Colori accompagne les enfants dans leur éveil au monde numérique, en s’amusant et sans écran. À destination des 3-8 ans, cette méthode, inspirée de la pédagogie Montessori, débarque à Marseille. Explication avec la fondatrice, Amélia Matar.

Cubes en bois, gommettes, jetons… C’est grâce à ces simples objets que, dès le plus jeune âge, les enfants peuvent se familiariser avec l’univers des nouvelles technologies. À l’heure actuelle, pour satisfaire leur curiosité, le seul outil reste l’écran qui, selon différentes études, engendrerait des effets néfastes lorsque son utilisation est prolongée et non accompagnée.

La méthode Colori, créée par Amélia Matar en 2017, repose sur des activités ludiques et des ateliers pratiques. Cette ancienne directrice de marketing dans le digital s’est penchée sur le sujet à la naissance de son fils. « J’ai pris conscience que les jeunes enfants étaient baignés dans la révolution numérique et qu’il était important de leur apporter des éléments d’explications par rapport à cet environnement, de manière à ce qu’ils développent un esprit critique et soient dans une posture plus active face aux écrans et moins dans une consommation passive, explique la fondatrice. Le numérique va transformer 40% des métiers d’ici à 2030. Il faut préparer les enfants à ce bouleversement ».

, Colori, la méthode sans écran pour apprendre à coder dès le plus jeune âge, Made in Marseille

« Nous sommes partis d’une réflexion sur les besoins de l’enfant »

Pour mettre au point sa méthode, Amélia s’est inspirée de méthodologies d’éducation alternative. La pédagogie Montessori d’abord. Mais elle s’est aussi appuyée sur différents travaux, comme ceux de Kimberly Smith, chercheuse au MIT Media Lab et fondatrice de Learning Beautiful [qui propose l’apprentissage à domicile, dont du matériel pour permettre aux jeunes enfants d’apprendre les bases de l’informatique, sans ordinateur, ndlr], ou encore les ouvrages de Linda Liukas, auteure, développeuse, et illustratrice. « Nous sommes partis d’une réflexion sur les besoins de l’enfant, notamment puisqu’on s’adresse aux 3-8 ans », explique Amélia Matar.

Dès 3 ans, les enfants sont plongés, sans s’en apercevoir, dans l’univers du code, de la programmation, du système binaire, et de la logique informatique, et tout cela grâce à des contenus adaptés et par le biais du jeu. Le fil directeur de l’apprentissage est un conte. Les aventures de Justine et Pierrot, et le petit robot Cubetto, construit avec de vrais composants électroniques.

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Mosaïques, art plastique, imagination… Une cinquantaine d’activités déconnectées

Au fil de l’histoire, les enfants découvrent, via la narration, des concepts informatiques comme les algorithmes, le système binaire, le fonctionnement d’un robot et même l’intelligence artificielle. « A partir de ces différents chapitres, on va leur proposer des activités liées aux concepts qu’ils auront découverts dans la narration, explique Amélia. Ils vont pouvoir s’essayer aux algorithmes. C’est simplement une suite d’instructions précises en vue d’accomplir une tâche ou de résoudre un problème. Cette notion n’est pas directement liée à l’informatique, elle peut être manipulée sans écran ».

Les enfants se voient ainsi proposer des algorithmes de leur vie quotidienne : l’algorithme « se laver les dents », « faire pousser une plante », « faire une crêpe »… « Ils peuvent également se mettre dans la peau d’un développeur, en donnant des instructions précises à leurs petits camarades qui vont endosser le rôle du robot… » Et même véritablement programmer Cubetto, de manière à ce qu’il se dirige sur un tapis, qu’il atteigne différents objectifs.

Pour la découverte du système binaire, le fameux 1 et 0, base de la programmation informatique, place aux mosaïques et gommettes, avec un atelier à la croisée entre l’informatique et l’art plastique. Les enfants réalisent ainsi des dessins de code composés de un et de zéro.

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© Colori

Le module intitulé « culture et vocabulaire », quant à lui, part à la découverte du fonctionnement d’un robot à travers des collages… Ils découvrent aussi la robotique à travers la présentation de plusieurs robots, utilisés dans le secteur médical, industriel, de loisirs…

Colori développe ainsi une cinquantaine d’activités déconnectées.

A Marseille, la méthode est proposée au centre « Les Petits Bilingues »

Depuis sa création, 2000 enfants ont été initiés à la méthode Colori. Parallèlement, enseignants, animateurs de centres de loisirs, médiateurs en bibliothèques… 300 adultes ont été formés à cette pédagogie.

Une quarantaine d’écoles en France accueillent des ateliers récurrents dans une dizaine de communes d’Île-de-France principalement. L’objectif est de développer la méthode à travers la France, et permettre à différentes municipalités de la mettre en œuvre au sein des établissements scolaires.

Depuis quelques semaines, toute personne qui prend en charge régulièrement des enfants peut se former grâce à une formation en ligne, via des vidéos et du matériel. À Marseille, Colori est appliqué au sein du centre d’apprentissage de l’anglais « Les Petits bilingues » (7e) qui met également l’accent sur la méthode d’apprentissage adaptée. « Et on espère pouvoir former d’autres personnes pour déployer Colori dans le Sud ».

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En septembre 2018, ouverture de la Maison Colori, un « laboratoire de recherche » destiné à développer et tester de nouvelles activités, mais aussi à recevoir des parents et des professionnels de l’éducation qui désirent se former à la méthode Colori.

 

Pour plus de diversité dans les métiers du numérique

Colori permet aussi d’aborder l’univers du numérique sous un autre regard. Justine et Pierrot, les personnages du conte, incarnent tous les deux la diversité, ou plus exactement « le manque de diversité que l’on observe, aujourd’hui, dans les métiers du numérique. Quand on regarde sur des postes techniques, liés au développement informatique, à la programmation, bien souvent le profil reste pour une grande majorité des hommes blancs », note Amélia.

Elle met l’accent sur l’importance d’avoir plus de femmes, et plus de diversité de manière générale, dans les métiers du développement technologique, « parce que les gens qui développent des applications les développent avec des biais cognitifs liés à ce qu’ils sont. On a vu des applications de reconnaissance faciale, par exemple, qui reconnaissaient moins les peaux noires, parce que les développeurs étaient tous blancs ou alors des applications d’octrois de crédit moins favorables aux femmes, parce qu’encore une fois les données d’entrées ne reflétaient pas la diversité de notre société ». 

S’il est encore trop tôt pour savoir si cette méthode permet véritablement de susciter des vocations, les premières observations sont encourageantes. « Les enfants se sont passionnés pour le sujet. Ce qui est certain c’est que l’on suscite leur curiosité, et la plupart des enfants expriment et verbalisent des choses sur le numérique qui montrent qu’ils ont développé une réflexion assez aboutie sur la question ».

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