Une auberge de jeunesse inoccupée dans le 8e arrondissement de Marseille devient temporairement un centre d’hébergement dédié à des femmes vulnérables. Seules ou avec leurs enfants, elles seront accueillies dans l’espace et auront accès à des ateliers et accompagnements. Le projet devrait durer 1 an.

C’est au fond d’une impasse du 8ème arrondissement de Marseille que nous donnait rendez-vous l’équipe de Yes We Camp lundi 1er mars. Dès l’entrée, table de billard, baby-foot et bornes d’arcade semblent à l’abandon et témoignent de l’activité de récente de cette Auberge de jeunesse. En effet, depuis le mois de novembre, le complexe, à l’instar de la plupart des établissements en France, a dû fermer ses portes au public en raison de la crise sanitaire et en prévision de futurs travaux d’aménagement.

« Le site est une propriété de la Ville de Marseille, nous avons rendu le bail pour un an afin que l’espace puisse être entièrement rénové », nous indique Anne Chaliez, ancienne directrice des lieux. Au lieu de rester vacants, les locaux accueilleront dans une semaine de nouveaux résidents ; un collectif pluridisciplinaire, composé de différents acteurs du territoire, y recevra une trentaine de femmes vulnérables dans ces 2 000 m2 d’hébergement, seules ou avec leurs enfants. Cette opération a un double-objectif : les mettre à l’abri, d’une part, mais aussi encourager leur reprise d’activité en impulsant une dynamique locale.

Le projet fait suite à une première expérimentation menée l’an dernier aux Villages Clubs du Soleil (3e), où 120 personnes démunies avaient été logées et accompagnées.

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Un maillage associatif du territoire

« Certaines chambres se trouvent en rez-de-chaussée, d’autres à l’étage. On a officiellement eu les clés vendredi, il nous reste une semaine pour tout nettoyer et disposer le mobilier pour que tout soit en ordre à leur arrivée ». J-7 pour Cécile Baranger et Théo Ribière, coordinateurs du projet pour Yes We Camp. Car le maire de Marseille vient inaugurer en personne le site ce lundi 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

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Depuis octobre 2020, les démarches sont en cours auprès de la Préfecture des Bouches-du-Rhône et de la Mairie pour que l’idée prenne vie. Les autorisations en poche, le site pourrait fonctionner jusqu’en mars 2022. « En mai dernier, nous avions pour la première fois participé à un projet collectif avec notamment Marseille Solutions, JUST et Nouvelle Aube, raconte Théo. D’autres partenaires s’étaient impliqués dans cette démarche sociale qui a duré deux mois. Aujourd’hui, nous visons un projet de plus grande ampleur, sur un plus long terme, auquel sont venus s’ajouter de nouveaux acteurs ».

Parmi eux, l’Amicale du Nid, SOS Femmes 13 et H.A.S. ont répondu présent afin d’apporter leurs compétences et leurs ressources dans ce nouveau lieu de vie au sud de la ville.

Lieu de vie et d’accompagnement

S’il s’agit en premier lieu d’héberger les femmes vulnérables, des ateliers de jardinage, de cuisine, des animations culturelles et des groupes de parole sont au programme. Un espace alternatif imaginé pour et par les femmes accueillies.

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7 jours sur 7, 24h/24. Les acteurs impliqués dans le bon fonctionnement de la structure auront chacun leur rôle à jouer auprès de leurs hôtes, et ce tout au long de la semaine, afin d’encadrer et répondre aux besoins. « Ce sont des équipes mixtes, certains sont diplômés et spécialisés dans des domaines de compétences, d’autres seront des experts d’expérience, poursuit Cécile, c’est-à-dire qu’ils pourront échanger avec ces femmes qui vivent ce qu’eux-mêmes ont vécu et donc les soutenir dans leurs parcours ».

Travailleurs sociaux, infirmiers ou encore médecins complèteront les effectifs pour s’engager dans la démarche. Une mixité des usages et des publics, comme l’indique Théo. « Nous voulons que les femmes hébergées soient impliquées dans la vie de l’auberge : on leur met à disposition des salles et des espaces extérieurs, elles s’approprient les lieux. Nous leur donnons des propositions en termes d’activités, mais nous comptons aussi sur elles pour nous partager leurs envies et adapter le site à leurs besoins ».

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Anne Chaliez (à gauche), ancienne directrice de l’auberge, Cécile Baranger et Théo Ribière, coordinateurs de projet pour Yes We Camp.

Un tremplin vers l’insertion professionnelle

Car dans cette auberge au style alternatif, l’objectif est en effet d’aider les femmes pour rebondir, s’émanciper et gagner en autonomie grâce à l’accompagnement apporté et à leur implication dans la vie collective. Pour cela, une cuisine sera même mise à disposition : « Les associations vont nous aider à cibler quelles personnes pourraient se faire à la vie en semi-collectivité, ce qui n’est pas évident pour tout le monde, conçoit Cécile. Et pour que chacune puisse mettre sa touche, nous proposons une cuisine où, le midi, des repas seront préparés collectivement. L’idée est qu’elles fassent découvrir aux autres leur culture, qu’elles échangent leurs recettes, mais aussi qu’elles aient accès à des produits de qualité ».

À terme, cet « atelier » a pour vocation de s’inscrire dans une dynamique économique, puisqu’elle est imaginée comme un tremplin vers l’emploi, dans la perspective de l’intégrer comme une activité pour l’insertion professionnelle. « On prévoit d’ouvrir cette cuisine en commercialisant les plats à d’autres structures, à petite échelle, bien sûr. Pour cela, nous nous sommes rapprochés du programme Des Étoiles et des Femmes, porté par La Table de Cana, et du lycée hôtelier pour qu’elles aient accès à une formation et puissent imaginer une suite à l’aventure ».

Un nouveau projet solidaire qui verra officiellement et symboliquement le jour à l’occasion de la Journée de la Femme.


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