À quelques jours du second tour des élections municipales à Marseille, nous partons à la rencontre des quatre candidats qui ont réuni plus de 10% des suffrages au premier tour, à l’échelle de la ville. Actualité, stratégie, ambition, projet… Stéphane Ravier (RN) répond aujourd’hui à nos questions. Arrivé troisième avec 19,45 % des suffrages, il est le seul candidat à avoir maintenu ses listes dans tous les secteurs pour la seconde mi-temps.

, Municipales, 2e mi-temps : notre grand entretien avec Stéphane Ravier, Made in Marseille

Comment analysez-vous les résultats du premier tour ?

Il y a un joueur qui s’est invité dans la première mi-temps et nous a fait un tacle par derrière : le coronavirus. Il sera moins présent dans la seconde, heureusement. Car les observateurs envisageaient une meilleure place pour nos listes. Mais, la veille de l’élection, quand le Premier ministre dit : « attention restez chez vous, surtout les personnes âgées », notre électorat, d’une moyenne d’âge supérieure à la moyenne, discipliné, plus sensible au virus, s’est massivement abstenu. Il est clair que la troisième place n’était pas celle espérée, ni annoncée.

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Et les résultats de vos adversaires ?

Martine Vassal non plus n’a pas eu la place qu’elle espérait ! Mais celle qui a été la plus surprise, ça a sûrement été Michèle Rubirola. Car la gauche a vu son lectorat se mobiliser, car déterminé, plus jeune et moins visé par le virus.

C’est pour cela que je suis confiant, nous avons la plus grande réserve de voix, et elle va se manifester au second tour. J’en ai la confirmation chaque jour en rencontrant des électeurs qui disent ne pas être allés voter au premier tour et vont venir au second, pour m’apporter leurs voix.

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Vous semblez confiant, pourtant vous n’êtes premier que sur vos terres, dans les 13e et 14e arrondissements, et les derniers sondages ne sont pas en votre faveur sur l’ensemble de la ville.

Cette élection est vraiment sectorisée cette année, ce qui me conduit à dire que les sondages globaux ne veulent pas dire grand chose. Sans compter un premier tour houleux avec une crise sanitaire et un taux d’abstention record. Et nous sommes les seuls à s’être maintenus dans tous les secteurs de la ville pour le second tour. La conclusion, c’est qu’on ne peut pas tirer de conclusion. , Municipales, 2e mi-temps : notre grand entretien avec Stéphane Ravier, Made in Marseille

Vous avez l’ambition de remporter plusieurs secteurs ? 

Oui. Nous pouvons obtenir des conseillers municipaux partout. Nous avons de grandes ambitions sur trois secteurs que nous pensons pouvoir gagner : les 13e et 14e, les 15e et 16e, et aussi les 11e et 12e. Dans ce dernier, on retrouve l’invité de la 2e mi-temps : l’affaire des procurations autour de la tête de liste LR Julien Ravier, dont nous avons chaque jour un nouvel épisode. Les journalistes tirent la pelote et on se rend compte qu’avec lui, ses colistiers et des militants, il y a une véritable organisation de la fraude. 

Est-ce que Martine Vassal est aux abois ? Est-ce qu’elle est à l’origine de cette fraude ? Est-ce qu’elle en avait connaissance ? L’enquête nous l’apprendra. Ce que je constate c’est que ses plus proches sont concernés. Et nous en avons la confirmation, par un élément, de ce que j’appelle un véritable système organisé de la fraude. Cet élément est Yves Moraine, président du groupe LR au Conseil municipal, maire des 6e et 8e, avocat, et deuxième sur la liste de Martine Vassal. Un avocat qui vous dit “je ne connaissais pas la loi”, et qui recrute les procurations en disant “tu m’envoies les documents je m’occupe de tout le reste”. Ce qui est parfaitement illégal et constitue une fraude caractérisée. C’est pourquoi nous nous sommes constitués partie civile.

Parlons du terrain, quelle est votre stratégie dans cette seconde période ? 

