Plus de 90 % des micro-entreprises du territoire sont à l’arrêt, frappées par la crise sanitaire. À leur chevet, l’association Adie cherche des solutions de survie, et prépare déjà leur relance post-confinement.
Service à la personne, coiffure, artisanat… La région compte de 2 000 micro-entreprises. Avec une trésorerie très limitée et des revenus liés directement à leur activité, les micro-entrepreneurs sont durement touchés par la crise. La plupart est à l’arrêt depuis le début du confinement.
« Plus de 90 % ont cessé toute activité depuis le début de la crise », déplore Sébastien Chaze, directeur régional de l’Adie. En temps normal, l’association spécialiste des microcrédits aide ces petits entrepreneurs à se lancer, lorsque les banques le refusent, et les accompagnent dans la structuration de leur activité.
Aujourd’hui, son rôle s’est muté en « secouriste d’urgence pour les micro-entrepreneurs ». Dès le premier jour du confinement, « nous avons commencé à appeler les 1853 petites entreprises que nous connaissons », explique Sébastien Chaze. Un travail de fourmi. Un diagnostic personnalisé pour chacune de ces entreprises fragiles, mais aussi, pour les informer des aides existantes et des démarches pour les percevoir.
Les micro-entrepreneurs dans « des angles morts des aides d’urgence »
Avec leur situation particulière, beaucoup de ces entrepreneurs sont « dans des angles morts des aides d’urgence », déplore le directeur de l’Adie Marseille-Paca. « La moitié ne bénéficie pas du fonds d’urgence solidaire de l’État ». Celui-ci rembourse une perte de 50 % du chiffre d’affaires (CA) actuel comparé au même mois de 2019.
Mais à cette époque-là, certains se lançaient à peine, la crise des Gilets Jaunes sévissait encore, et d’autres ont des activités plus saisonnières. « La réalité fait que les CA sont fluctuants, et que ceux qui ont vu le leur augmenter sont de fait écartés à cette aide. Ce n’est pas parce que le CA est stable que l’entrepreneur n’a pas besoin de soutien. Nous plaidons pour que les critères d’éligibilité tiennent compte de la réalité des entrepreneurs ».
Si les micro-entrepreneurs ont enduré le mois de mars tant bien que mal en puisant dans leurs réserves, et en reportant beaucoup de dépenses de fonctionnement, Sébastien Chaze craint le pire pour avril. « Si on fait rien, beaucoup vont mettre la clé sous la porte ».
Report des échéances et fonds d’urgence de plusieurs millions d’euros
La vocation initiale de l’Adie est justement de combler les vides sur le financement des micro-entreprises. Si l’association reporte toutes les échéances de remboursement des crédits durant la crise, elle met aussi en place un prêt de trésorerie sans garantie jusqu’à 1 000 euros pour les besoins immédiats « Nous estimons qu’un million d’euros pourraient être sollicités dans ce cadre », précise Sébastien Chaze.
Elle se fait aussi le relais d’aides publiques, et positionne ceux qui le souhaitent sur les fonds de prêts de trésorerie comme celui que met en place la Région, « Covid-Résistance ».
Un plan de relance des micro-entreprises en sortie de confinement
« Il s’agit de prêts pour « tenir » pendant la crise sanitaire », reprend le directeur de l’association, « mais nous sommes aussi mobilisés pour avoir les moyens d’aider tous ses entrepreneurs à se relancer lorsque le confinement sera levé ».
Ainsi, elle adaptera ses outils de microcrédit au contexte. En complément, elle renforcera ses capacités de prêts d’honneur « sans intérêts et avec un différé de remboursement. Pour permettre au plus grand nombre refaire les stocks et relancer l’activité avec de la trésorerie ».
Des opérations estimées à 2 millions d’euros au niveau régional pour la deuxième partie de l’année 2020. Pour parvenir à débloquer cette somme, l’Adie sollicitera l’ensemble de ses partenaires, tels que la Banque publique d’investissement (BPI), BNP Paribas, ou la Banque populaire.