Jean-Philippe Agresti a réuni, hier soir, des marcheurs de la première heure et ses soutiens, au restaurant Fortia Fratelli, pour expliquer la démarche qu’il a entrepris depuis plusieurs mois. Un préambule à sa déclaration officielle de candidature à la mairie de Marseille, pour laquelle il envisage un soutien du parti présidentiel, plus qu’une investiture.
Alors que le député Saïd Ahamada a annoncé il y a deux jours, qu’il ira « quoi qu’il arrive » à la mairie de Marseille, qu’Yvon Berland, ex-président d’Aix-Marseille Université est toujours en lice pour l’investiture LREM, Jean-Philippe Agresti, doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, dont le nom circulait depuis de longs mois en coulisse, accélère la cadence, pour entrer officiellement en campagne. Entre la visite de Brigitte Macron et sa présence au meeting de Martine Vassal, Jean-Philippe Agresti se confie sur son désir de s’engager pour Marseille, et explique ses choix.
L’engagement local plutôt que national
Jean-Philippe Agresti a quelque chose de changé. C’est peut-être cette alliance qu’il porte à la main gauche, symbole de l’engagement qu’il a pris il y a quelques semaines avec Sabrina Roubache, son épouse désormais. Cela fait longtemps que le doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence a déclaré sa flamme à la productrice marseillaise, très bien implantée dans le cercle de l’Elysée, et proche de Brigitte Macron. Mais une autre déclaration se fait attendre. Celle – plus officielle – de sa candidature à la mairie de Marseille.
Nombreux sont ceux qui ont demandé à Jean-Philippe Agresti « pourquoi, tu n’es pas candidat à l’investiture LREM ? Mais pourquoi tu ne te lances pas ? », à l’occasion des échanges, cercles de réflexions et rencontres de terrain, organisés dans l’optique de bâtir un projet pour Marseille, avec de nouveaux visages et de nouvelles méthodes.
Le vice-président des relations avec le monde socio-économique d’Aix-Marseille Université (Amu) a toujours « essayé de faire avant d’être », alors il a pris le temps d’observer, d’analyser la situation : « Je suis capable de me rallier quand le projet m’attire, mais je n’ai pas senti de dynamique qui m’emporte ».
Il ne s’est d’ailleurs pas privé d’envoyer une missive au président de la République. Trois pages, en copie à Stanislas Guerini, dans lesquelles il n’hésite pas à dénoncer qu’à Marseille, « le spectacle indigne » de la campagne électorale n’est pas à la hauteur des enjeux. Le choix d’un(e) candidat(e) issu de la société civile, volonté affichée par la majorité présidentielle, loin des [femmes et hommes] « politiques professionnels », présageait pour lui une campagne « basée sur un projet indépendant des contingences politiques politiciennes et rassembleur ».
Pour lui, le choix de s’engager pour Marseille « ne peut pas être un choix de carrière. Il ne peut être qu’un choix de vie, un choix de ville » et son destin ne peut non plus se jouer « depuis Paris », ni autour de « dîners en ville ».
Jean-Philippe Agresti veut remettre en marche la dynamique de 2017 qui avait permis à Emmanuel Macron de remporter l’élection présidentielle et dans la foulée au mouvement de voir 313 députés LREM et affiliés entrer au Palais Bourbon. « C’est l’engagement local » qui séduit Jean-Philippe Agresti. « C’est pour ça que je n’ai pas cherché à avoir d’engagement national, ni au moment des législatives, ni dans un cabinet ministériel, parce que c’est le bon échelon pour agir sur le quotidien des gens, et ce que les Marseillais attendent, c’est que leur quotidien change. »
« A Marseille, ils veulent autre chose, donc on doit faire autre chose, c’est aussi ce qui me pousse à me dire qu’il faut y aller ».
Plus présent ces derniers jours, Jean-Philippe Agresti a toujours défendu l’idée qu’il était plus pertinent d’obtenir un soutien de la majorité présidentielle à une dynamique la plus large possible, plutôt qu’une investiture classique. « Et aujourd’hui, je pense que c’est possible, qu’ils [la commission nationale d’investiture, ndlr] sont prêts à envisager cette possibilité. C’est subtil, mais ça fait une différence, parce que je pense que s’ils veulent un candidat de la société civile, il faut soutenir cette démarche collective. À Marseille, ils veulent autre chose, donc on doit faire autre chose, c’est aussi ce qui me pousse à me dire qu’il faut y aller ».
« Je n’ai pas fait de calcul politique… »
Et c’est aussi ce qui justifie certains de ses choix, comme sa présence au meeting de Martine Vassal, le 4 juillet dernier. Une démarche restée incomprise des marcheurs et des militants LR. Etait-elle trop tôt ? « Je n’ai pas fait de calcul politique quand j’ai fait ça », explique-t-il. « J’ai entendu deux choses pour Marseille : qu’il ne fallait pas un politicien professionnel, donc quelqu’un qui soit capable de faire de la politique, mais pas de la politique politicienne, et qu’il fallait rassembler ».
« Je crois peu en la bataille de com’ sur cette élection, mais au parler vrai, à la proximité ».
À l’époque, il disait que la bataille contre le Rassemblement national était un point de convergence nécessaire au rassemblement, mais pas suffisant. « Celui-là existe toujours, et pour le reste, il y avait une main tendue pour un rassemblement, il n’y avait pas de raison que je ne regarde pas ce que ça pouvait donner. Sinon, on prend un profil de politicien, qui va faire une stratégie, ce n’est pas mon cas ».
