Avec 10,5 %, Bruno Gilles (DVD) est le dernier candidat à entrer sur le terrain pour cette entretien politique. Le sénateur des Bouches-du-Rhône revient sur cette campagne particulière, sa relation avec la droite marseillaise, ses ambitions pour Marseille…

, 2e mi-temps : Notre grand entretien des élections municipales avec Bruno Gilles, Made in Marseille

 

Quelle analyse faites-vous de vos résultats du premier tour ?

En voulant positiver, notre électorat traditionnel ne s’est pas déplacé le 15 mars. À peu près 12 000 personnes de plus de 65 ans ne sont pas allées voter. Ça ne veut pas dire que je n’ai qu’un électorat de personnes retraitées, mais malgré tout, elles ne sont pas allées voter, en raison du contexte sanitaire. On fait la plus faible participation dans les bureaux traditionnellement à droite, et dans les bureaux traditionnellement à gauche, Michèle Rubirola y a fait ses voix.

Lorsqu’on additionne toutes les forces de gauche de mars 2014, c’est-à-dire Carlotti, Coppola, sous les couleurs du Parti communiste, plus Rubirola qui portait déjà les couleurs des Verts dans le 4-5, on arrive à peu près à l’addition que l’on a aujourd’hui, c’est-à-dire aux environs des 10 000 voix. J’ai pu étudier sereinement durant le confinement, le taux d’abstention, sur les photocopies des cahiers d’émargement, et on voit que l’on a énormément de réserves de voix. On fait tout pour mobiliser. Même si l’écart en termes de voix est important, c’est rattrapable.

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Vous attendiez-vous à vous faire battre par le Printemps Marseillais, union des gauches, dans votre secteur où vous avez pourtant été élu à quatre reprises ?

Le gros de l’explication, c’est que notre électorat et tous les électeurs ne se sont pas déplacés, par crainte. C’est vrai que le dimanche matin, lorsque l’on fait le tour des 52 bureaux de vote, avec Marine Pustorino, on est mal. Sans faire de délit de faciès, je ne vois pas mes électeurs. Désolé de le dire comme ça, mais, on ne voit pas les nôtres, dans les bureaux traditionnels (Chave, Cinq avenues…) Par contre, dans les bureaux de vote populaires, les résultats sont bons (Chutes-Lavies, Boisson, Saint-Pierre…) Là, on retrouve nos électeurs, et la participation est plus forte. Là où les gens se sont le plus déplacés, il y a eu la prime au sortant.

Pour Michèle Rubirola, ce score est le résultat de la dynamique de son mouvement, mais aussi au fait que les habitants de ce secteur veulent changer « d’ère et d’air », je la cite. Qu’en pensez-vous ?

Le jeu de mots est intéressant. Une partie des habitants, c’est vrai, a besoin de changer d’air, mais une autre partie est satisfaite des conditions de vie de tous les jours qu’ils connaissent, notamment parce qu’ils ont vu ce secteur se transformer : l’augmentation des maisons de quartier, des espaces verts, même si on l’oublie, le doublement du nombre de places en crèche… Ici, les écoles ne s’écroulent pas. Il y a une qualité de vie intéressante, c’est pourquoi beaucoup viennent s’y installer. On y retrouve deux populations différentes.

Votre commentaire sur le 2-3, avec votre candidate Lisette Narducci et le 11-12, avec Robert Assante.

Je suis content, car même de quelques voix [72] Lisette Narducci passe devant Solange Biaggi [candidate LR]. Lisette s’est d’ailleurs mise en position de résultat possible au second tour avec la fusion avec Maliza Saïd (LREM). Je regrette et je regretterai toujours le maintien de la candidature de Solange Biaggi, qui n’a plus aucune chance d’y arriver, mais qui peut favoriser la victoire de Benoît Payan (Printemps Marseillais).

Quant à Robert Assante, il fait plus de 10 %, donc il a décidé de se maintenir. On est présent dans trois secteurs.

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Martine Vassal estime que le maintien de vos listes, comme celle d’Yvon Berland, lui fait perdre des voix ?

