Menacé de disparition au profit d’un projet immobilier, le bâtiment historique de l’hôpital Sainte-Marguerite sera finalement transformé en « campus pour startups de la santé » par la Métropole.
La menace planait sur l’hôpital Sainte-Marguerite (13009) depuis 2012, alors que l’État envisageait la vente du bâtiment pour renflouer les caisses de l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM). Des inquiétudes émises notamment sur un potentiel projet immobilier, qui verrait se développer un peu plus la pression urbaine dans les quartiers sud de Marseille, au détriment de services publics de santé.
« C’est tout le contraire qui devrait se passer », assure et rassure Lionel Royer-Perreaut, le maire (LR) de secteur. Il déambule ce mercredi matin dans le bâtiment le plus ancien du centre hospitalier, « le carré », aux côtés de la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal. Autour d’eux, des médecins et représentants de l’AP-HM les accompagnent dans ce qui ressemble à une visite immobilière de dernière minute, dont l’acquéreur semble avoir eu un coup de cœur.
Car la Métropole soumettra l’acquisition foncière de ce bâtiment à son prochain conseil. Elle entend créer ici un véritable « campus pour startups de la santé », regroupant des acteurs privés du monde entier autour de la recherche médicale innovante.
Entre 15 000 et 20 000 m2 dédiés l’innovation médicale
Un bâtiment imposant, que Frédéric Collart, vice-président de la Métropole délégué à la santé, à l’enseignement supérieur et à la recherche, situe entre « 15 000 et 20 000 m2. L’estimation des domaines (par la direction immobilière de l’État, ndlr) devrait fixer le prix d’acquisition entre 8 et 15 millions d’euros pour l’ensemble ».
Afin de gagner du temps et d’engager les travaux dès juin 2020, date programmée du rachat, la délégation métropolitaine envisage de lancer les études dès maintenant.
« Le premier bâtiment, d’environ 5 000 m2, sera rénové d’ici 18 mois, et les premières startups pourront l’investir dans moins de deux ans », affirme Frédéric Collart. « Mais il faudra attendre 5 à 7 ans pour que l’ensemble de l’opération soit finalisée, étant donné son ampleur ».
Car l’opération, pilotée par la Métropole et l’Agam (agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise), ne se cantonnera pas à la rénovation des bâtiments. Des constructions sont prévues afin de créer un immense pôle d’attraction pour les acteurs de la recherche et développement de la santé, « avec des lieux de vie, cafétéria, crèche, etc. »
« Une disparition programmée transformée en projet innovant »
Président de la commission médicale des hôpitaux sud, le professeur Pierre Champsaur suit et anime la visite avec excitation. On devine aisément que le chef de service d’imagerie ostéo-articulaire n’est pas étranger à l’idée de ce projet. « Le site était en péril, et allait être rayé de l’AP-HM, car le bâti est trop ancien pour poursuivre une vocation hospitalière », explique-t-il au détour d’un couloir à l’usure bien visible.
Avec l’hôpital Salvator, Sainte-Marguerite représente le maillon sud du triptyque marseillais de pôles d’excellence de santé. Spécialisé ici dans la gériatrie, la psychiatrie et l’appareil locomoteur. Mais la situation critique de l’AP-HM fait planer des menaces sur son devenir. « Nous ne proposons presque plus de consultation et de médecine ambulatoire pour les populations des quartiers sud », déplore Pierre Champsaur.
Ce nouveau projet représente un coup de pouce économique de la Métropole aux hôpitaux sud, « qui permettra que Sainte-Marguerite redevienne à terme une fenêtre de consultation dans tous les domaines médicaux. Alors qu’à Marseille, la lutte est très intense entre le privé et le public dans la santé, ce partenariat permet de maintenir et même de relancer la santé publique dans le secteur ». Convaincu de ce partenariat vertueux, le professeur se réjouit de voir « une disparition programmée transformée en projet innovant ».
Un pôle d’attractivité international pour les startups de la santé
« Les labos, les startups de la santé et les porteurs de projets innovants préfèrent être dans le milieu hospitalier pour faire de la recherche appliquée », explique Pierre Champsaur, vantant l’emplacement de ce bâtiment « avec beaucoup de cachet », au cœur de l’hôpital.
Un constat qu’a pu faire la présidente de la métropole à Londres, New-York et Miami, lors d’une mission commune avec la chambre de commerce pour attirer des laboratoires à Marseille. « Ceux qui ne sont pas en milieu hospitalier se vident car ils ne peuvent pas travailler sur l’application de leurs recherches, ils ont montré beaucoup d’intérêt pour le projet », affirme Martine Vassal.
Le secteur de la santé est identifié comme l’une des 6 filières d’excellence dans l’Agenda économique de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Il représente 92 000 emplois sur le territoire et 4 000 établissements. La collectivité a choisi « de se positionner en particulier sur l’économie innovante de la santé, la « Health Tech » ».
Le campus de Luminy, l’Institut Paoli-Calmettes, le CNRS, le laboratoire Fight Cancer de l’INSERM… Les quartiers sud sont devenus un pôle d’excellence mondial de la recherche autour de l’immunothérapie et de la lutte contre le cancer. C’est principalement autour de ces thématiques que des dizaines de startups de la santé sont attendues à Sainte-Marguerite les prochaines années.