En projet depuis plusieurs années, le musée Picasso qui devait ouvrir ses portes au couvent des Prêcheurs, à Aix-en-Provence, ne verra finalement pas le jour.
Il n’y aura finalement pas de musée Picasso à Aix-en-Provence. La Ville a décidé de mettre un terme au projet cet été, après quatre ans de négociations avec la belle-fille du peintre, Catherine Hutin. L’héritière de l’artiste possède une collection de plus de 2 000 œuvres qui devaient trouver place au sein du couvent des Prêcheurs.
Par notaires interposés, la municipalité aixoise et Catherine Hutin n’ont pas réussi à trouver d’accord. « Malgré les efforts », il n’a « pas été possible de formaliser la rédaction d’un compromis de vente », confie Catherine Hutin, à La Provence.
L’ancien couvent devait être cédé à la société de l’héritière pour 11,5 millions d’euros.
Attristée par la situation, elle explique également à nos confrères que la Ville souhaitait qu’elle s’engage « à ouvrir le musée en trois ans, puis en cinq ans. C’est complètement impossible quand on est tributaire de tant de travaux, et si je ne m’y tenais pas, il y avait de très importantes pénalités financières ».
L’héritière en quête d’un nouveau site
Sur les 4 500 m2 du bâtiment qui devaient être restaurés, dont 1 000 m2 devaient être consacrés à l’accueil d’une exposition permanente dédiée à l’œuvre du maître espagnol et 500 m2 pour des expositions temporaires. Le musée devait également abriter un espace de documentation sur le peintre, un auditorium de 200 places, une cafétéria, un restaurant et des réserves.
Pour l’adjointe à la culture de la Ville d’Aix, Sophie Joissains, les intérêts des deux parties divergeaient, « principalement sur la clause d’affectation de 15 ans », nous explique l’élue. « Catherine Hutin ne veut pas s’engager sur ces 15 années, à partir de l’ouverture du musée. Le projet ne s’est pas conclu essentiellement pour cette raison, car c’est une exigence pour une collectivité lorsqu’il s’agit d’un équipement qui appartient à la Ville et qui plus est se trouve dans un secteur stratégique ».
Le risque ? Voir le projet se transformer ou encore le site vendu après quelques années d’exploitation. « Pour l’Hôtel de Caumont nous avons fait la même chose. Nous avions une clause d’affectation de 15 ans. On ne peut pas déroger à ça. Dans la vie nous ne sommes jamais à l’abri d’un tas d’événements qui peuvent se produire et changer l’orientation de notre vie. Imaginez qu’elle change d’avis, nous, Ville, nous avons besoin de garanties juridiques ».
Quel avenir pour le couvent des Prêcheurs ?
À 72 ans, l’héritière de Picasso espérait se consacrer pleinement à ce lieu culturel qui aurait pu accueillir environ 500 000 visiteurs par an, soit aux alentours de 1 500 visiteurs quotidien. Si elle accuse le coup pour l’instant, elle entend se remettre en quête d’un autre lieu pour rendre hommage à Picasso. Si d’aventure, elle décidait d’accepter la clause, la Ville d’Aix reste ouverte au projet bien qu’aujourd’hui elle envisage d’autres pistes pour le couvent.
La Ville va lancer un appel à projets avant la fin de l’année. « On est en train de travailler dessus, car il est vrai que c’est un lieu qui est vaste. Il présente à la fois beaucoup de possibilités et en même temps, il a une dimension qui n’est pas simple non plus. On est en train de regarder l’ensemble des caractéristiques et ce qui pourrait le mieux aller dans le sens des commerces du haut de la ville », poursuit Sophie Joissains, sans en dévoiler davantage.