En 2021, dans le quartier de la Joliette, une enseigne d’un genre nouveau devrait voir le jour : La République. Un restaurant solidaire permettant à des personnes en situation de précarité de bénéficier d’un repas pour 1 €. Cette adresse se veut accessible à tous et incite à l’unité.
On dit que la cuisine réunit. Et une fois encore, des Marseillais le prouvent en lançant le concept inédit sur le territoire d’un restaurant solidaire, dans lequel chacun est libre de profiter d’un repas de qualité, accessible aussi à des personnes en situation de précarité. Imaginé par Gourméditerranée et l’association Collectif Solidaire, le lieu devait au départ être nommé Raviscoula, terme provençal préfigurant le projet, celui de la générosité et du partage.
Mais c’est finalement le choix de l’espace qui aura eu raison de la nomination : La République. Un nom impérieux, et pour cause, il puise sa source de l’une des artères les plus emblématiques de la cité phocéenne, la rue de la République, réunissant par ses extrémités le Vieux-Port et la place de la Joliette. Un projet qui devrait voir le jour dans quelques mois, comme nous l’indique Sylvain Martin, co-fondateur de l’association Collectif solidaire. « L’ouverture dépendra de la signature du bail. Nous pensons accéder à ce nouvel espace au plus tard le 1er février pour deux mois de travaux avant l’ouverture. C’est l’objectif que nous ciblons. Ce lieu sera pensé comme un espace d’échanges, où tout le monde peut se réunir ».
Une offre gastronomique qualitative pour tous
Ce restaurant est le fruit de la collaboration entre Sébastien Richard, vice-président de Gourméditerranée, et du Collectif Solidaire. « On s’était croisé avec Sébastien pendant le 1er confinement, on se demandait comment organiser les repas avec les commerçants et les démunis. Sur Marseille, on arrive à réaliser 600 repas par jour. On a aussi livré 20 tonnes de denrées aux associations locales. Le collectif est un facilitateur pour les ressources, avec la logistique et la récupération d’invendus. On ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin ».
Si à Paris et Bordeaux des restaurants solidaires de ce type ont déjà vu le jour, les deux acolytes ont cherché à aller plus loin dans la démarche, en proposant une offre qualitative à leurs clients. « Dans ces villes, ce sont plus des cantines pour les plus démunis que réellement des restaurants. On voit les choses à plus grande échelle. Nous allons permettre à des gens de tous horizons de se rencontrer en donnant un maximum de dignité aux personnes qui n’ont pas pour habitude de manger des plats de qualité ».
Pour cela, les gérants de la future enseigne se sont rapprochés des réseaux associatifs locaux pour imaginer un système de réservation bien précis. Car les personnes en situation de précarité devront respecter certains critères pour pouvoir accéder au lieu, notamment sur leur condition sanitaire. « La veille ou le jour-même, le 115 ou les associations de quartiers nous préviendront de l’arrivée des familles. Celles-ci viendront, comme tout autre client, manger, mais paieront leur repas 1 €. Car cela fait aussi partie de la dignité humaine de pouvoir payer ce qui est consommé. Nous n’accepterons pas les personnes qui ne se présentent pas dans des conditions d’hygiène acceptables à table, par contre, nous leur garderons toujours des denrées pour en faire la distribution en aval ».
Rudy Ricciotti dans l’aventure
Le restaurant devrait prendre place dans l’ancien Café parisien et annonce déjà être ouvert 7 jours sur 7, matin, midi et soir. A cette nouvelle aventure se joindront des parrains et marraines emblématiques, qui ont marqué la ville, dont les noms ne sont pour le moment pas dévoilés mais qui « ont une aura nationale qui permettra de rendre ce lieu visible partout ». Côté architecture, Rudy Ricciotti est également aux manettes pour imaginer un espace de vie conforme aux attentes des deux protagonistes.
Et ils ne s’arrêtent pas là, puisqu’ils pensent déjà à faire vivre la rue en accueillant différents événements. D’autre part, suivant le modèle parisien, un supermarché gratuit serait aussi à l’étude pour permettre aux associations de se fournir quotidiennement en produits alimentaires et autres.
En attendant, une cagnotte devrait prochainement être lancée pour que les Marseillais puissent prendre part à ce projet solidaire.
A lire aussi
- La rue de la République ambitionne de devenir la première rue « zéro déchet » de Marseille
- A Marseille, la rue de la République peut-elle devenir un territoire d’expérimentation ?