Chaque année, c’est au Salon international de l’agriculture de Paris que la France met à l’honneur la richesse et la variété de ses filières, qui façonnent nos paysages et font rayonner notre modèle de production et la qualité de notre gastronomie au-delà des frontières. Cette année plus que jamais, l’impact environnemental est au coeur des débats.
Plus de 630 000 visiteurs sont venus à la rencontre des agriculteurs en 2019. Une fréquentation du Salon qui apporte, une fois de plus, la preuve de l’attachement des Français pour le monde agricole. Et cette année, made in marseille est présent aux côtés des agriculteurs de Provence pour parler des enjeux de leurs activités, notamment la transition vers une agriculture à haute valeur environnementale (HVE), pour laquelle la région Provence-Alpes-Côte d’Azur apporte des aides : un coup de pouce forfaitaire pour le montage et l’accompagnement de la certification collective HVE, à hauteur de 10 000 euros, et une aide forfaitaire pour accompagner le coût de certification des exploitations auditées, à 6 000 euros. Déjà 750 agriculteurs sont en train de recevoir leur certification cette année.
« Ce Salon, c’est l’occasion de montrer à la France que l’agriculture va bien ou mal, qu’elle se développe bien ou mal, filière par filière, branche par branche. Les Français sont désireux d’avoir une agriculture saine, très française, très circuit-court. Vous avez vu la taille des stands des régions ?, explique Renaud Muselier, président de la Région Sud. Incontestablement, les présidents de région sont très attentifs à l’agriculture, c’est une activité économique très importante, des emplois directs… La beauté des paysages. Chacun d’entre nous défend son agriculture locale, la France est belle, variée, diverse. On se dit tous qu’on a la plus belle région de France ».
L’impact environnemental au coeur des débats
« Nos grands enjeux, c’est aussi de bien irriguer nos parcelles agricoles, tout en réduisant le prélèvement de l’eau dans le milieu naturel, en s’adossant sur les crédits européens et avec le label HVE. C’est une nécessité pour les agriculteurs, pour garder les marchés aujourd’hui et pour anticiper l’avenir », précise Bénédicte Martin, présidente de la commission Agriculture à la Région. « L’irrigation goutte à goutte et la technologie de programmation de l’arrosage permettent de mieux maîtriser la gestion de l’eau dans l’agriculture », s’enthousiasme à son tour le président de la Chambre d’agriculture régionale, André Bernard. « La HVE permet aussi à un agriculteur de rentrer dans la restauration collective. Comment on peut produire pour arriver presque à du bio sans être certifié bio ? Parfois c’est difficile », poursuit-il.
« Notre budget agriculture et forêt est en augmentation de 10% par rapport à 2019, c’est 33,4 millions d’euros. Nos objectifs : imaginer l’agriculture de demain par la recherche et l’innovation, moderniser les exploitations pour maintenir la compétitivité de nos entreprises, accompagner les futures générations en préservant le foncier et en mettant en place des aides pour les agriculteurs, favoriser la qualité et la proximité en développant les circuits courts. 500 nouveaux agriculteurs s’installent sur le territoire chaque année », détaille Renaud Muselier.
La formation pour accompagner les agriculteurs de demain
La formation a un rôle à jouer. Elle est à l’origine des très grandes transitions et de la recherche pour l’innovation. « Nous avons de très grandes formations en France, il faut les valoriser. C’est dans ces formations que les agriculteurs créent des liens entre eux et se créent un réseau. C’est important. (…) C’est quoi le projet que nous avons pour l’agriculture de demain ? C’est une évidence, l’agriculture ne peut pas se réfléchir sans penser à alimentation ».
Aujourd’hui, c’est en ville que se trouvent 80% des consommateurs, il faut penser cet axe de développement et introduire de l’agriculture en ville, pour rapprocher les circuits-courts. « L’agriculture de demain doit être productive, économiquement viable tout en limitant son impact sur l’environnement. Elle devra s’appuyer sur des innovations en agro-écologie », défend Christian Huyghe, directeur de recherche à l’Inra (Institut national de recherche agronomique).
« Il faut aussi accompagner les agriculteurs quand ils sont en phase de risque, c’est-à-dire dans la phase où ils investissent pour la transition écologique et technologique de leur exploitation », défend Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture de France. Mais, l’un des enjeux principaux reste aujourd’hui de séduire les Français pour continuer à valoriser les métiers de l’agriculture. Pour Samuel Vandale, président du syndicat national des Jeunes agriculteurs : « Il faut continuer à susciter des vocations. Le métier d’agriculteur est un métier noble que l’on choisit par passion, on ne reprend plus l’exploitation familiale de ses parents. Aujourd’hui, il y a 26 000 postes à pourvoir dans le monde agricole. Tout le monde doit se saisir de ce sujet ».
Et l’alimentation de demain ?
« 1/4 de la transition alimentaire est en train de se jouer en ce moment, avec une baisse de la consommation des produits « carnés », et pour la première fois dans l’histoire, c’est la catégorie des CSP+ qui est à l’origine de cette baisse de consommation. On retrouve beaucoup plus de légumineuses dans les tendances actuelles. Le défi qui nous entoure : comment réfléchir l’industrie agro-alimentaire de demain ? Il faut penser un modèle de production plus local », conclut Christian Huyghe.