La stratégie qui a toujours été la mienne, pendant et hors campagne, d’ailleurs même mes adversaires le reconnaissent : je suis un joueur de contacts. Je vais tous les jours à la rencontre des électeurs, avec le masque !  Pour beaucoup, on les informe qu’il y a un second tour le 28 juin… Et je les informe qu’il ne s’agit pas d’un duel mais d’une triangulaire sur la ville, ce que beaucoup semblent occulter. Je les informe qu’ici, il s’agit d’un duel ! [David Galtier, LR, est le seul opposant à Stéphane Ravier dans les 13e et 14e]. On est en tête ici, et on aurait pu l’être encore plus sans la crise sanitaire. 

Et puis y a du mailing, du phoning, du tractage et les réseaux sociaux évidemment, sur lesquels nous étions déjà très en pointe avant 1er tour, par rapport à nos adversaires. Madame Vassal n’a pas jugé utile de le faire avec un certain quotidien tout dévoué.

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Comme les autres candidats, elle est pourtant très active sur les réseaux sociaux surtout ces derniers temps.

Oui, on la voit essayer de faire du mauvais Ravier ! Avec des petites vidéos, comme au squat Saint-Just, avec les mêmes thématiques, les mêmes couleurs, le même slogan, la même démarche… Elle veut empiéter sur mon terrain politique, mais c’est de la communication, pas du fond. Il faut écouter ce qu’elle dit à Saint-Just, alors que le diocèse s’est élevé contre sa présence. […] C’est le squat lui-même qu’elle rejette, mais pas ceux qui l’ont créé. Elle ne dénonce pas la conséquence de la politique d’immigration, mais le manque de moyens pour accueillir l’immigration.

Alors pour vous, le titre de sa vidéo « Marseille ne doit pas devenir un port d’accueil pour migrants ! » qu’est-ce que ça évoque ?

Elle ne demande pas leur expulsion, mais plus d’argent pour les accueillir. Ce qui correspond à ce que souhaite Rubirola, mais elle c’est plus clair : “je souhaite faire de Marseille une ville accueillante pour les migrants” ça tient en une phrase, ça a le mérite de la franchise, alors que Vassal tient discours alambiqué.

Vous craignez donc que Martine Vassal ravisse certains de vos supporters ? 

Elle fait un appel du pied dans ses publications destinées à ses militants, ou à nos électeurs… Dans le fond, elle flirte avec les idées du Printemps Marseillais, sur la forme, elle drague plutôt nos électeurs. Elle essaie d’attraper les deux lièvres à la fois, ce qui va la conduire à n’en attraper aucun. Le problème avec la droite, et surtout la droite marseillaise, c’est qu’ils tiennent un discours et qu’ils font le contraire. Il ne faut pas s’étonner de finir à 22% au 1er tour, alors que Jean-Claude Gaudin avait fait 37% en 2014. À force de prendre les gens pour de imbéciles, ils finissent par s’en rendre compte.

De votre côté, dans une vidéo récente à la cité Saint-Just – Bellevue, vous y tenez un discours très social, déplorant le manque de moyens pour les habitants, sans jamais aborder les questions de sécurité ou communautaires, ce qui n’est pas dans vos habitudes. On pourrait donc vous retourner la remarque : vous ne « dragueriez » pas les électeurs de gauche qui n’ont plus de candidat dans votre secteur ? 

Ces thématiques n’appartiennent à personne, on s’intéresse à tous ces domaines, on a beaucoup de propositions concrètes sur le cadre de vie, la pollution, les transports collectifs, la saleté, les écoles, le logements, on a toujours eu des propositions dans ce sens. 

Nous avons fait cette vidéo car la situation dans cette cité gérée par 13 Habitat et Lionel Royer-Perreaut [maire sortant et candidat LR des 9e et 10e, ndlr] est scandaleuse. C’est en complément d’autres vidéos. J’avais déjà fait la Canebière et le Vieux-Port sur les questions de propreté. 

C’est très différent ici, le lieu et la thématique portent un caractère très social.

Oui mais l’abandon des habitants, on l’a déjà traité, sous un autre angle sans doute…

Attaques entre candidats, affaires, révélations… Vous semblez épargné par une campagne qui s’est endurcie entre la gauche et la droite. Une situation qui vous sert ou au contraire vous écarte du match ?  

C’est la stratégie imposée par mes deux adversaires : de faire croire aux Marseillais qu’il s’agit d’un duel, de femmes en plus, on personnalise, ça évite de parler de fond. L’une parle du « péril rouge », l’autre du « clientélisme », comme si la gauche n’était pas clientéliste et comme si la droite n’avait pas mis cette ville en péril.