On peut analyser aussi les choses différemment. C’est aussi peut-être geler la possibilité pour certains de partir rejoindre le Front national. Ça gèle aussi des voix dans le bon sens du terme. Le cabinet du maire disait souvent de Robert Assante « c’est le lièvre du Front national ». En se maintenant aux dernières élections législatives, ça empêchait la progression du FN. Peut-être que ce sera pareil pour ces municipales…

Avez-vous des regrets et à contrario des réussites à relever durant cette campagne de premier tour ?

Pour moi, c’est extraordinaire, presque miraculeux d’arriver à faire presque 22 mois de campagne, avec peu de moyens, sans avoir l’aide d’une collectivité, d’un poids lourd local ou national. Quel que soit les résultats, ça restera tellement une belle aventure, d’avoir pu discuter, croiser des dizaines de milliers de Marseillais. De ce point de vue-là, je ne regrette rien.

Mon regret serait peut-être de ne pas plus avoir séduit les Marseillaises et les Marseillais avec le projet, qui était réfléchi, discuté, amendé. Un projet participatif. Mais aussi des regrets envers ma famille politique qui n’a pas réussi à imposer au départ ce fameux ticket. Je dis ça, en me positionnant il y a 22 mois, plus maintenant. Et l’installation d’une relation plus apaisée, ce qui n’est plus possible avec Martine Vassal. Je pense que si on avait réussi à avoir cette union à l’époque, je dis bien à l’époque, on n’aurait pas fait 22 % + 11% = mais 33%. Je pense qu’on aurait fait bien plus. Il a manqué la volonté de Paris, de Jean-Claude Gaudin, de Renaud Muselier… Si les choses se terminent mal le 28 juin, tout le monde n’aura plus qu’à s’en mordre les doigts.

Craignez-vous que l’on vous impute l’échec de la droite, si échec il y a, le 28 juin prochain ?

Pas du tout. Je n’ai pas à porter la croix d’une éventuelle défaite qui n’est pas là, et si défaite il devait y avoir. J’ai été clair depuis le début. J’ai toujours dit que j’irai jusqu’au bout, que là où je pourrais me maintenir je me maintiendrais. Par ailleurs, comment voulez-vous faire des accords lorsqu’il n’y a aucun contact ? Et que l’on est sur une succession de mauvaises manières, comme lorsque j’apprends en direct d’une conférence de presse que ma tête de liste dans le 6-8 rejoint Martine Vassal. Il aurait été plus propre de me le dire la veille. Il est parti seul négocier sa place au conseil municipal et à la Métropole, en laissant derrière lui 53 de ses colistiers. Je laisse la liberté à chacun de faire ce qu’ils souhaitent là-bas, d’autant que sa démarche n’a pas fait l’unanimité. , 2e mi-temps : Notre grand entretien des élections municipales avec Bruno Gilles, Made in Marseille

Vous dites que vous n’avez plus aucun contact. Paris a joué les médiateurs entre vous. Le dialogue est-il définitivement rompu ?

C’est fou. On a communiqué par l’intermédiaire de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, et du président du Sénat, Gérard Larcher… Après le confinement, ils voulaient être sûrs d’un climat apaisé. C’était de la médiation, pour voir s’il y avait des possibilités d’accords, mais je n’en étais plus là. Si un geste avant été fait dans le 2-3 peut-être y aurait-il pu avoir des discussions. Mais même pour ça, il n’y a eu aucune discussion. Moi, ça ne m’a pas gêné pourtant d’appeler à voter pour Sabine Bernasconi (1er secteur).

Même si cette élection est plus ouverte que jamais, la droite pourrait perdre Marseille, après 25 ans du règne de Jean-Claude Gaudin. Qu’a-t-il manqué selon-vous ?

Politiquement, je pense que la succession de Jean-Claude Gaudin a mal été amenée. À un moment, le maire aurait pu aller plus loin. Vous savez, je garde toujours dans mon bureau l’article de septembre 2017 « Gaudin désigne son successeur », [La  Provence] qu’il n’a jamais démenti d’ailleurs. Pour écrire le dernier chapitre de son livre – qui n’est pas écrit dit-il, il attend le 28 juin – ça aurait été facile.

