Tout footballeur, amateur ou non, ayant tapé la balle ces dernières années, aura déjà expérimenté les pelouses synthétiques. Bien moins coûteuses et compliquées à l’entretien, elles offrent également un confort de jeu comparable au gazon végétal. Les faux rebonds en moins, puisque les mottes inégales, les trous de taupe, les zones dégarnies et les flaques de boues ont disparu.
En rentrant de leur match, les sportifs auront aussi remarqué les nombreuses et minuscules granules noires qui se faufilent dans leurs chaussures, chaussettes et les moindres replis de leurs tenues. Lorsqu’ils se changent, les microbilles s’éparpillent sur le sol du vestiaire ou de leur salle de bain, obligeant chaque fois à sortir le balai. Cette matière artificielle, issue de pneus broyés, est utilisée pour remplacer la terre et imiter sa texture souple sous le gazon.
Danger synthétique ?
En 2017, une enquête du magazine So Foot jetait un froid sur ces particules. Elles pourraient menacer notre santé, selon la revue sportive. Thèse appuyée l’année suivante par Élise Lucet et son Envoyé spécial sur le Gazon suspect, rappelant que les plus jeunes y sont régulièrement exposés. La journaliste déclenchait un début de panique au sein du gouvernement lui-même, et six ministères saisissaient l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur cette question.
Dans son rapport, l’Anses fait retomber la pression, « il indique un “risque négligeable” pour la santé », rappelle Romain Gensul, directeur commercial de la société spécialisée dans les sols sportifs, Méditerranée Environnement. « Mais elle avance un “risque potentiel” pour l’environnement », précise-t-il.
60 % du caoutchouc utilisé pour les pneus sont synthétiques, fabriqués à partir d’hydrocarbures d’origine pétrolière. Sans compter le “noir de carbone”, les plastifiants, le soufre et autres polluants qui entrent dans la composition. « Les billes des terrains synthétiques se glissent dans les chaussures et les vêtements, se dispersent avec le vent, sont emportées par la pluie, poursuit le directeur commercial. Elles finissent dans la nature, les cours d’eau et par ruissellement, la mer ».
Un noyau de solutions
La Méditerranée est la mer la plus polluée aux micro-plastiques sur la planète. C’est pourquoi, plusieurs villes comme La Ciotat ou Châteauneuf-les-Martigues, ont opté pour une solution alternative, développée par la société de Romain Gensul, basée à Ollioules dans le Var : des noyaux d’olives concassés. Une idée simple qui permet de valoriser un déchet vert pour remplacer un produit polluant, sans perdre en confort pour les sportifs.
« Nous avions déjà testé le liège et les fibres de coco, mais c’est très léger donc l’eau et le vent les éparpillent vite. Ce matériau 100% naturel est un très bon compromis et il imite mieux les sensations d’une pelouse naturelle ». Aujourd’hui, « une dizaine de communes ont adopté les noyaux d’olives sur leurs stades en France, dont six ou sept dans la région », précise Romain Gensul, rappelant que les noyaux sont issus de l’agriculture locale. La Provence, plus que jamais terre du foot et des olives.