C’est sans doute plus vendeur pour certains médias de mettre deux têtes plutôt que trois. C’est un duel qui m’est imposé par mes adversaires, et par les médias.

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Cette fausse droite et cette vraie gauche sont les responsables de la situation de Marseille. Les quartiers Nord ont été gérés par la gauche, qui a été à la tête du Département et de l’État. Elle a eu l’occasion d’aider la ville mais ne l’a jamais fait. La droite, aux commandes de la Ville, de la Métropole, du Département, de la Région et de l’État, n’a jamais aidé Marseille.

Les deux [candidates, ndlr] sont responsables donc elles ne peuvent pas s’attaquer sur le fond. Alors elles s’attaquent sur la forme. Pour détourner, on dit “le péril rouge” ce qui n’est peut être pas faux, “le péril clientéliste”, ce qui est assurément le cas. Pendant ce temps, tu me proposes quoi pour mettre un terme au clientélisme et à l’immigration massive ? On se contente de clashs, de vannes, de mauvais jeux de mots. Les « chars russes » ça ne dit plus grand chose à personne aujourd’hui…

Parlons arbitrage. Il n’y a pas eu de débat au premier tour, et aucun ne s’annonce pour le second. Quoiqu’il en soit, les autres candidats ne semblent pas vouloir le faire avec vous.  

Au sens de la démocratie, ça me pose problème. C’est l’avenir des Marseillais et de la Métropole pendant 6 ans, le sort des transports et du cadre de vie qui sont en jeu. Quand je vois que les adversaires, un coup l’une, un coup l’autre, ne veulent pas débattre, et qu’elles veulent être à la tête de la ville… Une ville difficile en plus.

J’en ai appelé au CSA. Je demande un débat avec tous les qualifiés au second tour à l’échelle de la ville : Bruno Gilles, Michèle Rubirola, Martine Vassal et moi. Samia Ghali n’est plus que dans un seul secteur. Nîmes a eu un débat organisé par France 3 en l’absence du maire sortant qui ne voulait pas débattre. Ils [les médias] devraient prendre leur responsabilité ici aussi, organiser le débat, et tant pis pour les couards.

Il y a eu 67 % d’abstention au premier tour ! On ne peut pas demander aux Marseillais de s’exprimer sans s’exprimer nous-mêmes.

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Quel est l’état d’esprit dans le vestiaire du Rassemblement national à quelques jours du second tour ? 

On est pas dans les vestiaires mais sur le terrain, on s’échauffe ! Les supporters commencent juste à rentrer dans les gradins et regarder ce qu’il se passe sur le terrain. Ils n’étaient pas au courant qu’il allait y avoir cette deuxième mi-temps. Une deuxième mi-temps sans Covid.

C’est sur la sécurité sanitaire que vous comptez mobiliser vos supporters ? 

Oui, notamment. On leur rappelle qu’il y aura des masques et du gel hydro-alcoolique partout. Mais surtout que c’est important d’aller voter. C’est vos poubelles, vos écoles, votre vie quotidienne, votre sécurité et votre identité qui sont en jeu. Et en plus on est entrain de vous voler vos voix et votre choix. Quelqu’un qui fraude, il ne va pas juste occuper un siège six ans et toucher les indemnités. Il va appliquer une politique. Par exemple, la bétonnisation. Et quand on bétonnise autour de votre maison, ça vous engage pour la vie, on n’enlève pas l’immeuble à la prochaine élection. C’est important de les sanctionner car leur fraude va changer la vie des gens sur le long terme. C’est pour ça que cette fraude est insupportable.

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Et du côté du programme, concrètement, quelle est la mesure phare de votre projet pour Marseille ? 

La sécurité évidemment. Dans les faits, cela se traduit par le recrutement de 600 policiers municipaux à l’échelle de la ville, dont 200 la première année. Nous créerons un commissariat de police municipale dans tous les arrondissements. Nous allons réorganiser les services pour sortir les policiers des bureaux et les déployer dans nos rues. En créant notamment des brigades spéciales anti-tags, anti-squats, et dans les transports en commun.

La sécurité est donc l’enjeu majeur à Marseille, devant les transports, le logement, l’emploi, la pollution ?

