Pour continuer à protéger ceux qui travaillent, une communauté de couturiers a vu le jour en France. Des ateliers sont déjà mobilisés pour la confection de masques, notamment à Marseille. C’est le cas de 13 A’tipik !
Des ateliers de confection de haute-couture, dans le Grand-Ouest ou dans la vallée du Rhône, à l’atelier d’insertion marseillais spécialisé dans le upcycling ! Pour faire face à la pénurie de masques, depuis le 21 mars, des confectionneurs textiles et fabricants de matières et fournitures ont intégré, le « Groupement de la filière mode et luxe » à l’échelle nationale; constitué par le Comité stratégique de filière (CSF), en lien avec la Direction générale des entreprises.
Ce « groupement » a été mis en place après l’annonce du Premier ministre début mars : « Nous avons demandé au ministère de l’Economie et au ministère de la Défense de trouver des alternatives, plus exactement de charger toute une série d’activités industrielles, de chercheurs, soit pour démultiplier les chaînes de production, soit pour qualifier des alternatives, jetables ou réutilisables », avait déclaré Edouard Philippe à l’Assemblée nationale.
L’atelier réorganisé pour continuer à travailler
Dans la cité phocéenne, 13 A’tipik était sur le pont dès les premiers jours. Dans cet atelier déjà solidaire par excellence, installé à Marseille depuis 2012, le travail y a encore plus de sens. Malgré les difficultés, liées à la crise sanitaire, Sahouda Maallem tente de maintenir l’activité. « Quand on parle de chômage partiel, il faut avancer les salaires et forcément cela demande de la trésorerie. J’ai fait le choix de mettre en arrêt de travail les parents qui ont des enfants de moins de 16 ans afin qu’ils soient payés. D’autres ont la possibilité de travailler chez eux car ils disposent du matériel, et certains sont en congés jusqu’à début avril, expliquait la patronne de 13 A’tipik, aux premiers jours de la crise. Nous avons pas mal de travail, ce qui nous permet quand même de sortir la tête de l’eau ».
Sur place, une équipe de six avait été maintenue, mais face à la demande les couturiers ont retrouvés le chemin de l’atelier, qui a été réorganisé afin que les couturières puissent travailler dans de bonnes conditions. « Ils travaillent à deux mètres de distance tout en respectant les normes de sécurité et les mesures sanitaires qui nous sont imposées et absolument nécessaires pour la santé de tous », insiste Sahouda.
Des masques qui respectent un cahier des charges précis
C’est dans ce contexte que son équipe a commencé à confectionner des masques de protection à destination des personnes qui en ont la nécessité dans l’exercice de leur travail. Pour Sahouda, cela a d’abord été une réponse à la demande de ses partenaires, notamment dans les métiers de bouches et qui souhaitaient maintenir leur activité. Certains masques ont aussi été offerts à du personnel médical, « mais vraiment dans un environnement proche », souligne Sahouda, qui a vu sa production considérablement augmenter dans les prochains jours.
Loin d’être un accessoire de mode, les masques répondent à un cahier des charges spécifique. « Contrairement aux masques classiques, les masques que nous confectionnons sont en matière tissée, une matière très serrée, 100% coton, mais à travers laquelle il est possible de respirer».
Un tissu doublé et réutilisable puisqu’il pourra être lavé à 60°C. « C’est même plus protecteur que les masques en papier, que l’on doit jeter toutes les deux-trois heures, alors que le personnel médical ou les pharmaciens doivent être protégés toute la journée. Là, ils peuvent en avoir deux par jour pour la journée et le soir vous lavez les deux à chaud », reprend la couturière, qui avait travaillé sur la confection de 5 prototypes. Aujourd’hui, les masques fabriqués dans son atelier sont homologués par le ministère des Armées.
13 A’tipik produire environ 1000 par semaine. « Nous arrêterons la production pour les autres clients, moins urgente, pour nous concentrer sur celle-ci. »
Pour une meilleure coordination, la filière Mode et luxe a créé un site Internet exclusivement à l’attention des professionnels. Mis à jour en temps réel, il centralise l’ensemble des données afin de faciliter les contacts avec l’État (ici). Par ailleurs, une cellule d’experts a été mise en place pour répondre sous 24 heures sur l’acceptabilité des matières que les professionnels peuvent fournir.
Elle estime que cette mobilisation de la filière textile est « formidable et rapide, car elle s’est faite en quelques jours. Sur le plan de la solidarité, je trouve ça énorme. Grandes structures de luxe et toutes petites travaillent main dans la main. Personne n’est dans un rapport de force, on se rassemble pour l’intérêt général ».
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