Face à la Porte d’Aix, la Cité de la musique dispose d’un trésor caché sous l’ilot Velten : 1 600 m2 de caves souterraines héritées d’une brasserie du 19e siècle. Ce site exceptionnel d’éducation musicale et de concerts est à l’abandon depuis 3 ans pour cause d’infiltrations. Des travaux prévus prochainement font espérer une réouverture en septembre.

« Nous comptons 2 200 élèves et 72 enseignants », précise d’emblée le directeur de la Cité de la musique de Marseille, Éric Michel. Il insiste sur le rôle central de cette association « parapublique » dans l’éducation culturelle locale. Depuis 1992, elle est missionnée et financée principalement par la Ville de Marseille*. « Les élèves ne paient que 20 % du coût réel de leur formation. Notre action tous publics auprès des amateurs est complémentaire de celle du conservatoire. Avec lui, c’est 4 000 élèves en musique soutenus par la Ville, une des mieux dotée de France à ce niveau ».

Si ses activités sont réparties dans huit antennes à travers la ville, les Marseillais connaissent bien le siège de la Cité de la musique, face à la Porte d’Aix. Sur quatre étages et 1 500 m2, il accueille principalement les services de l’institution, ainsi que l’auditorium et une médiathèque spécialisée.

* : Selon des chiffres communiqués par la Ville de Marseille, 3 M€ de son budget de fonctionnement 2020 sont alloués à la Cité de la musique. La Région Sud verse une subvention de 80 000 € et le Département des Bouches-du-Rhône, de 25 000 €.
, La Cité de la musique souhaite refaire résonner ses voûtes du 19e siècle sous l’ilot Velten, Made in Marseille
La Cité de la musique propose aussi « plus de 130 concerts par ans » et « le pôle régional des musiques du monde ». Une scène qui pourrait être conventionnée d’intérêt national

Une brasserie du 19e siècle offre 1 600 m2 de caves dédiées à la musique

Mais à quelques pas de là, l’association cache un trésor enfoui. Il se situe sous l’îlot Velten. Ce dernier a connu une réhabilitation profonde dans le cadre de l’ANRU ces dernières années. Il compte désormais le centre social Bernard-Dubois, le Centre d’animation de quartier Velten, le tiers lieu culturel et social Coco Velten, des espaces verts, terrains de sports et de jeux…

Une entrée estampillée « Cité de la musique » est également visible. Elle permet d’accéder à 1 600 m2 de caves souterraines entièrement dédiées à la musique. De véritables galeries qui s’étirent sous le bloc d’immeubles, de la rue Bernard du Bois jusqu’à la rue Pressensé. Cet enchevêtrement de voûtes abritait originellement d’anciennes brasseries installées en 1826 par un alsacien : Jacques Velten, qui à légué son nom à l’îlot.

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Sous l’îlot Velten, plusieurs niveaux souterrains donnent sur de nombreuses salles de cours aménagées dans les caves d’une ancienne brasserie

Elles donnent un cachet exceptionnel à cet équipement culturel dont jouit l’association depuis 1992. « C’est parfait pour pratiquer la musique, notamment amplifiée, grâce à l’isolation naturelle en sous-sol », explique Éric Michel.

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Un trésor inaccessible depuis trois ans

Dans le cadre de l’opération de rénovation urbaine, une intervention est lancée en 2016. Elle permet la création de l’entrée en rez-de-chaussée dans l’îlot Velten, et une autre sur la rue Pressensé. Le directeur se souvient de « deux ans de cohabitation compliquée avec les travaux, avec un fonctionnement partiel ». Mais elle permet de redonner vie à La Cave, une salle de concert jazz avec bar attenant dans deux voûtes de 100 m2. « Une scène avec beaucoup de charme. De type Saint-Germain des prés », commente avec une certaine mélancolie le directeur.

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La Cave « accueillait 40 concerts par an »

Car nous fêtons un triste anniversaire. Cette salle, comme tout le bâtiment, « est inutilisable depuis le 20 janvier 2018, soit la fin des travaux. D’abord, à cause d’une panne électrique générale », explique-t-il. Sans ventilation, la moisissure « et le salpêtre » apparaissent vite et rendent le site « insalubre en six mois ». En septembre 2018, la panne est réparée, et le site repeint. « Mais avec les événements de la rue d’Aubagne et la peur qui a gagné toute la ville, la commission de sécurité n’a pas accepté la réouverture », raconte le responsable technique de la Cité de la musique, Nicolas Renard.

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Une des nombreuses infiltrations visibles dans l’édifice

À juste titre peut-être, puisque des infiltrations importantes ont commencé à apparaitre dans de nombreuses salles. « À chaque pluie, l’eau ruisselle du plafond », commente le technicien, les pieds dans une flaque face à la scène de La Cave. Quoi qu’il en soit, après deux années d’activité partielle, et trois ans d’arrêt complet, voilà cinq ans que la Cité de la musique ne peut utiliser le potentiel du site. « En délocalisant les cours dans différentes antennes de Marseille, on a perdu 10 à 15 % d’élèves », déplore Éric Michel.

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Moisissures aux moquettes, chutes des faux-plafonds… Les dégâts des infiltrations sont impressionnants alors que l’équipement était presque neuf

Vers une réouverture en septembre 2021 ?

Mais le dossier ne laisse pas la Ville indifférente. « L’ancienne municipalité s’en est emparée et a diligenté une étude d’un cabinet d’experts en mars 2020 », précise le directeur. Son rapport a ensuite été transmis à une entreprise spécialisée « pour trouver l’origine des fuites et des infiltrations », poursuit-il. Cette dernière devrait intervenir « au premier trimestre 2021 ».

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Certaines salles sont très grandes, et attendent de retrouver leurs orchestres

« Les travaux sont prévus dans la foulée, cette année », affirme l’actuel adjoint à la culture, Jean-Marc Coppola, assurant suivre de près cette question. « Le Conseil d’administration de la Cité de la musique se tient lundi prochain et sera l’occasion de faire le point ». La maire de secteur (1-7), Sophie Camard est également sur le coup. Elle a dernièrement visité les caves. « On découvre chaque jour de nouveaux trésors appartenant à la Ville, et on mesure avec effroi l’ampleur du patrimoine inutilisé. La direction du Patrimoine a d’ailleurs repris ce dossier », assure-t-elle.

« Nos interlocuteurs aux services de la Ville sont très motivés », confirme de son côté Éric Michel. Tout cela donne un certain espoir aux animateurs culturels, privés de leur outil depuis trop longtemps. « Notre rêve, c’est de rouvrir à la rentrée prochaine », reprend-il. « Même partiellement, on en a besoin ! »

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