Dix hôpitaux français testent l’hydroxychloroquine en prévention du Covid-19. Le CHU de Saint-Etienne et l’Institut Pasteur à Paris, pilotent actuellement un essai clinique dédié aux soignants particulièrement exposés au coronavirus, appelé Covidaxis.
Covidaxis. C’est le nom de cet essai national en cours mené par le CHU de Saint-Etienne et l’Institut Pasteur, déployé dans une dizaine de CHU de France. L’objectif de cette étude est de savoir si certaines molécules peuvent être administrées dans un cadre préventif, en l’absence de vaccin, pour prévenir la maladie.
Deux médicaments sont testés : l’hydroxychloroquine, plébiscitée par le professeur Didier Raoult, puis le Lopinavir/ritonavir (Kaletra), tous les deux contre leur placebo. « Ces deux médicaments sont commercialisés depuis de nombreuses années avec un profil de tolérance satisfaisant. Ils ont fait preuve d’une activité anti-virale in vitro contre le Sars-CoV-2 et leur efficacité en tant que traitement curatif est en cours d’évaluation », explique l’Institut Pasteur.
Médicament contre placebo
Seuls des soignants qui sont particulièrement exposés au virus participent à cette étude. Afin de tester l’efficacité protectrice de ces médicaments, l’essai est mené sur 600 soignants travaillant en hôpital, en Ehpad ou en libéral, sur la base du volontariat. Les participants prennent sur une période de deux mois le médicament ou le placebo. Ni les médecins, ni les soignants n’ont connaissance de la nature du traitement attribué.
Quelque 1200 personnes devraient être incluses dans l’essai, réparties en deux groupes : l’un hydroxychloroquine, l’autre Kaletra.
Un comité indépendant suit le déroulement de l’essai en temps réel afin de s’assurer de la sécurité des participants et réalise des analyses intermédiaires pour éventuellement conclure plus rapidement que prévu à l’efficacité ou à l’inefficacité des traitements testés. « L’essai est adaptatif, ce qui permettra d’ajouter des médicaments à tester en cours d’essai », souligne l’Institut Pasteur.
Résultats attendus fin novembre
L’essai devrait durer deux mois. Les résultats définitifs sont prévus pour la fin novembre. Un second essai clinique baptisé Covidaxis 2 devrait s’intéresser à une autre molécule pouvant également présenter un attrait préventif.
A ce jour, une dizaine d’établissement français participent à cet essai aux côtés du CHU de Saint-Etienne, 1er site investigateur ouvert ayant débuté l’inclusion, les CHU d’Angers, de Bordeaux, Nancy, Clermont-Ferrand, Rouen, Nantes, Montpellier, Rennes, l’hôpital Bichat – APHP (Paris)…
Marseille
L’Assistance publique des hôpitaux de Marseille n’a pas été contactée pour participer à cet essai. Il revient au médecin qui le lance de voir avec son réseau pour faire participer d’autres CHU. « L’occasion ne s’est pas présentée pour cet essai clinique, assure l’APHM. Nous avons donné un avis favorable à toutes les demandes des établissements de santé de l’APHM ou d’autres structures, concernant les études, essais cliniques, recherches… sur le Covid-19. A chaque fois qu’on a été contacté on a dit « oui »».
Aujourd’hui, l’APHM participe à 25 projets de recherche, dont 16 portés par ses équipes (les 9 autres promus par d’autres établissements). L’un d’entre eux est « Explore Covid ». Lancé par Marseille Immunopôle, ce projet de recherche exploratoire réunit les Hôpitaux Universitaires de Marseille – AP-HM, l’Hôpital Laveran (HIA-Laveran) et la société de biotechnologie Innate Pharma. L’objectif est de mieux comprendre la réponse immunitaire au Sras-CoV-2 et d’explorer de nouvelles façons de la combattre.
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Parallèlement, l’IHU Infection Méditerranée, dirigé par le professeur Didier Raoult, mène depuis le début de la crise sanitaire, ses propres études, basées sur l’association hydroxychloroquine et azythromycine. La méthodologie, la durée de l’étude, le nombre de personnes traitées… sont sujet à controverses. Notons qu’il ne s’agit pas d’un essai clinique à proprement parler mais d’une étude à objectif virologique. Le but étant de tester la diminution de la charge virale dans les sécrétions nasales après traitement à l’hydroxychloroquine.
Beaucoup d’autres travaux sont en cours autour du Covid-19. Près d’une trentaine d’études et d’essais visant à développer un traitement ont été lancés en France (plus de 850 dans le monde), dont une dizaine incluant l’hydroxychloroquine, dont le fameux essai européen « Discovery ».