Baisse du nombre de cas de covid-19, situation dans les Ephad, polémique autour du traitement à l’hydroxychloroquine… Le professeur Raoult a publié ce jour son nouveau bulletin d’information. Il y affirme notamment que la situation s’améliore.
Comme il en a pris l’habitude, le professeur Raoult a enregistré une nouvelle vidéo de point d’étape, dans la lutte contre le coronavirus. S’il ne juge pas la situation sur le plan national, il affirme qu’à Marseille, et pour ce concerne le public reçu à l’IHU de la Timone, la situation s’améliore.
Dans son dernier point statistique, il avait déjà fait état de cette situation. Sur les graphiques de l’IHU, on note qu’en dix jours, la courbe est décroissante. Les nouveaux cas de covid-19, dépistés au sein de la structure ont diminué, passant de 360 à 150 au milieu de la semaine dernière, alors que le nombre de patients qui se présentent au sein de la structure reste le même. 800 par jour en moyenne et 300 consultations quotidiennes.
« Peut-être des données que personne d’autres n’a au monde »
Dans son intervention du jour, il explique que ses recherches se poursuivent sur son protocole, basé sur l’administration de l’hydroxychloroquine associé à la zythromicine. « On est en train de finir l’analyse des 1 000 cas que nous avons traités. Les choses sont très rassurantes sur ce traitement, sur lequel nous n’avons pas eu d’ennuis cardiologiques sur aucun des patients que nous avons traité. Pour l’instant, les données tendent à démontrer une plus grande efficacité du traitement que toutes les autres séries à ce jour. »
Il appelle également à un peu de patience sur la présentation de ces résultats, « car c’est un travail d’évaluation avec énormément de données, peut-être des données que personne d’autres n’a au monde. Il faut que cela soit mis en forme pour devenir l’un ou le papier de référence sur cette maladie ».
Inquiétude sur la situation des Ephad
L’infectiologue, non convaincu par la « stratégie de confinement aveugle », exprime aussi son inquiétude sur la situation des Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad). Se basant sur son étude qui démontre que les « gens qui meurent ont en moyenne 85 ans », il estime que « la stratégie de confinement sans éviction des gens porteurs, risque d’avoir des conséquences, en termes de nombre, extrêmement importantes ».
Il persiste d’ailleurs sur sa méthode face à la maladie : « Je pense que devant une maladie infectieuse, il faut se donner les moyens de faire les diagnostics, isoler les gens contagieux et les traiter. C’est ça qu’il faut faire et c’est ça que je fais. C’est ce qu’ils ont commencé à faire en Italie et en Espagne, où ils ont testé de manière massive, et on voit les courbes s’infléchir très rapidement ».
Conflit entre pratique médicale et la recherche autour de la chloroquine
Concernant la polémique autour du traitement à la chloroquine, il avoue « avoir mis longtemps à comprendre. Je ne pouvais pas imaginer que cela déclenche des passions de cette nature », déclare-t-il, soulignant au passage que la Chine ou la Corée ont maîtrisé la maladie « avec des mesures de détection, contention dans les zones à risque et traitement ».
Il se dit néanmoins rassuré, car « c’est juste une opposition entre les médecins et les gens qui ont fini d’être des médecins, ou qui n’en sont pas. 37 % des médecins du monde entier donne de l’hydroxyclhoroquine. Il s’est créé une espèce de fossé entre les gens qui confondent la pratique médicale et la recherche. Mais à chaque fois que vous voyez un malade, c’est un malade. Vous ne pouvez pas transformer les malades en objet de recherche. Il y a des gens qui sont devenus fous avec la méthode, avec le fait que tout est de la recherche, déconnecté du fait que l’on doit savoir si les gens sont porteurs ou non porteurs. C’est de la pratique des épidémies, ce n’est pas de la recherche, et quand ils sont malades on doit les traiter avec des médicaments dont on sait qu’ils ne sont pas toxiques »
« En tant que médecin, notre objectif c’est de soigner les gens pas faire de la recherche »
A ce titre, il rappelle aussi que ce médicament était il y a quelques semaines encore distribué « sans même une ordonnance. Et maintenant, on ne sait même pas comment on va faire pour traiter en ville ceux qui ont un lupus, qui prennent ce médicament depuis 20 ans. On ne va pas pouvoir leur donner car on ne va pas pouvoir écrire le diagnostic. C’est impossible dans le cadre du secret médical. C’est interdit d’expliquer sur une ordonnance pourquoi on prescrit ce médicament. En tant que médecin, notre objectif, c’est de soigner les gens, pas faire de la recherche ».
L’appel de Didier Raoult à l’ordre des médecins
Enfin, le professeur Raoult dit regretter le manque d’interventions solennelles « d’anciens [de la profession] respectables », et souhaite que le Conseil de l’ordre des médecins, « dont c’est la responsabilité » se prononce « sur cette question de la limitation de la capacité des médecins à juger par eux-mêmes de la thérapeutique qu’ils sont capables de donner, avec des molécules aussi anciennes, aussi connues et aussi faciles à utiliser, et sur leur interdiction de prescription ».
Il juge que c’est une « atteinte très profonde à la base de notre métier qui est de prescrire en fonction de notre niveau de connaissances, le meilleur traitement possible aux malades que nous avons en face de nous, c’est la base même de la pratique médicale », conclut-il.
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