Malgré l’arrêt obligatoire des activités des fleuristes, le 1er mai, et son lot de muguets, s’annonce tout de même fleuri grâce aux initiatives mises en place : drive, livraison, ventes dans les commerces de proximité. Artisans et collectifs se sont unis pour faire face à la crise et ne pas laisser toute la part du gâteau aux enseignes de supermarchés.
Un 1er mai sans fleurs ? Malgré le confinement, cette perspective ne semble pas envisageable pour les fleuristes français. Dans un rapport, la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF) estimait que « La perte sèche générée par la fermeture précipitée du 14 mars représente pour la filière fleuriste environ 40 millions d’euros ». Un record alarmant, alors que 60% des entreprises ont subi une baisse de 50 à 70% de leur chiffre d’affaires le mois dernier.
Drive, livraison, ventes dans les commerces de proximité, les fleuristes indépendants mobilisés
Pour autant, les fleuristes n’ont pas dit leur dernier mot et s’organisent tant bien que mal face aux mesures de confinement. Monique Cassar, présidente de la délégation des Bouches-du-Rhône de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la région Paca, exerce en tant que fleuriste dans le 12e arrondissement de Marseille. Selon elle, l’organisation a été complexe dès les prémisses de la crise. « Nous n’avons pas pu préparer cette fête du travail de manière cohérente. Il y a encore deux semaines, peu d’artisans pensaient pouvoir le faire. Nous avons essayé de les motiver, en tant que représentants d’organisations professionnelles, et de lever des leviers de notre entourage pour répondre à leurs besoins. Les petits commerçants ont donc cherché à s’adapter en ouvrant des services drive, en commande ou en livraison. »
Avant le confinement, les commandes étaient déjà passées pour se fournir en muguet et autres fleurs à l’annonce du printemps. Mais avec les mesures suivantes, l’incertitude de chacun a valu l’abandon des commandes par les grossistes et horticulteurs. Une situation délicate, alors que les petits commerçants envisagent déjà de nouveaux moyens pour continuer leur activité. « Nous avons tous cherché à nous adapter en ouvrant des services drive, en commande ou en livraison. Pour ma part, j’ai la chance que les commerçants de mon quartier jouent la carte de la solidarité et proposent du muguet dans leurs magasins. Je sais que cette initiative a été relayée et que les villages varois suivent cette même démarche. »
De nouveaux services pour assurer la vente
Des initiatives aujourd’hui primordiales qui aident les petites enseignes face à une concurrence de taille : les centres commerciaux. Ces derniers sont restés ouverts en tant qu’entreprises essentielles, mais continuent aussi à vendre des fleurs tout au long de l’année. Un état de faits vécu comme une injustice par les artisans.
Pour contrer les pertes, les collectivités mais aussi les organisations se sont unies afin d’apporter des ressources aux vendeurs. Des sites permettent de géolocaliser et de répertorier les fleuristes ainsi que leurs services pendant la période de confinement. C’est le cas notamment sur Monsieur Marguerite ou encore Fleurs d’ici, sans oublier les réseaux locaux tels que Artiboutik, la plateforme de la CCI sur laquelle peuvent se manifester les artisans ou encore les sites des mairies qui les référencent.
La présidente et fondatrice du Collectif de la Fleur française, Hélène Taquet, a, quant à elle, décidé d’agir. « Nous avons soutenu les producteurs, notamment en lançant l’initiative les Fleurs du bien, permettant de livrer du muguet dans les maisons de retraite, aux personnes âgées et à leurs soignants. Nous pourrons distribuer 32 000 pots grâce à cette collecte qui s’est terminée hier ».
Repenser le local
D’autre part, l’urgence de la situation aurait favorisé une nouvelle façon de consommer et de se fournir, dans une approche plus locale. Hélène a d’ailleurs constaté un flux de nouveaux membres arriver sur sa plateforme, une évolution et une profonde remise en question des fleuristes en réponse à la crise économique. « Ils ont besoin de garanties. Certains qui hésitaient encore à nous rejoindre ont franchi le pas pendant le confinement. Ils se sont tournés vers nous pour avoir une visibilité et pour que l’on puisse les accompagner. En effet, sur notre site, nous les recensons les fleuristes qui proposent plus de 50% de fleurs françaises. De leur côté, ils s’engagent à la promotion de la production française, à être transparents auprès des clients. Il est important d’être avec eux pour qu’ils puissent le faire sereinement ».
Un constat laissant le dernier mot à Monique Cassar. « L’après-confinement risque d’être très compliqué, économiquement, pour les petits commerçants. Finalement, la moralité, c’est qu’au sortir de la crise, beaucoup d’entre nous auront repensé leur manière de consommer, et qu’il sera important d’envisager une approche plus locale tout en suivant la saisonnalité. Nous avons de très bons producteurs régionaux, il est donc stratégique de réduire les distances, à tous les niveaux ».