climatique passe en premier lieu par l’économie d’eau. Les stocks en eau vont baisser dans le futur et c’est dès maintenant qu’il faut anticiper cette réduction en mieux partageant l’eau entre les différents usages et en créant des ressources de substitution. Le nouveau Sdage prévoit également des mesures pour lutter contre l’imperméabilisation des sols qui contribue au risque d’inondations et réduit la recharge des nappes souterraines.
Prélèvements, dégradations physiques et pesticides en cause
Aujourd’hui, les causes de dégradations sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse restent multiples. Parmi les principales :
- Un excès de prélèvement d’eau sur certaines rivières, notamment sur les grandes zones agricoles, qui entraîne une insuffisance de la ressource à certains endroits,
- Les rivières sont trop enserrées dans des digues et leur tracé a été modifié ce qui altère la qualité de l’eau et de la biodiversité et aggrave l’impact des crues,
- Trop de barrages et de seuils qui bloquent la circulation des poissons, mais également des sédiments. Ces derniers n’arrivent pas jusqu’au littoral ce qui accroît les conséquences de la hausse du niveau de la mer et du recul du trait de côte,
- 150 pesticides différents sont retrouvés chaque année dans les rivières rendant l’eau impropre à la consommation sans un traitement poussé.
Autant de facteurs qui font que, pour le moment, seulement 52% des milieux aquatiques et 88% des nappes souterraines du bassin Rhône Méditerranée Corse sont en bon état. D’ici 2021, le nouveau Sdage prévoit d’atteindre le bon état pour 66% des milieux aquatiques et 99% des nappes souterraines du territoire.
De nombreux exemples de réussite en Paca
Grâce aux précédents Sdage, beaucoup de travaux ont été réalisés sur les différents bassins du territoire Rhône-Méditerranée et Corse pour améliorer leur qualité. Dans les Bouches-du-Rhône, l’Arc amont qui était très pollué a gagné une classe de qualité grâce aux travaux sur les stations d’épuration de Peynier et de Chateauneuf-les-Rouge et à l’accompagnement des agriculteurs et des viticulteurs sur l’utilisation de pesticides. De même pour la rivière Bléone (Alpes-de-Haute-Provence) qui est passée de l’état écologique « mauvais » à « moyen » suite aux travaux effectués sur la station d’épuration de Digne-les-Bains en 2010.
« Certains travaux menés n’ont pas encore apporté de résultats suffisants comme pour le bassin de Caramy-Issole ou le fleuve Argens car c’est un travail de longue haleine qui met parfois du temps avant de porter ses fruits », explique Laurent Neyer.
D’après l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, 433 millions d’euros par an, soit 2,6 milliards d’euros sur 6 ans, seront nécessaires pour financer les actions à engager dans les territoires pour atteindre les objectifs de ce nouveau Sdage.
Par Agathe Perrier