Ce samedi, à la Friche de la Belle de Mai, il sera question de démocratie locale. C’est le thème choisi par Marseille en commun pour ses États généraux. L’occasion de (re)donner la parole aux citoyens, dresser un panorama des bonnes pratiques d’ici et d’ailleurs, et de lister des idées en vue des municipales de 2020.
« La démocratie est une véritable création politique, un ensemble d’idées, d’institutions et de pratiques qui constituent une invention collective (…) La démocratie n’est pas une superstructure, c’est une création populaire ». Tels sont les mots de l’essayiste mexicain, Octovio Paz. Une citation imprimée sur le flyer de Marseille en commun, collectif d’initiatives et de mobilisation citoyenne, annonçant les États généraux de la démocratie locale, « pour une ré-appropriation citoyenne de la chose publique ».
Ce 1er juin, la Friche de la Belle de Mai accueille cet événement « co-construit avec une cinquantaine de personnes et qui a nécessité six réunions de préparation », souligne Félix Blanc, co-fondateur du collectif. Débats, tables-rondes, forum associatif, et même ateliers jeune public… toute la journée, le mot d’ordre sera « dé-mo-cra-tie ».
Pour nourrir les échanges, Marseille en commun a souhaité aller chercher des exemples ailleurs. L’universitaire italien Ricardo Petralla (sous réserve) abordera, par exemple, l’initiative citoyenne européenne sur la gestion publique de l’eau dont il est à l’origine. Le journaliste de Médiapart, Ludovic Lamant, mettra le curseur sur ces villes rebelles espagnoles sur lesquelles il a écrit un ouvrage. La sociologue et militante antimilitariste féministe et écrivaine turque, Pinar Selek, viendra également apporter son témoignage, ou encore le maire de Grande Synthe, Damien Carême.
« Les Marseillais participent beaucoup moins à la vie démocratique »
Urbanistes, politologues, responsables associatifs… De nombreuses personnalités se succéderont à la tribune pour apporter leur regard et leur expertise sur l’expérimentation urbaine, l’espace public, l’habitat, la gestion participative des services publics et des « communs » (contrôle citoyen, comité d’usagers, gratuité…) Au centre des débats, les notions de villes inclusives, cosmopolites, ouvertes, hospitalières, luttant contre les inégalités et les discriminations. À l’ordre du jour également, la question de la transparence et l’exigence d’exemplarité des responsables politiques, avec notamment la charte d’engagement des élus. Un outil dont a récemment fait la promotion Bruno Gilles, indiquant l’obligation « d’aller vers de la transparence et de l’éthique. Les candidats qui ne prendraient pas cette ligne, feraient une grosse erreur ».
Sur ce sujet, Sébastien Barles, co-fondateur de Marseille en commun et ancien conseiller municipal EELV est plutôt en accord, même s’il n’a pas « vu ce que contient la charte de l’élu ». Il convient néanmoins qu’il « faut absolument exiger de la transparence. Ça évite la tricherie et la suspicion… Il faut de la transparence sur l’attribution des places en crèches, sur les logements sociaux… La question essentielle aussi à Marseille est de prévenir les conflits d’intérêt ». Pour lui, le récent scrutin européen, où Marseille enregistre un taux d’abstention qui s’élève à 56,20%, démontre que les Marseillais « participent beaucoup moins à la vie démocratique et ça veut dire que c’est un échec total ».
L’invitation lancée aux responsables politiques locaux
De fait, l’objectif de ces États généraux est aussi de permettre aux citoyens de prendre la parole. Ils pourront prendre place sur scène de leur propre chef, ou être tirés au sort au début de chaque table-ronde, et libres d’accepter ou de refuser de s’exprimer. L’idée de cette manifestation est de créer une sorte de boîte à outils. Le panorama dressé lors de cette journée permettra d’élaborer, sans aucun doute, un projet en vue des municipales de 2020 à Marseille.
Si l’invitation a été lancée à certains élus municipaux, elle sera diffusée plus largement aux personnalités de la classe politique de tous bords. « Ça serait bien qu’ils viennent aussi s’inspirer de ce qui se fait ailleurs », sourit Sébastien Barles, avant d’ajouter « on ne cherche pas à politiser le débat ». Mobiliser largement le week-end de l’ascension reste un parti audacieux, mais qu’importe, Marseille en commun compte davantage « sur la diversité des publics et la qualité des échanges ».
Les États généraux de la démocratie locale marquent la « dernière initiative publique » de Marseille en commun, avant d’entrer pleinement dans le course aux municipales. Une opération qui se distingue de l’appel lancé par Mad Mars avec la pétition « S’unir ou subir », et des Assises citoyennes lancées par le même collectif, fin juin, même si Marseille en commun, y participera.
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