Reste, qu’entre regarder la main tendue et aller sur scène… « C’est la liberté d’une personne qui n’est pas un politique, l’instrument d’un mouvement ou d’un parti. Ça, il faut l’accepter lorsqu’on mise sur des profils de la société civile, tout en étant fidèle à la majorité présidentielle. Marseille a besoin de l’appui de l’Etat, mais il faut aussi que l’Etat ait confiance dans la gouvernance qui va se mettre en place, dans la deuxième ville de France ».
Plus connu dans le monde universitaire que dans l’univers politique, à Marseille, Jean-Philippe Agresti est confronté à un déficit de notoriété qu’il entend combler en menant une campagne de terrain, qu’il qualifie de « charnelle. Je crois peu en la bataille de com’ sur cette élection, mais au parler vrai, à la proximité ».
« Une piscine, un stade et une bibliothèque par quartier »
Des mots qui font écho à l’éducation qu’il a reçue au sein d’une famille où il dit souvent avoir été « très aimé ». « Rigoureux, travailleur », il estime avoir les qualités requises pour gérer une collectivité, et « mettre fin à ce désordre à Marseille », dans le domaine de l’écologie, la sécurité, la propreté, la circulation… et lutter contre la pauvreté et très grande précarité.
« C’est sûr, il va falloir faire des choix. Même si le rapport de la Cour des Comptes étrille la gestion municipale, nous n’avons pas de réelle visibilité sur la situation financière de Marseille. Aujourd’hui, ça va mal ! Il est clair qu’il faut remettre du service public dans les quartiers populaires ; une piscine, un stade et une bibliothèque par quartier, redonner un cadre de vie et les clés pour s’en sortir ».
« C’est le maire que j’aimerai avoir »
Il insiste aussi sur cette notion de « propreté vis-à-vis des électeurs, qui ne supportent plus quelque compromission que ce soit, dans quelque domaine que ce soit, c’est absolument fondamental ».
Une qualité mise en avant par la conseillère régionale Marie-Florence Bulteau-Rambaud (Modem) hier soir au restaurant Fortia Fratelli. « C’est le maire que j’aimerai avoir. On a besoin de gens honnêtes. Quand on dit qu’on ne le connaît pas, et bien tant mieux ». La conseillère régionale Anne Claudius Petit était présente. En sa qualité de chef de file de l’UDI elle va à la rencontre des différentes candidats et a bien accroché avec Jean-Philippe Agresti. La socialiste Annie Lévy-Mozziconacci, qui soutient une démarche de large rassemblement et un temps le Printemps Marseillais compte aussi parmi les soutiens.
La députée Claire Pitollat et le sénateur Michel Amiel (LREM), le sociologue Jean Viard, le délégué général de la Foire de Marseille, Stéphane Journiat… font partie des soutiens de « Jean-Phi », comme certains le surnomment. Egalement « des présidents d’associations sociales ou sportives », précise-t-il.
« Il faut que Marseille assume ce qu’elle est »
Jean-Philippe Agresti veut faire sortir la cité phocéenne de cette espèce « d’assignation à résidence. On a l’impression d’une ville figée. Souvent, on entend que Marseille est une et indivisible, c’est vrai mais il faut aussi accepter le fait qu’elle soit plurielle et que pour elle il est nécessaire de faire du sur-mesure et non du prêt-à-porter. Il faut que Marseille assume ce qu’elle est, une ville ouverte sur l’Europe et la Méditerranée ».
Comme illustration de cette Marseille plurielle, il imagine bien « un grand souk bien organisé. En quoi, cela serait-il choquant ? Mais derrière c’est tolérance zéro avec toutes les dérives ». D’origine italo-corse, c’est peut-être une idée qu’il garde de son enfance.
Lorsqu’il était petit, Jean-Philippe Agresti avait l’habitude de suivre son père, commerçant ambulant, sur le cours Belsunce où il travaillait, avant d’installer ses étals sur le marché du Prado, où encore aujourd’hui, il vend des sacs et des portefeuilles. Il a été élevé dans la culture de la réussite, « non pas pour gagner beaucoup d’argent, mais pour s’élever socialement », avec cette image qui était peut-être dans l’inconscient collectif de cette époque « de fréquenter les grandes écoles marseillaises ». Les « sacrifices » de ses parents se sont d’ailleurs portés sur Lacordaire. Ça ne l’empêche pas de faire des petits boulots pour financer son doctorat.
« Marseille a besoin d’une recomposition politique »
Il attache ainsi une importance particulière à l’éducation et « dans la mission de la Ville, aux écoles dont on connaît la problématique à Marseille. », tout comme la lutte contre les inégalités. Marseille a besoin d’une recomposition politique. Si on dit qu’il faut changer de système, de siècle… on y parviendra qu’à la condition de cette recomposition. »
L’officialisation de sa candidature devrait intervenir prochainement, après une rencontre programmée ce jour avec Jean-Marc Borello [missionné par Emmanuel Macron pour détecter les talents marseillais pour porter la liste, ndlr], pour lui présenter son projet et sa stratégie pour Marseille. En attendant, la décision de la Commission nationale d’investiture, Jean-Philippe Agresti est désormais bel et bien en campagne.
Ce papier est très très drôle. Meme hilarant. Le moteur principal d’Agristi est la compétition avec son ex beau-père Yvon Berland. Les 2 semblent considérer qu »ils ont un droit de tirage sur Marseille la populaire. Mais à vrai dire sui sont’ils si ce n’est des parvenus ?