Il aurait fallu qu’il marque l’histoire en disant : « j’ai gagné dans cette ville, après m’être présenté plusieurs fois, j’ai conservé cette ville quatre fois et puis j’ai tout fait pour la transmettre à mes amis politiques », et « politique » au sens large du terme. Vous m’avez souvent entendu dire « Marseille, ce n’est pas une ville de droite ou de gauche. C’est une ville populaire ». Et populaire, c’est noble. Le maire avait-il vraiment envie d’avoir une succession apaisée ? La question reste posée. Je ne le sais pas, et je n’y répondrai pas.

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Vous pensez vraiment que le maire de Marseille ne veut pas d’héritier(e) ?

C’est peut-être anecdotique ce que je vais dire, mais dans la salle de l’ancien conseil municipal, avant de rentrer dans le bureau du maire, il y a tous les cartouches. Il n’en reste qu’un après celui de Jean-Claude Gaudin. Juste un carré où sera inscrit le nom du futur ou de la future maire de Marseille. À cet endroit-là, il y a une fissure, c’est fou. Pour moi, c’est symbolique ! J’ai le sentiment que personne n’a voulu une succession apaisée. Le maire peut-être pas, mais tous les autres aussi…  C’est peut-être ça qui va manquer, car cela aurait pu permettre au prochain maire d’avoir une vraie majorité, pour faire aussi différemment…

Vous employez souvent le terme d’apaisement. Quelle aurait été selon-vous la meilleure stratégie si vous pouviez réécrire l’histoire ?

Le 30 juin 2017, quand le maire décide de laisser la Métropole à Martine Vassal, il aurait pu faire pareil pour la Ville, et dire c’est toi [Bruno Gilles]. S’il était allé au bout de cette démarche, s’il avait vraiment voulu marquer l’histoire, il aurait démissionné, puis laissé à son successeur la possibilité d’être maire pendant un an et demi, deux ans. Il serait resté conseiller municipal, resté vice-président du Sénat et je suis sûr que cette fin de mandat aurait été différente. On aurait eu le drame de la rue d’Aubagne, c’est vrai, mais on aurait géré différemment.

Ça aurait aussi tout changé pour vous ? Votre campagne, l’investiture, les alliés…

Sans doute. Au lieu d’être en campagne pendant 22 mois, j’aurais été maire jusqu’au bout. Peut-être, en même temps, le candidat des Républicains. Avec des « si » on ne met pas Paris en bouteille, on ne mettra pas Marseille en bouteille, mais ça aurait pu aussi effectivement changer beaucoup de choses. L’histoire s’écrira différemment. Et dans moins d’une semaine maintenant…

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Un mot d’abord sur cette campagne particulière et le climat politique à Marseille.

Il est temps que ça se termine. Il faut dire la vérité, tout le monde est au bout du bout nerveusement, physiquement. On va rentrer dans le Guinness book de l’entre-deux-tours le plus long du monde, et pour moi avec la campagne la plus longue du monde avec ses 22 mois (rires). Ça n’aura pas été une campagne où l’on a enfilé des perles et marché sur des pétales de roses tous les jours, même si on prend plaisir à être au contact des Marseillais. Et ce qui se passe aujourd’hui n’est rien de plus que ce qui a été dénoncé par tous, lors de la fin du premier tour. Même s’il doit y avoir un point final, j’aurai sans doute un pincement dans la voix et même une larme à l’œil, quand vendredi je vais réunir toute mon équipe, les militants… Ça a été une aventure humaine plus que politique d’ailleurs.

Comment menez-vous votre campagne sur le terrain ?

