Fermée au public depuis 2001, la digue du Large pourrait redevenir une balade littorale pour les Marseillais. Un parcours thématique sur les deux derniers kilomètres est porté par la municipalité. Elle offre un accès à la mer au Nord de la Ville et une alternative au Parc des Calanques, surfréquenté. Le Grand port maritime, maître des lieux, y est aujourd’hui favorable.

C’est un serpent de mer dont Marseille a le secret. La réouverture de la Digue au grand public est évoquée à intervalles réguliers depuis sa fermeture le 11 septembre 2001. Elle ressemble surtout à un serpent de pierre et de béton qui longe le Grand port maritime de Marseille (GPMM) sur 7 kilomètres de long, entre le Vieux-Port et l’Estaque.

Permettre aux promeneurs de s’y balader à nouveau ? La liste d’élus locaux ayant relancé l’idée ces dernières années est aussi longue que variée. Comme les écologistes marseillais qui en ont fait un argument de leur dernière campagne municipale. Ces derniers siègent aujourd’hui dans la majorité, alors que le maire Benoît Payan est au conseil de surveillance du GPMM. 

« Nous participons aux réunions avec le port », confie l’adjoint au littoral, Hervé Menchon (EELV). La dernière se tenait mardi 9 mars, « avec des élus municipaux tels que Sébastien Barles [transition écologique] et Romain Pastor [conseiller des 15-16]. Il était surtout question de transition énergétique. Mais nous avons évoqué le sujet de l’accès au grand public à la digue ».

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Le Port, les collectivités et l’État dans la boucle

Selon l’adjoint au littoral, le regard « bienveillant du Port sur ce projet est très encourageant ». En effet, alors que le GPMM inaugure la rénovation des 5 grues historiques de la digue ce lundi 15 mars, Hervé Martel, président du directoire, explique qu’il n’y a « pas d’obstacle rédhibitoire pour nous. On est tout à fait proactif pour définir un projet avec l’ensemble des collectivités ».

Parmi elles, il peut donc compter sur la Ville, mais également la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a notamment financé la remise en valeur des grues. Son président, Renaud Muselier, présent ce lundi, rappelle que « ça fait des années que je répète qu’il faut y revenir. C‘est un endroit exceptionnel et merveilleux. Ça ne peut pas être réservé à quelques-uns. Je continue à œuvrer pour faire en sorte que ce patrimoine de vie exceptionnel et unique soit sécurisé ».

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La digue du Large offre un panorama exceptionnel sur Marseille

En effet, la digue est vieillissante et ne peut accueillir de promeneurs aujourd’hui. « Il faut que tous les acteurs s’impliquent pour résoudre ce problème de financement, qui sera assez conséquent », reprend le président du Port. Sans oublier la sécurisation de l’accès, « qui ne peut plus se faire par le GPMM », mais par un accès dédié. La piste privilégiée à l’heure actuelle serait une navette maritime au départ du Mucem. Sur cette question, la Métropole, en charge de la mobilité, et qui gère déjà de nombreuses navettes à Marseille, pourrait être sollicitée. 

Enfin, l’État est également attendu pour participer. Annick Girardin, ministre de la Mer, porte l’initiative « France vue sur mer ». Elle prévoit une campagne de « rénovation-extension » de 1 200 kilomètres de littoral en France. Hervé Menchon assure avoir eu une discussion constructive avec la ministre sur la question de la digue.

À quand la première promenade ? « Pas la semaine prochaine … »

De quoi laisser espérer à l’adjoint au littoral un calendrier « ambitieux, de court à moyen terme ». Du côté du Port, le dossier semble un peu plus complexe. Hervé Martel évite de se prononcer sur un échéancier. « Pas la semaine prochaine, assurément », répond-il sobrement. 

Le nerf de la guerre est financier rappelle pour sa part Renaud Muselier : « On procède par étapes. Il faut que tous les partenaires soient d’accord, pour le montant financier notamment ».

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À la pointe Sud de la digue, la vigie et le phare Sainte-Marie sont des éléments patrimoniaux remarquables du port

« Une lieue sur les mers », un parcours thématique au sud de la Digue du large

Le projet porté par la municipalité est une balade thématique sur les deux kilomètres au sud de la digue. « On pourrait la nommer « Une lieue sur les mers ». Car ça fait un peu plus de 4 kilomètres aller-retour », explique Hervé Menchon. 

Il souhaite également donner un sens à ce parcours, en le jonchant d’éléments muséographiques. « Une balade thématique autour de la transition énergétique du Port par exemple ». Les idées ne manquent pas, depuis des années que ce « grand belvédère, avec ce magnifique panorama sur la ville » attise les convoitises.

Le géologue marseillais et passionné d’histoire, Michel Villeneuve, envisage de créer une table d’orientation pour révéler le passé de la rade de Marseille. Elle regorge de nombreuses épaves, mais aussi de vestiges préhistoriques qui datent de l’époque où elle était une grande plaine. Ou encore « des panneaux de sensibilisation à l’histoire coloniale de Marseille », ajoute l’adjoint au littoral. « La digue est assez grande pour plusieurs thématiques. On peut offrir des regards croisés sur différents aspects de son histoire liés au port ». Pour lui, ce grand projet « serait une formidable avancée pour le GPMM dans sa relation avec Marseille ».

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Ouvrir un accès à la mer au nord de Marseille et libérer le Parc des Calanques

D’autres ambitions s’entremêlent autour de ce projet. D’abord, un accès à la mer au nord de Marseille. Car à partir du J1 (Joliette), et jusqu’à l’extrême Nord (Estaque), la vaste emprise industrialo-portuaire du GPMM sépare les habitants de l’eau. « C’est un besoin dont beaucoup sont privés », estime l’adjoint au littoral : « pouvoir marcher, déambuler, avoir des espaces dégagés, des points de vue vers l’horizon, en se préservant de la pression sonore du centre-ville ». 

Un besoin qui s’articule avec la nécessité devenue criante d’offrir des alternatives au Parc des calanques pour les balades des Marseillais. Alors que les épisodes de surfréquentation se succèdent dans la zone naturelle, son président Didier Réault et les élus locaux appellent au « démarketing ». « Mais ça ne suffit pas », selon Hervé Menchon. « Il faut multiplier les accès à la mer partout sur le littoral, qui ne peut plus être QUE le Parc », insiste-t-il.

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