A l’occasion d’un dîner avec Edouard Philippe organisé en préfecture, les élus locaux ont insisté sur l’urgence d’une décision concernant la fusion entre la Métropole et le Département des Bouches-du-Rhône. Selon le premier Ministre, le temps est venu de trancher.

Depuis plusieurs mois, la fusion annoncée par Emmanuel Macron entre la Métropole Aix-Marseille Provence et le Département des Bouches-du-Rhône plonge le territoire dans un climat d’incertitude. Si sur le principe la fusion est actée, des interrogations demeurent encore sur le périmètre, les compétences, le financement et le mode de scrutin. En fin de semaine, la visite à Marseille du premier Ministre, Edouard Philippe, était l’occasion pour les élus locaux d’y voir plus clair sur l’avenir du territoire.

C’est au cours d’un dîner organisé en préfecture des Bouches-du-Rhône, jeudi 11 avril, que le sujet a été abordé en présence d’une  vingtaine de maires de la Métropole Aix-Marseille Provence, du pays d’Arles et de personnalités politiques, au premier rang desquelles, Martine Vassal, présidente (LR) de la Métropole Aix-Marseille Provence et du Département des Bouches-du-Rhône, Renaud Muselier, président (LR) de la région Sud, Jean-Claude Gaudin, maire (LR) de Marseille, les sénatrices Samia Ghali (SE), Sophie Joissains (UDE), le sénateur Michel Amiel (LREM) et les parlementaires Alexandra Louis (LREM), Valérie Boyer (LR), Monica Michel (LREM),  Guy Teissier (LR)…

Selon les élus présents, en préambule, Edouard Philippe a indiqué être toujours dans une phase d’écoute, précisant toutefois deux points : que la situation institutionnelle actuelle ne pouvait pas perdurer et que tout débat devait avoir une fin. Dans cette optique, il a annoncé qu’une décision serait donc imminente. Les élus ont ensuite pu, tour à tour, prendre la parole, beaucoup se montrant favorables à la fusion. Naturellement, le devenir du pays d’Arles a été longuement abordé. Si le maire d’Arles, Hervé Schiavetti (PC) a indiqué être en phase avec l’intégration des 29 communes dans la future « métropole-départementale », son homologue de Saint-Rémy-de-Provence, Hervé Chérubini (Divers gauche) a clairement affiché son opposition.

Intégration du pays d’Arles ? La question demeure

De son côté, la députée (LREM) Monica Michel a réitéré sa position, privilégiant « l’expérimentation » d’une nouvelle collectivité pour le pays d’Arles, hors de la Métropole Aix-Marseille et du département des Bouches-du-Rhône. Le 20 mars dernier, dans un post Facebook, elle n’avait d’ailleurs pas manqué de commenter le rapport du préfet, Pierre Dartout (remis au premier Ministre le 13 mars), estimant que son « insistance pour intégrer de force le Pays d’Arles à cette Métropole » apparaît comme « une diversion pour éviter le vrai débat, sur le vrai sujet, qui a justifié la commande du gouvernement au Préfet : remédier au mauvais fonctionnement de la Métropole actuelle, et lui donner les moyens de ses concurrentes européennes ».

Samia Ghali (SE) est aussi contre « les mariages forcés », préférant intégrer « ceux qui ont envie de faire et de participer pour aller dans le même sens et construire des projets de territoire ». Dans la même ligne, la sénatrice Sophie Joissains juge qu’il «faut laisser au pays d’Arles choisir, il a son mot à dire », explique-t-elle à Made In Marseille, « et c’est ce que j’ai dit au premier Ministre ». La sénatrice UDE a d’ailleurs mis en avant le référendum d’initiative citoyenne lancé en pays d’Arles où plus de 69% des habitants se prononcent « contre » une intégration. « Les citoyens doivent participer au débat et on le voit bien à l’heure du Grand débat que leur souhait est d’être associés aux décisions institutionnelles.» 

Autre élément qui vient étayer sa position, le récent sondage d’opinion* publié par le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du pays d’Arles : 62% des habitants ne souhaitent pas cette intégration et 80% veulent un référendum. Une idée reprise par le président de la Région Sud, Renaud Muselier, « pour consulter ses habitants sur leur volonté d’intégrer ou non la métropole Aix-Marseille Provence ».

L’attractivité de la métropole pointée du doigt

« Aujourd’hui, la métropole n’est attrayante pour personne, demain elle le sera. Ce sera plus difficile d’intégrer la métropole quand elle aura le vent en poupe », affirme de son côté le député LREM, Saïd Ahamada, appelant à ne pas « hystériser le débat ». Un manque d’attractivité également pointé du doigt par Sophie Joissains : « si on ne peut pas échapper à une fusion, autant faire en sorte que cette métropole devienne attractive avec un vrai développement stratégique sur de grandes compétences et c’est d’ailleurs sur ce point que l’ensemble des maires étaient en accord. Je pense que c’est aussi au gouvernement de faire des propositions dans ce sens et peut-être qu’ensuite le pays d’Arles changera d’avis. »

Martine Vassal veut une « vision moderne » pour l’avenir du territoire

Dans ce contexte tendu, tous sont toutefois unanimes sur l’urgence de la situation. « Les réformes annoncées et les concertations conduites ces derniers mois font apparaître la nécessité absolue d’une décision rapide sur l’avenir de notre territoire », nous explique la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Concernant le pays d’Arles, « soit on engage une simplification, avec une seule institution, c’est ce que je souhaite, soit on recomplique les choses en faisant disparaître le Département des Bouches-du-Rhône, pour en construire un autre. Je veux une vision moderne ».

Au-delà des aspects techniques, comme la répartition des compétences entre la nouvelle institution et les communes, d’autres, comme le maire LREM de la Roque d’Anthéron, Jean-Pierre Serrus, ont mis l’accent sur ce qui fait le sens de cette « métropole ». « Cette fusion est essentielle », nous explique-t-il, « c’est une aire socio-économique qui fonctionne déjà comme une métropole dans la vie quotidienne des citoyens. Cette deuxième métropole de France n’est pas à la place où elle devrait être en raison d’une gouvernance institutionnelle qui n’est pas adaptée à la métropolisation. Les ressources produites par le territoire ne sont pas suffisamment orientées vers les projets véritablement métropolitains. ». L’ancien vice-président de la Métropole, en charge de la mobilité a également demandé à l’État d’aider financièrement à l’amorçage et au rattrapage du retard accumulé dans le domaine de la mobilité.

La décision attendue dans les prochaines semaines

À l’approche des élections municipales, les élus ont ainsi appelé le chef du gouvernement à prendre une décision rapide, principalement sur le calendrier, le mode opératoire, et sur un scrutin qui respecte les spécificités locales. C’est pour l’heure, un scrutin calqué sur celui des élections régionales qui tient la corde.

En conclusion, le premier Ministre a insisté sur la nécessité d’une construction collective des projets métropolitains. Selon les élus présents, Edouard Philippe a qualifié l’échange de « riche et passionnant », affirmant que la question de la fusion reste complexe, mais « prise très au sérieux par le président de la République ». S’il a entendu le besoin d’aller vite, le chef du gouvernement a exprimé à la fois la contrainte en terme de calendrier, et le besoin d’une solution solide. Il a toutefois indiqué que « le temps est venu de trancher ». La décision devrait intervenir dans les prochaines semaines.

* : enquête réalisée par téléphone auprès d’un échantillon d’habitants du pays d’Arles interrogés du 25 mars au 9 avril 2019. Une commande effectuée auprès de l’institut BVA Opinion

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