L’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille dispose de trois nouveaux robots chirurgicaux de haute précision. Implantés dans les hôpitaux Nord, la Timone et la Conception, ils permettent des interventions minutieuses, offrant plus de sécurité et moins de traumatismes aux patients.
Pour cette intervention dite « sleeve », à savoir une réduction de l’estomac, le chirurgien n’est pas penché sur le patient et ne demande aucun scalpel à son équipe du bloc opératoire. Il est à quelques mètres de là, la tête dans un casque, en immersion dans le ventre du patient. Ses mains sur des manettes et ses pieds sur des pédales. Son assistant s’appelle Davinci, et ses quatre bras mécaniques s’affairent dans l’abdomen du malade endormi.
« Vous devez être fort aux jeux vidéos », sourit Martine Vassal. Equipée de la tête aux pieds, la présidente du Département des Bouches-du-Rhône assiste à la scène, impressionnée. L’institution a financé 80 % de ces trois machines, ayant coûté la modique somme de 4 millions d’euros. « Je préfère financer un grand projet et qu’il voit le jour, qu’éparpiller des petits montants dans de nombreux projet. Le risque, c’est qu’ils ne trouvent pas d’autres ressources et n’aboutissent pas ».
Les 20 % restants sont payés par l’AP-HM, qui aura la charge l’exploitation des robots : « Cela représente tout de même 500 000 euros par an pour chacun », précise Dominique Rossi, président de la Commission médicale d’établissement.
Plus de précision pour moins de séquelles
Mais le coût de prise en charge des patients, lui, devrait baisser, car l’hospitalisation et la convalescence seront moins longues. « Les opérations sont plus sécurisées et moins traumatisantes », explique Martine Becker, cadre supérieur de santé Bloc central et chirurgie ambulatoire aux hôpitaux universitaires de Marseille.
« Les séquelles et les douleurs sont réduites pour le patient. D’un point de vue esthétique aussi, les cicatrices sont moins visibles », poursuit-elle. Le robot est en effet plus précis. Il atteint les zones d’intervention avec beaucoup moins d’impact pour le corps, et des incisions plus petites. Une centaine d’opérations ont déjà été réalisées depuis décembre 2020.
« Replacer l’AP-HM sur la scène de la chirurgie robotique »
Une première machine de ce type avait pris place à l’hôpital Nord en 2013. Ces robots permettent des interventions très diverses dans des champs variés : Urologie, ORL, gastro-entérologie… Rapidement, des médecins de différentes spécialités de toute la ville s’en sont emparés, et ont poussé à en acquérir de nouvelles. Pour ce faire « nous avons mis en place un comité de pilotage (Copil) avec des chirurgiens, des anesthésistes et autres personnels soignants concernés », poursuit Martine Becker. « Nous l’avons appelé le « Copil Robocop » ».
« Il fallait aussi replacer l’AP-HM sur la scène de la chirurgie robotique, à la place qui doit être la sienne », reprend le chirurgien-urologue Gilles Karsenty. Une manière également d’attirer sur le territoire de jeunes talents de la santé, comme son interne Alexandre Guigui, fraîchement arrivé de Toulouse. « J’étais bien placé au niveau des points, j’ai pu choisir Marseille, qui est très prisée, explique-t-il. En plus de professeurs qui sont des sommités, ça joue « vachement » d’avoir des robots dans les hôpitaux ». D’autant que ces trois modèles sont de très bons outils de formation grâce à leur double-commande. Comme pour une voiture d’auto-école, les élèves peuvent pratiquer sous le contrôle de leur professeur qui peut reprendre les commandes à tout moment.