Oui. Car sans la sécurité, on ne peut rien faire d’autre. Développer les transports ne sert à rien si personne ne les prend à cause de l’insécurité. Pareil pour le logement, si vous construisez ou rénovez l’habitat, mais que le lendemain il est squatté, tagué, vandalisé. 

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Remporter le titre de maire de Marseille au troisième tour, vous l’envisagez sérieusement ?

Et pourquoi pas ? Le 13e-14e, où je pars gagnant, est le seul secteur où c’est un duel. Dans tous les autres secteurs, ce sont des triangulaires ou des quadrangulaires, où rien n’est joué. Les gens doivent savoir ça. Ce n’est pas un duel à Marseille et la logique des élections par secteur peut réserver bien des surprises.

Si la triangulaire se retranscrit au Conseil municipal de la Ville, avec trois blocs et aucune majorité nette, il pourrait être très difficile d’élire un maire et de gouverner, non ? 

C’est comme ça partout sauf en France, ce genre de système électoral. Angela Merkel [chancelière allemande, ndlr] est au pouvoir depuis bien longtemps [2005] malgré le mode de scrutin proportionnel. Elle doit gouverner avec des alliances et du travail.

Les élus vont être obligés de bosser, de s’entendre dans l’intérêt général de la population.

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Justement, au nom de l’intérêt général, vous seriez prêt à vous mettre d’accord sur une personnalité qui n’est pas issue de votre groupe politique ?

Je n’en suis pas encore là. J’en suis à mobiliser mes électeurs, quand Martine Vassal mobilise les enquêteurs… Les urnes vont certainement sortir quelque chose que les sondeurs ne prévoient pas aujourd’hui. Je combats sous mes propres couleurs mes propositions. La vraie gauche sectaire et archaïque de Marseille me considère infréquentable. La fausse droite qui a coulé cette ville, et s’est servie d’elle au lieu de la servir, me considère pareil. Je n’ai pas de raison d’en courtiser une ou l’autre. Rubirola ne voulait pas y être et Vassal s’y voyait déjà ! Et n’y sera surement pas.

Nous verrons de combien d’élus nous disposons et ce qu’il sera possible de faire, mais je n’agirai pas dans le dos des Marseillais, ça c’est sûr. Pas de réunions en arrière boutique. On verra au soir du second tour.

Mais, si aucun des trois favoris n’a de majorité nette, un autre candidat pourrait émerger ? La droite, par exemple, compte dans ses rangs des personnalités qui ont milité pour l’extrême droite par le passé.

Il faudra bien trouver quelqu’un de toutes façons. Moi, je n’ai pas de raison de m’en mêler, si on continue de me traiter comme un pestiféré. Je ne vais pas apporter les voix de mes électeurs à quelqu’un qui les insulte. Peut-être que si l’un d’eux fait amende honorable…. Mais j’en doute.

Je ne me mets pas encore dans cette politique fiction. On aura le temps d’entendre les uns et les autres. Je ne m’exprimerai qu’en public. Pas comme Ghali et Vassal qui font des accords en arrière boutique. Je ne fais pas ça.

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Un commentaire sur une actualité (hors Covid et élections municipales) ? 

L’attaque dont a été victime Marine Le Pen à Dijon, et à travers elle, la démocratie. Elle est présidente du premier parti de France [une affirmation largement discutée, ndlr], députée, mais surtout et d’abord, femme et mère de famille. J’imagine ses enfants devant la télé voyant la voiture de leur mère sauvagement attaquée par des nervis d’extrême gauche, juste parce qu’elle se trouve à Dijon. C’est pas elle ni le RN qui a mis la ville à feu et à sang. C’est le résultat de la politique d’immigration massive, la communautarisation de notre société. Une actualité qui nous donne raison : une société multi-culturelle est une société multi-conflictuelle. Le vivre-ensemble est une idéologie.

Si aucune violence n’est justifiable, s’attendait-elle à un accueil chaleureux pour un déplacement pouvant être interprété comme une récupération politique ?

Quand on est représentant du Rassemblement national, on n’a pas le droit d’aller dans certains endroits de France ? Peut-être parce que ce n’est plus la France. C’est un honneur d’être agressé dans ce contexte là. Elle a accompli son devoir de femme d’Etat.

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