À partir de la deuxième semaine de déconfinement, on a repris les visites de quartiers traditionnels, surtout dans le 4-5, avec Marine Pustorino, dans le respect des règles sanitaires. On reste sur notre projet dans ce secteur. Par exemple, quel avenir pour l’ancien commissariat de la rue Jean-Martin ? Je pense que la Ville de Marseille doit préempter et y faire un grand groupe scolaire. Ou encore, comment préparer un possible désengagement de l’Etat italien du consulat général d’Italie, – que je comprendrais financièrement – dans le 5e arrondissement, avec l’Institut culturel italien ? C’est un lieu magique. Il est hors de question qu’il soit urbanisé, qu’un privé y fasse un immeuble… Oui, il faut refaire le jardin Longchamp en totalité. J’attends toujours le financement du Conseil départemental. Je n’ai pas vu un euro. On continue à expliquer notre projet aux habitants.

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Le sujet des écoles et le logement insalubre restent des axes forts de votre projet ?

Lorsque j’ai signalé des choses, je l’ai fait, car j’estimais qu’il fallait trouver des solutions. Ça ne sert à rien de faire l’autruche, comme pour le PPP des écoles. J’ai beaucoup discuté avec les responsables de la Banque des territoires (Caisse des Dépôts et Consignations) pour savoir s’il était possible de lancer un « plan-école réussite 2020-2040 ». Dans ce cadre, il faut trouver 1 milliard, et ne pas augmenter les impôts, donc il faut emprunter.

Je continue à garder dans le budget de la Ville, 50 millions d’euros par an qui permettront de continuer à faire les travaux dans les écoles, plus ou moins en bon état, et pour celles qui méritent une reconstruction totale ou partielle, j’ai recours à ce « plan-école-réussite » avec un investissement d’un milliard d’euros.

Sur le drame de la rue d’Aubagne et la lutte contre le logement insalubre, j’aurais pu me cacher derrière le paravent des compétences qui sont pour la plupart décentralisées à la Métropole. Le futur maire de Marseille doit s’emparer de cette question. Chaque fois qu’il y a un problème grave de logements insalubres, la mairie doit rapidement, pourquoi pas via la justice, via le procureur dédié, demander si le propriétaire peut faire les travaux, et s’il ne peut pas ou ne veut pas, la Ville doit se substituer. Il faut une vraie volonté politique.



Êtes-vous toujours opposé au projet de Martine Vassal sur l’extension du Parc Borély ?

C’est de la folie d’imposer des choses que les gens ne veulent pas. J’étais contre au départ, je le suis toujours… Je veux du concret et du pragmatique, sans projet tape-à-l’œil. Avec 150 millions d’euros, je préfère faire deux piscines. Je me projette déjà comme maire. Moi, je veux poser la première pierre de la piscine de Luminy et celle des quartiers Nord le même jour, pour montrer que le Nord et le Sud ne sont pas traités différemment. Ça va vous paraître présomptueux, mais j’ai voulu tenter de faire le bonheur des Marseillaises et des Marseillais avec des projets réalisables, alors que finalement, ça ne les a pas touchés.

Qu’entendez-vous par là exactement ?

Ils préfèrent peut-être que l’on continue à leur promettre le métro et le tramway à l’hôpital Nord, alors qu’on se déplacera en soucoupe volante qu’ils n’y seront pas. J’ai été un des seuls à vouloir faire une ligne de bus. J’ai regardé quel est le pourcentage de gens habitant dans le 13, 14, 15, 16 qui vont à l’Hôpital nord ? 45% ! Je veux m’occuper de ces gens-là. On ne trouvera jamais les 3 à 5 milliards qu’il faut pour investir dans les transports en commun sur la totalité de la métropole. Et l’État n’aidera jamais sur un tel montant financier. J’ai voulu essayer d’apporter des solutions à beaucoup de choses : les écoles, la décentralisation dans les mairies de secteurs… Il faut décentraliser les petits travaux des écoles. Il faut décentraliser les brigades de police municipale… pour intervenir plus rapidement.



Marseille n’aura visiblement pas de débat du second tour. C’est inédit dans la deuxième ville de France. Vous le regrettez ?

