Ce matin, le conseil municipal de Marseille devra se prononcer sur une délibération portant sur l’augmentation des effectifs de la police municipale. Les nouvelles missions des policiers et le moratoire sur les caméras de vidéo-protection devraient animer les débats.
La sécurité ! Lors des dernières élections municipales, les partis de gauche se sont emparés de cette question, souvent considérée comme l’apanage de la droite. Le Printemps Marseillais en a d’ailleurs fait l’un de ses thèmes de campagne sous le volet « prévention, civisme et sécurité ».
Les fameux 100 jours n’ont pas encore été atteints, mais le conseil municipal de ce matin est l’occasion pour la nouvelle municipalité « d’imprimer sa marque dans les délibérations ». Cette séance de rentrée – qui sera présidée par Benoît Payan, le premier adjoint* – est considérée comme celle « des impulsions ». Celle où il convient de montrer qu’avec « de la volonté politique, il est possible de tenir ses engagements », déclare Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité.
100 policiers municipaux supplémentaires
Un champ d’action que la majorité entend renforcer, car « il y a besoin de remettre de l’ordre dans cette ville, mais la remettre dans le bon ordre ». Comme nous l’indiquions il y a quelques jours, la Ville prévoit de renforcer l’effectif de sa police municipale. Une première phase d’action qui vise à répondre à l’engagement de campagne de doubler les effectifs de la police municipale d’ici à la fin du mandat.
Si la délibération est adoptée, ce lundi 5 octobre, la police municipale passera de 450 à 550 agents. Les 450 policiers sont, à l’heure actuelle, répartis sur trois bases situées boulevard de Plombières, boulevard Françoise Duparc et boulevard Longchamp. Plusieurs unités y sont déclinées (piétons, vététistes, scooters, motards, segways, brigades de nuit) couvrant une plage horaire de 6h à 4h, 7/7j, 365 jours par an.
« Rendre ce service public plus efficace et plus efficient »
« Cette délibération est à la fois une réponse à ce que nous avons vécu durant la saison estivale et à ce que vivent quotidiennement nos concitoyens, explique Yannick Ohanessian. L’objectif est de rendre ce service public plus efficace et plus efficient avec un plan pluri-annuel qui débute par le recrutement de 100 premiers policiers municipaux affectés sur le terrain », dès leur sortie de l’école de formation.
« C’est considérable », insiste l’élu, précisant qu’il s’agit d’une « action structurelle ». Elle est complétée par d’autres mesures, comme l’augmentation des brigades de nuit (au nombre de trois actuellement) pour mieux couvrir les 111 quartiers et 57 kilomètres de littoral que compte la cité phocéenne.
Le Printemps Marseillais s’attaque au stationnement anarchique
D’autre part, le Printemps Marseillais a décidé de « prendre à bras-le-corps », la problématique du stationnement anarchique, avec la création d’une brigade dédiée, avec des ASVP (agent de surveillance de la voie publique) « qui verbaliseront ». Elle sera mobilisée tous les jours, de 8 heures à 19 heures. « Tout le monde doit respecter un principe simple : l’espace public appartient à tout le monde », insiste l’adjoint à la sécurité.
Sur la question du stationnement, et dans le but d’harmoniser l’offre, l’élu fera des propositions, ce matin, à Martine Vassal, présidente (LR) de la Métropole Aix-Marseille Provence. « Si on veut être le plus efficace possible, dans une vision globale de la ville et de l’espace public, il va bien falloir qu’à un moment donné, on se mette d’accord sur une politique tarifaire, une politique de stationnement », déclare l’élu, qui a écrit aux services de la Métropole pour travailler conjointement sur ce dossier.
Des missions remises en question par l’opposition
La droite accueille favorablement ces nouvelles embauches, mais souhaiterait avoir une visibilité sur les départs, une feuille de route ainsi qu’un calendrier des recrutements.
Lors du conseil municipal, elle devrait mettre en avant une « opposition fondamentale », sur les missions dévolues aux nouveaux agents de police. « Le stationnement anarchique, ce n’est vraiment pas à la hauteur de ce qu’on souhaite, nous, pour la ville de Marseille en termes d’utilisation de pouvoir de police du maire, c’est-à-dire la tranquillité et la salubrité publique », confie Julien Ravier, maire (LR) des 11-12e pour encore quelques semaines.
« Il est grand temps, aujourd’hui, que notre police municipale soit en nombre suffisant et puisse venir travailler sur la lutte contre les incivilités qui pourrissent le quotidien des Marseillais, le stationnement anarchique n’en est qu’une toute petite facette, alors que ce que demande aujourd’hui la population, ce sont des policiers municipaux sectorisés pour lutter contre les jeunes qui font du tapage nocturne le soir, les déjections canines… C’est sur ces missions qu’on souhaitait mettre l’accent ».
« Le moratoire ne veut pas dire que l’on va supprimer toutes les caméras de la ville ».
L’autre désaccord porte sur le moratoire sur les caméras de vidéo-protection qui figure dans le programme du Printemps Marseillais. « C’est totalement irresponsable et incompréhensible par la population et les services de police. Les caméras ont prouvé qu’elles étaient un outil de dissuasion », reprend le futur député LR des Bouches-du-Rhônele futur député LR des Bouches-du-Rhône.
« Trouver les orientations de bon sens »
Une fois installé dans ses fonctions, Yannick Ohanessain a « creusé » le sujet. « Le Printemps Marseillais a aussi été élu sur ses promesses de ne pas tomber dans le piège d’une forme de binarité, c’est-à-dire “tout ou rien”. Le moratoire ne veut pas dire que l’on va supprimer toutes les caméras de la ville. Il faut trouver les orientations qui font sens, et plutôt de bon sens », indique-t-il, loin de ce qu’il décrit comme « une forme d’idéologie outrancière » qu’il attribue à l’opposition municipale.
« Depuis 2012, l’ancienne municipalité a fait installer 1185 caméras considérant que c’était l’alpha et l’omega au service de la tranquillité publique. Depuis 2012, le sentiment d’insécurité n’a pas baissé, il n’y a pas eu d’effets notoires, pas de médiation. Cela a été fait au détriment de la présence humaine sur le terrain, au détriment des attentes et des besoins des administrés », poursuit l’élu.
La majorité va réviser le déploiement de la vidéo-protection
Il dresse le constat suivant : certaines caméras de vidéo-protection positionnées à des endroits stratégiques de Marseille remplissent leurs fonctions, et sont utiles à la police nationale « pour essayer a posteriori d’élucider un certain nombre d’affaires ».
Parallèlement, il indique que le coût-bénéfice [prévention, dissuasion] du dispositif déployé est « trop important ». La Ville n’entend pas freiner le déploiement de la phase 2020-2021, déjà acté et dont les co-financements – notamment avec l’État – ont été engagés, mais le réajuster. « On va regarder l’efficacité. Nous verrons là où les caméras sont prévues, s’il est opportun de les garder à ces endroits-là. Nous avons d’autres ambitions, d’autres volontés en fonction des attentes de la population ».
Ce travail est effectué en relation avec le préfet de police et le directeur départemental de la sécurité publique. Les caméras existantes continueront à être entretenues.
* Benoît Payan, premier adjoint est maire par intérim depuis l’opération de Michèle Rubirola. Si « elle va vers le mieux », confiait récemment ses adjoints, la maire de Marseille n’a, pour l’heure, pas encore été autorisée par ses médecins sa reprise.