Après notre premier article consacré aux aspects artistiques et programmatiques de Manifesta, à l’occasion de l’ouverture officielle de son espace à Marseille, ce deuxième volet aborde le côté économique de la manifestation. Le mécénat apparaît comme une impérieuse nécessité pour la réussite de la Biennale. #2

147 jours d’art, d’architecture, de culture et de design ! Pour sa première édition en France, Manifesta qui se tiendra à Marseille, du 7 juin au 1er novembre 2020, est désormais placée sous le haut patronage du président de la République. « Une reconnaissance symbolique de l’importance de cet événement sur notre territoire, pour Marseille, pour la région et pour la France », déclare Nicolas Dufaud, secrétaire général adjoint de la préfecture des Bouches-du-Rhône, à l’occasion de l’ouverture de l’espace Manifesta 13, au 42 la Canebière.

L’Etat soutient Manifesta depuis sa création en 1996. Pour cette 13e édition, la direction régionale des affaires culturelles a apporté 650 000 euros sur trois ans. La préfecture des Bouches-du-Rhône, via le fonds national d’aménagement du territoire, 80 000 euros cette année pour soutenir l’événement.

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Une levée de fonds à 2 millions d’euros

Manifesta, c’est au total un investissement d’environ 2 millions d’euros, ce qui représente 30 à 40% du budget total de la manifestation. Pour financer la biennale, une levée de fonds s’effectue au niveau local, national et international. Si Manifesta dispose déjà d’un réseau de donateurs, notamment à travers des fondations internationales, l’objectif est aussi d’impliquer le secteur économique, « qui est tout autant impacté que le secteur culturel, puisque Manifesta excède l’art pour toucher tous les pans de la ville  », explique Aleth Mandula, responsable de développement.

D’où la volonté d’ouvrir le mécénat à tout type d’entreprise (TPE, PME, grands groupes…). Avec un ticket d’entrée à 5000 euros, « une société peut symboliquement soutenir Manifesta, parce qu’elle aura compris l’impact économique d’une telle manifestation sur l’attractivité de la ville », poursuit la chargée de développement. D’autant qu’une entreprise partenaire pourra bénéficier d’une réduction fiscale de 60%, et de contreparties, en terme de visibilité, de relations publiques, de billetterie… Elle pourra utiliser tous les éléments de communication de Manifesta, faire participer ses collaborateurs ou clients à des événements privés, des visites guidées, solliciter des artistes pour intervenir durant des conférences, des ateliers… « Ça donne du sens, participe aussi à la cohésion de l’entreprise ».

Bien mais peut mieux faire

Si Aleth Mandula assure qu’il y a « un véritable intérêt », des entreprises pour Manifesta, elle note qu’il reste des efforts à faire : « le mécénat commence à s’ancrer dans la culture d’entreprise, mais est encore loin de la prise de conscience générale, de la nécessité de s’impliquer, de s’engager en plus de l’Etat. À Marseille, il y a de forts enjeux de développement du territoire, attirer de nouveaux talents, renforcer l’attrait touristique et faire en sorte que Marseille existe sur la scène internationale. »

Pour les entreprises implantées sur le territoire, et dont le siège social est à Marseille, « c’est presque un devoir citoyen de soutenir ces grands événements, notamment quand ils sont de l’ampleur de Manifesta, une marque connue et reconnue dans le monde entier et l’un des événements culturels les plus influents au monde », plaide-t-elle. « Il arrive pour la première en France, et a choisi Marseille. Ce n’est pas anodin. C’est bien parce que Manifesta a conscience que c’est une ville en mutations avec de fortes potentialités ».

« Ce sont deux mondes qui ont tout à s’apporter »

 Si le mécénat financier reste le nerf de la guerre, il peut également prendre la forme d’un mécénat en nature, à l’instar d’Alinéa. L’entreprise commerciale française de décoration et d’ameublement a équipé en mobilier l’espace Manifesta 13.

L’implication peut aussi se traduire par la mise à disposition de lieu par exemple. « Plus l’implication sera forte et plus les passerelles qui devraient existaient de manière plus importante entre le monde économique et le monde culturel se renforceront. Ce sont deux mondes qui ont tout à s’apporter. La création et l’art sont aussi le moyen de développer l’imagination, l’innovation, et aussi de revoir son positionnement au sein de l’entreprise pour nourrir tout ce qui fait son devenir. »

Une fréquentation multipliée par trois

Pour mesurer les retombées économiques sur le territoire, Manifesta se base sur les précédentes éditions, et mandate à chaque biennale un organisme indépendant pour réaliser une étude d’impact de la ville hôte. En 2018, 200 000 personnes ont sillonné les sites à Palerme.

A Marseille, la fréquentation pourrait être multipliée par trois, selon l’étude. De manière générale, les visiteurs restent en moyenne quatre jours, deux jours pour assister aux événements liés à Manifesta et deux autres pour découvrir la région. L’investissement se mesure également sur le long terme grâce à des entreprises qui reviennent investir sur place. Plus de 2200 articles ont également été publiés dans la presse locale et internationale, spécialisée et généraliste et une centaine de journalistes étaient présents à la conférence de presse inaugurale. «  Marseille pourra être citée dans le monde entier », déclare Aleth pour qui désormais il y a « urgence à concrétiser les partenariats. Ce serait dommage de manquer ce rendez-vous et la possibilité d’un éclairage incontournable sur Marseille. »

 Les collectivités territoriales participent au soutien de Manifesta. En premier lieu, la Ville de Marseille, membre fondateur de Manifesta à l’origine du dossier de candidature. Coup de pouce également du Département des Bouches-du-Rhône. De son côté, Région Sud a débloqué une subvention pour les Parallèles du Sud.

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