Je suis effaré. Il n’y a déjà pas eu de débat au premier tour, et il y a eu la grève à France 3, mais il n’y a pas que France 3 dans la vie, même si ça reste le débat traditionnel depuis que les débats existent à la télé. Martine Vassal ne voulait pas débattre, en parlant d’un front anti-Vassal, c’est une vue de l’esprit. Sous prétexte qu’elle est présidente de la Métropole et du Département, elle aurait pu se faire taquiner ? Oui, mais quand même… Une fois qu’on a dit que tout est pourri. Le débat porte sur : « qu’est-ce qu’on fait ! »

Maintenant, on nous dit qu’on est dans la même configuration qu’un deuxième tour de la présidentielle, avec les deux premiers. Martine Vassal veut débattre avec Michèle Rubirola et pas avec les autres. Ensuite, c’est Michèle Rubirola, qui d’après certaines indiscrétions, ne se sent pas assez forte pour débattre.

L’avenir montera peut-être que ni l’une, ni l’autre, ne sera maire. Sur le papier, et même si je n’y crois pas, Stéphane Ravier est présent dans tous les secteurs ; Samia Ghali ne peut plus être maire, mais elle est présente dans un secteur, moi dans trois… On est plusieurs candidats à exister ! , 2e mi-temps : Notre grand entretien des élections municipales avec Bruno Gilles, Made in Marseille

Vous auriez aimé débattre avec Michèle Rubirola pour confronter vos programmes au moins dans votre secteur ?

J’ai voulu lancer cette idée, oui. J’aurais aimé débattre avec Madame Rubirola sur l’avenir du 4-5, puisqu’au regard des résultats du Rassemblement national, ça ne peut être que Rubirola ou Gilles. Je veux bien qu’elle ait plein d’idées pour ce secteur, mais moi j’ai un bilan ici, et il est loin d’être mauvais. Le fait de ne pas débattre, ça m’a d’ailleurs sans doute aussi coûté au premier tour. Même si, peut-être, je n’avais pas réponse à tout, l’avantage, c’est que mes groupes de travail n’étaient pas virtuels. J’ai un bon projet. Je n’étais pas dans la critique…

La droite brandit le spectre de « l’ultra-gauche » en parlant du Printemps Marseillais, alors qu’il y a encore quelques semaines, c’est l’extrême droite qu’il fallait battre à tout prix. Votre commentaire ? 

Si Martine Vassal m’a fait un cadeau, c’est de bi-polariser ce deuxième tour, en disant que d’un côté, il y a Rubirola, et l’autre Vassal, même si le clivage gauche-droite est moins parlant qu’avant. Très égoïstement sur le 4-5, ça peut me servir. Beaucoup de gens ne connaissent pas Michèle Rubirola. Et moi, comme je l’a dit je ne vais pas dans le « contre le candidat », j’explique pourquoi il faut que ce soit encore nous, et ça compte encore dans la tête de beaucoup de gens. La proximité, ça a encore un sens.

Quelle est votre position sur les soupçons de fraudes aux procurations chez les Républicains ? 

L’enquête suit son cours. Je redis, j’ai été 21 fois directeur de campagne, je n’ai jamais vu ça, je n’ai jamais fait ça, je n’ai jamais cautionné ou couvert quelque chose comme ça. On a toujours gagné proprement. Est-ce qu’il s’agit de comportements personnels ? La justice et à la police le diront. Soit on est en bande organisée, et c’est plus grave, soit c’est du coup par coup, et ce sont des excès de zèle de certains, qui se sentent au-dessus de tout. Cela mènerait à des sanctions fortes de ceux qui ont dérapé. Mais cela paraît étonnant qu’il y ait tant de dérapages personnels sans que les têtes de liste par secteur et la tête de liste sur ensemble de la ville et que les directeurs de campagne, même s’il y en a un qui a été « limogé », ne soient au courant…

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Vous envisagez de déposer des recours pour contester les résultats du premier tour…

On pourra déposer des recours, mais il y a une question juridique qui se pose, car les recours doivent être déposés dans les 5 jours suivant le premier tour, et qu’on était en plein confinement et que nous n’avions pas connaissance d’un certain nombre de choses qui pouvaient altérer la sincérité du scrutin.

