Visibles depuis la ville, des conteneurs décorés de mots bien curieux ont fait leur apparition sur la Digue du Large à Marseille. « Hamac », « Rodéo », « Bistrot », l’artiste Alexandre Perigot nous fait redécouvrir l’origine de ces mots venus d’ailleurs avec son oeuvre monumentale L’Amiral Doubitchou.
Depuis le mois d’avril, des conteneurs colorés s’empilent petit à petit sur la Digue du Large. Des mots géants et étranges sont lisibles depuis la ville. Il s’agit de l’oeuvre d’art éphémère Amiral Doubitchou d’ Alexandre Perigot. Elle prend forme petit à petit sur la digue emblématique de Marseille et sera finalisée le 24 juin pour être admirée jusqu’au 31 octobre. Les 38 mots du dictionnaire français, mais d’origine étrangère, seront affichés comme un hommage au multiculturalisme de la ville, issu de son histoire maritime et portuaire.
L’association MJ1, en partenariat avec le Port de Marseille Fos et La Compagnie Maritime Marfret, a souhaité produire une oeuvre d’art provisoire sur ce lieu emblématique. Cette démarche a pour vocation de valoriser la créativité du territoire par la culture.
« 30 % des mots de la langue française sont d’origine étrangère »
L’Amiral Doubitchou réunit 38 mots d’origine étrangère, inscrits sur deux lignes de conteneurs de différentes couleurs, disposées sur 300 mètres de long et lisibles depuis la rive. « « Amiral » est un mot d’origine arabe, et « doubitchou » est bulgare et fait référence au gâteau. Il faut savoir que 30% des mots de la langue française viennent de langues étrangères », explique l’artiste Alexandre Perigot.
Pour le plasticien, « ce qui est intéressant, c’est l’histoire de chacun d’entre eux. Par exemple « bistrot » vient du russe « bystro » qui signifie « vite ». Son entrée dans la langue française date des défaites napoléoniennes du 19ème siècle, lorsque les soldats russes, assoiffés, demandaient à boire dans les cafés en s’exclamant « bystro! bystro! « . Le mot est resté ».
Il a donc fallu faire le tri parmi les 9 000 mots issus d’autres langues puisque l’artiste n’en a retenu que 38. « Bien que la plupart des mots de ce lexique sont anglais, j’ai valorisé la diversité. On trouve des mots africains, persans, espagnols, haïtiens… ». La sélection est également liée à l’espace disponible sur les conteneurs, l’artiste a recherché des mots relativement courts.
Une oeuvre qui naviguera dans le monde entier
« L’utilisation de conteneurs est très intéressante, car comme les mots, ils voyagent ». Et le voyage n’est d’ailleurs pas terminé puisque dès octobre 2019, la Compagnie Maritime Mafret, qui a mis à disposition les conteneurs, les remettra en circulation. Ils parcourront de nouveau le monde, et seront tracés, « nous saurons par exemple que « Bistrot » est à Alger ».
La participation à l’appel à projet n’était pas anodine pour l’artiste. « Une telle création à Marseille me tenait à cœur. C’est une ville familière, à laquelle j’associe de nombreux souvenirs d’enfance ». Outre cet aspect, Alexandre Perigot souligne la grande ouverture culturelle de la ville. « Le projet montre la richesse de notre langue. Une société qui se métisse est une société qui s’enrichit ».
Belle initiative.
Que ceux qui n’aiment pas regarde les 6 kilomètres restants de la digue du large.
Bravo à l’artiste.