Quatre mois de travaux, 25 réunions de concertation, plus de 1000 contributions. 710 entreprises du territoire ont exprimé leurs attentes dans le cadre du Grand débat national et remis leurs propositions au préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre Dartout.
Dans le cadre du Grand débat national, dont le premier Ministre a livré les premières conclusions ce lundi, les acteurs du monde économique local se sont largement mobilisés. Au terme de quatre mois de travaux, 25 réunions territoriales et via la plateforme de concertation « Tous acteurs », lancée par la CCIMP, plus de 1000 contributions ont été récoltées. Elles ont permis de construire 20 propositions autour des quatre grandes thématiques lancées par le gouvernement : la transition écologique, la fiscalité, l’organisation de l’Etat et ses services publics et enfin la citoyenneté et la démocratie.
Ces travaux ont été restitués dans un rapport 55 pages, remis au préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre Dartout. « Quand les repères « travail » sont frappés de plein fouet, il y a danger pour la cohésion sociale, pour la démocratie, souligne Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, à l’occasion de la restitution de ces travaux. La CCIMP devait offrir aux patrons et aux dirigeants un espace d’expression pour prendre toute leur part dans le débat. L’élan de la démarche Tous Acteurs doit se poursuivre pour apporter des solutions concrètes ». Des propositions sur lesquelles le monde économique peut agir.
Intégrer massivement les enjeux sociétaux à la commande publique
Dans le cadre de la consultation, 70% des chefs d’entreprise ont affirmé que l’environnement est un facteur clé de succès, et veulent agir sur la transition écologique. Le premier enjeu restent la mobilité et les transports du quotidien. Parmi les propositions, les entrepreneurs provençaux souhaitent renforcer les aides financières pour accompagner l’acquisition de mobilité douce, encourager les nouvelles pratiques de mobilité professionnelle (horaires décalées, télétravail, coworking, covoiturage). L’amélioration de la mobilité passe également par le développement des dessertes de transports en commun pour fluidifier les échanges au sein de la métropole Aix-Marseille Provence, tout en augmentant leur fréquence. Agir sur cette question permet également d’agir sur la santé des citoyens.
Les chefs d’entreprise militent également pour un droit à innover localement en intégrant « massivement » les enjeux de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) à la commande publique. « Il faut passer d’une fiscalité punitive à une fiscalité incitative et rentrer dans une logique où l’on ne sanctionne pas mais où l’on encourage », insiste le président de la CCIMP, amorçant ainsi la thématique fiscalité et dépenses publiques. Ce sujet a d’ailleurs enregistré le plus grand nombre de contributions. Transparence, allègement, harmonisation… sont les principales pistes de travail dans ce domaine.
Corréler la fiscalité à la réalité de l’entreprise
Il s’agit de redonner confiance aux entrepreneurs, en déterminant d’abord un cadre fiscal simple et corréler la fiscalité à la réalité de l’entreprise. Cela passe par un allègement, «de la fiscalité des TPE-PME en adaptant les charges sociales et fiscales selon un barème de tranches progressives. Quand je suis petit et que je démarre je ne peux pas avoir la même fiscalité », souligne Jean-Luc Chauvin.
Autre demande : impliquer davantage les entreprises dans la répartition de la ressource fiscale, concrètement en renforçant le pouvoir du Conseil de développement de la Métropole Aix-Marseille Provence pour agir sur l’orientation budgétaire. Enfin, les patrons estiment que les préconisations de la Cour des comptes doivent être respectées et appliquer, pour une meilleure gestion et optimisation de l’argent public. Pour lutter contre la paupérisation des centres-villes, l’harmonisation de la fiscalité dans le commerce traditionnel et le e-commerce est également un des souhaits avancés.
Les patrons soutiennent largement la fusion Métropole-Département
Simplification, dématérialisation et agilité sont les trois axes prioritaires sur l’organisation de l’Etat et des services publics. Pour améliorer l’action publique territoriale et le business, les patrons soutiennent fortement la fusion entre la Métropole Aix-Marseille Provence et le département des Bouches-du-Rhône. Ils souhaitent également une clarification des compétences administratives « le qui fait quoi ? » « Renforcer l’efficacité de l’action publique avec de la mutualisation, des objectifs et des moyens avec du rythme et du progrès est un enjeu qui est ressorti de manière extraordinairement forte », indique une élue de la CCIMP, lors de la restitution.
Par ailleurs, si la dématérialisation peut être vecteur de progrès, le besoin de proximité et d’humanité demeurent chez les acteurs économiques comme chez le grand public. Troisième point : développer une culture du service client au sein des administrations. Exemple : « Favoriser une acculturation réciproque pour mieux se parler » est une des idées qui a été avancée.
Etre mieux impliqué dans les décisions sur l’avenir du territoire
Enfin, cinq pistes de travail alimentent la question de la citoyenneté et de la démocratie. Pour exemple, l’entreprise souhaite davantage être impliquée dans les instances de concertation et de décision sur l’avenir du territoire. Là encore, les dirigeants ont à cœur de participer aux choix financiers stratégiques de la collectivité, en particulier pour l’utilisation de la ressource fiscale. Ils souhaitent également renforcer les relations entre l’entreprise et le monde éducatif (stage de découverte chez les jeunes) pour initier l’esprit d’entreprendre. Comme dans le domaine de la transition écologique, la mise en place d’un permis d’innover a été formulée, pour encourager les initiatives de collectifs d’entreprises sur des sujets du quotidien.
Le préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre Dartout, a avant tout retenu le besoin de stabilité sur le plan de la fiscalité et de la réglementation de manière générale. Il a par ailleurs déclaré être « à 100% pour la représentation des entreprises dans les instances de concertations et de décision. Il faut que les entreprises portent leur voix ». La remise de ce rapport au gouvernement est un pas de plus vers un travail de collaboration entre les entreprises du territoire et l’Etat. « Il faut continuer le dialogue pour montrer qu’il y a des choses qui évoluent positivement », conclut le préfet.