La bonne tenue du second tour était à l’ordre du jour d’une rencontre prévue cette semaine entre vous et Jean-Claude Gaudin. Entrevue finalement annulée. Vous a-t-il donné une explication ?

Non. Il souhaite me voir après le 28 juin. C’est dommage, je voulais lui parler, entre autres, de l’édition d’un nouveau carnet électoral [mise à jour des listes électorales entre le premier et le deuxième tour, ndlr]. Il n’y a rien d’illégal à fournir une deuxième liste électorale, mais en raison du contexte actuel, ça serait assez litigieux. Le maire est-il au courant ?

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Comment voyez-vous le troisième tour ?

On peut se retrouver dans une situation où la ville sera ingouvernable. Ça paraît fou, mais dimanche prochain, il y a 128 hypothèses possibles entre les différents secteurs. Personne ne sait comment les secteurs vont se lier entre eux. Qui en aura deux ? Qui en aura trois ? La seule chose dont on est sûr, sauf ouragan pour quelqu’un, c’est qu’il y aura une majorité relative. Ce qui obligera le ou la futur(e) maire à avoir un gouvernement local quasiment d’union nationale.

En fonction des résultats, envisagez-vous d’apporter votre vote à Martine Vassal ? 

Je n’envisage pas, pour l’instant, cette possibilité, parce que nous ne sommes pas encore dans cette hypothèse-là. Il faut attendre les résultats. Aujourd’hui, on ne sait pas qui aidera qui, parce qu’on ne sait pas qui sera en position d’aider, mais surtout en position d’être aidé.

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Avec qui vous pouvez parler et vous entendre ?

Avec à peu près tout le monde sauf les extrêmes. Les conseillers municipaux votent à bulletin secret. Il peut se passer beaucoup de choses. On peut imaginer une gouvernance très marquée, comme une gouvernance apaisée, où chacun serait obligé de s’occuper d’un domaine de compétence dans lequel il se sent le mieux.

Demain, cela ne me gêne pas de travailler avec Lionel Royer-Perreaut ou Guy Teissier, par exemple, sur des domaines régaliens (sécurité, économie, gestion de la ville..) et avec certains – pas avec tous – écologistes que j’appellerais « compatibles » de parler d’environnement, d’aménagement de la ville…

Mais avec votre famille politique, le dialogue peut être plus difficile ?

Il y a des individualités avec lesquelles il peut toujours y avoir des contacts. Il faudra de toute façon, trouver les meilleurs à la bonne place. Par exemple, si on est élu, Jackson Richardson serait idéal pour s’occuper de la préparation des Jeux Olympiques 2024. On est sur une élection spéciale qui ne se terminera pas de manière sectaire, c’est-à-dire, « c’est l’une ou l’autre ». Peut-être que les hommes auront finalement un rôle important à jouer, alors qu’on les avait mis à la trappe le 15 mars.

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Quels sont vos pronostics pour le 28 juin ?

J’aimerais conserver le 4-5. Dans le 9-10, ce sera difficile de rattraper Royer-Perreaut, il a beaucoup d’avance. Dans le 1-7, même si je lui apporte mon soutien, ça sera difficile pour Sabine Bernasconi de rattraper la suppléante de Jean-Luc Mélenchon, Sophie Camard (Printemps Marseillais). En dehors de ces deux secteurs, tout est possible partout…

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Un commentaire sur une actualité (hors Covid et élections municipales) ?

L’OM. On n’oublie l’OM en ce moment. On a frisé la correctionnelle. Finalement, on va garder le même entraîneur. Dans le cadre du fair-play financier, on va payer une amende certes, mais on va quand même jouer la Champion’s League. L’OM c’est ce qui fait oublier quelquefois les soucis à beaucoup de Marseillais, la ville se retrouve sportivement, économiquement aussi. Ça me permet de faire un petit coucou à Jean-Michel Aulas. Je suis un peu taquin pour la fin de cette interview.

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