Depuis la diffusion et le succès du reportage sur l’histoire du rap à Marseille, la création d’une « Maison du hip-hop » revient sur le devant de la scène. L’adjoint à la culture, Jean-Marc Coppola, affirme travailler activement sur le projet pour une ouverture avant 2026. Il consulte les acteurs de la discipline pour définir la vocation et l’emplacement de la structure. Elle pourrait s’installer dans les quartiers Nord.
Tout est parti d’un tweet. Celui de la maire de Marseille Michèle Rubirola. « Ce soir, je regarde sur France 5 (à 22h30), ces Marseillaises et Marseillais qui transforment le plomb en or ». Sa soirée est réservée au visionnage du documentaire dont tout le monde parle dans la ville : « d’IAM à Jul, Marseille capitale rap ».
Signé Gilles Rof et Didier D. Daarwin, il retrace l’histoire extraordinaire du rap dans la cité phocéenne. Soprano, Jul, IAM, la FF, SCH, Keny Arkana, Alonzo, Soso Maness, Kofs, Bouga… Et de nombreux autres rappeurs, compositeurs et producteurs racontent la genèse et l’épanouissement de « l’art de rue » sur la planète Mars.
#Marseille #Rap #BandeOrganisée Ce soir, je regarde sur France 5 (à 22h30), ces Marseillaises et Marseillais qui transforment le plomb en or. Marseille est avec ces talents, cette parole qui dévore, ces rappeuses et rappeurs qui sont notre culture populaire et urbaine.
— Michèle Rubirola (@MicheleRubirola) November 14, 2020
Une reconnaissance politique qui a vite fait réagir la toile. Il faut dire que, comme le souligne le documentaire, les pouvoirs publics n’ont pas toujours soutenu le Hip-Hop dans la deuxième ville de France. Comme en 2013, lorsque Marseille devient Capitale européenne de la culture mais que le mouvement artistique ne bénéficie quasiment pas des dispositifs et investissements pharaoniques déployés.
Un symbole pour certains, qui rappellent que depuis 30 ans, c’est à la force de leur seul talent que les représentants du hip-hop marseillais se sont hissés aux sommets de la discipline. Sans compter l’économie générée par les concerts, les performances et les millions de disques écoulés en France et dans le monde.
Jean-Marc Coppola n’a pas manqué de réagir au tweet de la maire de Marseille, dont il est l’adjoint à la culture : « superbe hommage à des Artistes et une culture à reconnaître mieux que cela ne l’a été à Marseille, créons une Maison du hip hop… »
#Marseille #Rap #BandeOrganisée superbe hommage à des Artistes et une culture à reconnaître mieux que cela ne l’a été à Marseille, créons une Maison du hip hop… https://t.co/Fr1BrR8LuU
— Jean-Marc Coppola (@JeanMarcCoppola) November 15, 2020
Une maison du hip-hop « avant la fin de la mandature »
Ces quelques mots ont trouvé leur public. Une partie n’a pas manqué de les relayer, comme pour graver la promesse. À commencer par le réalisateur du documentaire et correspondant du Monde à Marseille, Gilles Rof, qui s’est réjoui de l’annonce.
Ou encore le député des quartiers Nord, Saïd Ahamada (LREM), qui affirme son soutien au projet. Il apparaît d’ailleurs dans le reportage pour son passé de rappeur au sein des Black Tiger Force, et leur combat contre « les fachos et les racistes » qu’ils ont contribué à « sortir du centre-ville de Marseille ».
Tres bonne initiative ! Nous attendons cette Maison du hip hop depuis longtemps ! Je serai à vos côtés pour mener à bien ce projet. https://t.co/NOnx0TPsEW
— Saïd Ahamada (@saidahamada) November 15, 2020
Mais si en quelques jours le projet est déjà sur toutes les lèvres, il ne tient encore qu’en un tweet. Le succès de ce dernier appelle l’adjoint à la Culture à tempérer les impatiences : « À l’heure actuelle, nous en sommes à zéro », explique-t-il. Son objectif ? « Créer la maison du hip-hop avant la fin de la mandature ».
Un calendrier qu’il estime nécessaire pour bâtir une structure « à la hauteur de ce que représente cet art pour la ville ». L’heure est à l’état des lieux. Rencontrer les acteurs marseillais de « l’art de rue » pour « définir les vrais besoins. Je consulte un maximum d’artistes concernés ». Un travail qu’il a engagé « dès les municipales 2020 ». En effet, dans son programme de campagne, le Printemps marseillais expliquait déjà vouloir « que la culture hip-hop, si vivante à Marseille, trouve enfin les lieux d’expression qu’elle mérite ».
Quartiers Nord ou centre-ville ?
Jean-Marc Coppola estime que la future Maison du hip-hop devra être « un lieu de croisement, de partage, identifié, pour centraliser les rencontres ». En centre-ville, donc ? Ou plus au nord, pour renforcer le manque d’offre culturelle décrié sur ce territoire ? « Ce serait un signe fort de reconnaissance et de valorisation des quartiers Nord », répond l’élu, sans exclure une hypothèse plus centrale. « Il faut voir avec les acteurs ce qui fait sens ».
Il faut voir avec le foncier disponible aussi, et les marges de manœuvre financières. Dans ce sens, l’adjoint à la culture affirme qu’un « état des lieux » est déjà en cours avec ses homologues de l’urbanisme et de l’économie, Mathilde Chaboche et Laurent Lhardit. Ce dernier étudie d’ailleurs la création d’un pôle de production audiovisuelle à Marseille « pouvant évoluer en une cité du cinéma ». Elle pourrait s’installer sur le site des anciens abattoirs de Saint-Louis (15e), propriété de la Ville. Jean-Marc Coppola y est « défavorable »*, et considère notamment ce site comme « une piste potentielle pour la future Maison du hip-hop ».
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Un avant-goût avec le « Trace Talent Marseille »
La vocation d’une telle structure reste également à définir. Pour l’élu, « elle sera certainement multiple », au regard du hip-hop, qui regroupe cinq disciplines (le DJing, le rap, le beatbox, le breakdance, et le graffiti). Mais il évoque un lieu « de partage, de transmission, de formation… »
Des mots qui font écho au « Trace Talent Marseille » qui vient d’être lancé à Marseille par le groupe Trace Média (on vous en parle en avant-première ici). Ce dispositif de taille invite de jeunes passionnés de création musicale à se professionnaliser grâce à un accompagnement adapté, aux côtés de figures incontournables de la scène marseillaise et française.
Directrice des opérations spéciales et des événements du groupe, Virginie Koné estime que la Maison du hip-hop « peut s’inscrire sur les mêmes missions. De la transmission, de la diffusion de spectacle vivant, un pôle entrepreneurial… Si on peut aider ! ». À bon entendeur.