La mairie de Marseille envisage la rénovation de 5 groupes scolaires dans les quartiers Nord, première étape du « plan école d’avenir ». Le type de marché choisi trop proche d’un partenariat public-privé inquiète les organisations professionnelles de la construction, qui militent pour la maîtrise d’ouvrage publique.

Après le Collectif contre le PPP des écoles de Marseille, voilà le Collectif contre les MGP, pour « Marché global de performance ». C’est le fameux marché que la majorité marseillaise a décidé de privilégier pour la rénovation de 5 groupes scolaires (11 écoles Geep) à Marseille. Une annonce de courte durée, suivie d’une volte-face la veille du conseil municipal du 2 avril, en modifiant la délibération. Laquelle ne donnait aucune indication sur le choix de la procédure.

Le marché global de performance permet de confier à une entreprise la construction et l’entretien d’un équipement. La Ville avait justifié son choix en avançant un délai contraint pour éviter de passer à côté des subventions de l’État ; à hauteur de 90% pour un projet de rénovation à 85 millions. Contrainte supplémentaire : signer les marchés avant le 31 décembre 2021.

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85 millions d’euros à décrocher pour la rénovation de 5 groupes scolaires marseillais

Sauf que le MGP est trop apparenté au partenariat public-privé. Il était dès lors sous le feu des critiques, notamment des anciens du combat victorieux contre les PPP des écoles 1M€ de la mandature Gaudin. Une lutte à laquelle ont activement participé plusieurs élus de l’actuelle majorité municipale et le maire de Marseille, Benoît Payan, alors chef de l’opposition.

Ce type de procédure en MGP est « calibrée pour les grands groupes du BTP » et « disqualifie des marchés publics locaux les TPE-PME dont les artisans et architectes », dénonce le collectif « Contre les MGP », composé de 6 organisations professionnelles du bâtiment (le syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône, Architecture d’Utilité Publique, Conseil régional de l’Ordre des Architectes, Capeb 13 l’Artisanat du Bâtiment, le Syndicat National du Second Œuvre et l’Union des Entreprises de Proximité 13).

« Plus coûteux et incertain »

Dans un courrier adressé au Maire de Marseille, ces organisations professionnelles de la construction précisent qu’ils ne peuvent accepter « une procédure de MGP, même pour 5 écoles, après une lutte commune contre les PPP couronnée de succès, car le Marché Global de Performances, présente en tout point les caractéristiques et risques des PPP, à l’exception du financement ».

Ils estiment que c’est « plus coûteux », « incertain » et « lie la collectivité à des opérateurs privés sur plusieurs années ». Le marché global de performances est à minima 20 à 30 % plus cher qu’une procédure en loi MOP (maîtrise d’ouvrage publique) et marchés travaux allotis. « Ainsi avec le même budget, on est en mesure de rénover 3 ou 4 écoles supplémentaires selon les procédures de principe de la commande publique ».

Ils restent « convaincus que la meilleure façon de rénover les écoles en obtenant le meilleur service public pour nos enfants et enseignants est d’utiliser les procédures de principe de la maîtrise d’ouvrage publique, soit le concours d’architecture puis la passation des marchés de travaux selon une procédure allotie ».

Le « Collectif contre les MGP » en appelle à l’Etat

D’un point de vue politique, il rappelle à la nouvelle équipe municipalité et au maire son engagement de rupture, avec la précédente mandature, dont l’un des actes forts serait de renoncer à réaliser ces travaux en MGP.

Ils militent ardemment pour engager ces réhabilitations « dans une démarche qualité, avec des concours et des procédures basées sur des programmes à haute exigence écologique et sociale » qui « valoriserait l’action publique ».

Le Collectif contre les MGP en appelle également à l’État, demandant un délai supplémentaire (au-delà du 31 décembre 2021) pour permettre la mise en place d’une procédure en maîtrise d’ouvrage publique. « Cela ferait des écoles marseillaises un exemple d’une maîtrise d’ouvrage responsable, et qui soutient l’économie locale ».

Après avoir été reçu par Benoît Payan, le collectif se dit favorable à une nouvelle rencontre avec les services de la Ville pour étudier les solutions proposées. Au préalable, il souhaite avoir accès à l’étude de faisabilité de la rénovation des 5 écoles.

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