Durant deux jours, la Méditerranée était au cœur du Sommet des deux rives. À cette occasion, une série de projets ont été présentés ou ratifiés. Le plus emblématique : la création d’un réseau d’écoles « de la deuxième chance » dans les pays méditerranéens.
Inclusion, jeunesse, diplomatie de proximité, innovation, interaction, histoire, avenir commun… des mots qui ont rythmé le Sommet des deux rives, forum de la Méditerranée durant deux jours.
L’événement s’est refermé ce lundi à Marseille, en présence du président de la République. Plus que de simples échanges, la démarche lancée par Emmanuel Macron, en février 2018 à Tunis a permis de faire émerger de véritables projets pour relancer la coopération méditerranéenne.
L’événement a réuni au palais du Pharo les ministres des affaires étrangères de dix pays du bassin méditerranéen ainsi que des acteurs de la société civile. Les « 5+5 », à savoir cinq pays de la rive nord (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal) et autant pour la rive sud (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). Pour la société civile, « l’assemblée des 100 » a réuni dix chefs de délégation pour chaque pays.
Une méthode au service d’un multilatéralisme plus inclusif
« Cela fait longtemps que nous essayons de bâtir une politique méditerranéenne », souligne le président de La République. « Il y avait eu il y a un peu plus de dix ans une tentative avec l’Union pour la Méditerranée, à chaque fois on se prend dans les divisions, ce qui fracture la région méditerranéenne. Là, on a décidé de repartir sur un format peut-être plus simple, 5+5, en sortant peut-être des conflits qui peuvent exister dans la partie orientale de la Méditerranée, et en essayant d’adopter une méthode un peu différente : ce n’est pas seulement un dialogue entre les gouvernements. Il doit inclure la société civile ». Une méthode au service d’un multilatéralisme plus inclusif, plus efficace.
Une impérative mobilité
Pour concrétiser ce nouveau dialogue et donner des perspectives d’avenir à la jeunesse africaine, sur les 260 projets proposés au fil des forums, 14 ont été retenus pour répondre aux grands enjeux économiques, climatiques et de mobilité. Le plus emblématique : le « programme méditerranéen nouvelle chance », pour la valorisation de l’emploi, avec la création d’un réseau d’écoles des métiers de la mer, une maison euro-arabe de la traduction, le lancement d’un média plurilingue pour faire la promotion de la Méditerranée ou encore un réseau de festivals de la Méditerranée.
D’autres propositions ont été évoquées à l’occasion des tables-rondes de cette journée de clôture sur les thématiques « Construire ensemble une Méditerranée durable », « Soutenir la jeunesse et l’innovation en Méditerranée » et « Valoriser les héritages communs pour renforcer le lien en Méditerranée ».
Trois temps forts où la notion de mobilité a été souvent soulignée. La jeunesse était également l’un des axes forts des échanges, tout comme le numérique au service de l’inclusion sociale, ou comment la Méditerranée peut devenir un « laboratoire de nouvelles solutions disruptives ».
Ont également été proposées des initiatives autour de l’alimentation durable, de la smart-city, des plateformes numériques pour créer des ponts entre la jeunesse et l’emploi, ou l’utilisation de la blockchain pour mettre en commun des systèmes d’énergies renouvelables pour les véhicules…
Donner une place encore plus importante aux jeunes
Pour Ouided Bouchamaoui, prix Nobel de la paix et présidente du comité de pilotage, « cet exercice extraordinaire et cet expérience inédite a permis d’être à l’écoute, d’être force de propositions, de réduire les écarts entre les dirigeants et le peuple ». Elle a particulièrement insisté sur la nécessité de créer cette école de la deuxième chance méditerranéenne, mais aussi sur la dépollution de la « mare nostrum », encourager le success-stories et le savoir-faire… Tout en donnant « une place encore plus importante aux jeunes donc, à la société civile ».
L’enjeu : concrétiser les projets
Désormais « tout l’enjeu est la concrétisation », assure le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Il faudra tenir nos engagements ». Reste à trouver des financements.
Pour le président de La République, les travaux menés représentent « une étape importante ». Pour que la « dynamique soit préservée » et « cette méthode soit consolidée ». À ce titre, le président croit beaucoup dans le dialogue entre les villes de la Méditerranée. « On va structurer cette coopération entre nos villes, on va poursuivre pour donner un cadre. Je ne veux pas perdre le fil du dialogue ».
Rendez-vous dans six mois sous le même étendard
Le président de La République propose de mettre en place une petite équipe pour assurer un suivi concret « pour que les financements arrivent et que l’on puisse avoir des résultats. » Et il a donné rendez-vous dans six mois, dans une autre ville méditerranéenne. Mais avant, il devrait assister au troisième acte de la Méditerranée du futur. Initié par la région Sud, cet événement est « une forme d’anticipation de ce qui est en train de se passer avec ce Sommet », a d’ailleurs assuré Jean-Yves Le Drian.
Emmanuel Macron souhaite désormais voir s’écrire « une histoire commune et des mythologies communes ». Au travers de ce Sommet, le processus est déjà en marche. « Nous ne portons plus le drapeau national de nos pays respectifs, mais bien le drapeau méditerranéen », assure Ouided Bouchamaoui.
> Retrouvez ici les engagements des ministres 5+5 pris depuis Marseille
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