L’Acte 4 de Méditerranée du futur s’est ouvert, ce matin, dans un format 100% digital. Une édition qui a pour titre cette année « 1720-2020 : de la peste au covid-19, 300 ans de résistance aux pandémies en Méditerranée », avec des scientifiques de renommée internationale. L’infectiologue Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, est revenu sur ses premiers enseignements de la crise de la Covid-19.
La quatrième édition de Méditerranée du futur s’est ouverte ce matin, de manière digitale. « La Méditerranée a besoin de phares de dialogue qui ne s’éteignent jamais, de cette solidarité constante entre les territoires. La Méditerranée a besoin que l’on parle de ce qui l’unit, plutôt que de ses divisions », déclare en ouverture Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, organisatrice de l’événement. « Aujourd’hui, nous montrons que même cette pandémie peut nous unir. Cette pandémie a changé le visage de la Méditerrannée. Elle a mis à jour des maux totalement inconnus, mais aussi des maux que l’on pensait réservés à des temps révolus ou des situations exceptionnelles ».
Pour cette nouvelle édition intitulée « 1720-2020 : de la peste au Covid-19, 300 ans de résistance aux pandémies en Méditerranée » ont été invités des scientifiques de renommée du pourtour méditerranéen, parmi lesquels le célèbre et très controversé Didier Raoult. « Depuis le début de cette crise, c’est une personnalité déterminée à donner de l’espoir et à soigner », poursuit Renaud Muselier. « Il a été le premier en France à prôner la stratégie du dépistage massif ».
Depuis le début de la crise sanitaire, 20 000 patients sont passés à l’Institut Infection Méditerranée. Et c’est désormais une habitude, Didier Raoult prévient de ne pas attendre de lui d’être « politiquement correct », déclarant d’emblée que, dans le cadre de la Covid-19, « Marseille est dans une situation particulière qui a fait que son degré de préparation était bien supérieur à celui de toutes les villes de France et probablement des villes d’Occident. Parce que Marseille est exposée, à la croisée des chemins du Sud et de l’Orient, aux épidémies depuis l’existence même de la ville ».
« La lutte contre les épidémies est un domaine régalien »
Le directeur de l’IHU est revenu sur les enseignements de cette crise sanitaire, mettant l’accent sur le rôle de l’État. « Je pense que la lutte contre les épidémies est un domaine régalien. Vous ne pouvez pas demander aux différents hôpitaux, qui sont pour la moitié des CHU en faillite, de prioriser des priorités nationales dont on ne sait pas à quelles échéances elles vont se trouver. C’est l’État qui doit dire : « Je veux que vous soyez prêt pour une situation de cette nature » ».
Une manière de souligner aussi « l’impréparation du pays » et « un retard dans l’organisation spectaculaire ». Exemple à la clé : « on le voit bien, nous, le premier jour on était prêt à rendre les résultats [des tests PCR dans la journée] et actuellement on nous promet qu’éventuellement en France, on nous les rendra dans les 24 heures à partir du 20 janvier. On ne dirige pas la lutte contre les épidémies depuis un bureau à Genève ou à Bruxelles, on fait ça avec des gens sur le terrain ».
Didier Raoult et l’hydroxychloroquine
Autre point soulevé sans détour. Pour Didier Raoult « actuellement ceux qui dirigent la thérapeutique dans le monde ce ne sont plus les médecins, ce ne sont pas les États, c’est l’industrie pharmaceutique ».
Une mise au point sur l’utilisation des molécules pour laquelle il prône une évolution du modèle : « les molécules chimiques sont éternelles. Nous avons un patrimoine de molécules chimiques absolument considérable, dont beaucoup d’entre elles sont d’origine naturelle et ont des actions multiples, qui n’ont pas été évaluées et qui ne pourront pas l’être, car elles ne sont pas rentables et parce que notre système est basé sur un brevet qui s’épuise au bout de 20 ans ».
Naturellement, Didier Raoult a abordé la question de l’utilisation de l’hydroxychloroquine qui n’a eu de cesse de faire polémique dans cette crise sanitaire. « Ça se faisait livrer sans ordonnance l’année dernière, 32 millions de comprimés distribués, et brutalement en 2020 on nous dit que ça tue 10 % des gens. Et des gens croient ça à l’OMS et au gouvernement et ils ne reviennent pas en arrière. Comment c’est possible ? », s’emporte-t-il.
Le directeur de l’Institut infection Méditerranée parle « d’une crise de crédibilité de notre monde » dont il faut tirer « La » leçon « avec un peu de lucidité », espère-t-il : « nous ne sommes pas préparés ni intellectuellement, ni techniquement. L’Histoire et la connaissance devraient aider à prendre des décisions ».