Le développement de l’éolien offshore flottant en Méditerranée semblait être une source d’énergie renouvelable inépuisable, promise à un bel avenir. Face à de récentes annonces inquiétantes du Gouvernement, qui recule sur ses promesses, les industriels de la Région Sud se mobilisent. L’objectif : développer la présence des éoliennes en mer sur le littoral provençal.

« Avec 1 GigaWatt, on pourrait alimenter en énergie 2 millions d’habitants dans la Région, soit l’équivalent de la métropole marseillaise » nous confie Matthieu Monnier, responsable du Pôle Industrie chez France Energie Eolienne… L’enjeu semble énorme pour le territoire, afin de faire face à la fin des énergies fossiles et la fermeture des centrales nucléaires.

Les éoliennes en mer : la reculade du Gouvernement

L’éolien, et donc l’éolien flottant, était pourtant l’une des priorités annoncées du Gouvernement pour la transition écologique. Aujourd’hui, l’Etat semble reculer à cause du prix du KiloWatt fourni, trop élevé vis à vis de l’industrie traditionnelle.

Dévoilée fin 2018, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) détaille les objectifs de la politique énergétique de l’Etat pour la période 2019-2028. Il en ressort un triste constat : des objectifs réduits de moitié par rapport aux recommandations des professionnels du secteur. Le gouvernement semble donc renoncer au potentiel énergétique et industriel de cette énergie et mettrait en péril les emplois de cette filière.

, La Méditerranée fait le forcing pour booster l’éolien flottant comme énergie propre, Made in Marseille
Réunion avec les industriels de la filière « éolien flottant » (EDF, Engie, Eiffage, Ideol,..) autour de Renaud Muselier

Selon le président de la Région Sud, Renaud Muselier, qui organisait une réunion de travail le 6 février avec les professionnels du secteur, l’éolien flottant offre pourtant de nombreuses opportunités en Méditerranée, grâce à des atouts importants sur le territoire « Une ressource en vent exceptionnelle, des conditions de sol très favorables, des conditions météocéaniques « simples » avec une hauteur de houle limitée et peu de courant, et une infrastructure portuaire accessible via le Grand Port Maritime de Marseille. » Autour de la table, le sujet du jour : la crainte pour la Région Sud de se faire doubler par la Région voisine, l’Occitanie, qui pourrait rafler la mise sur la zone « Méditerranée« .

« Les chiffres et les échéances annoncées par le Gouvernement au mois de décembre sont nettement inférieurs à ces ambitions puisqu’un seul appel d’offre (Ndlr : sur les deux appels d’offres promis en Méditerranée) de 250 MW paraitra sur la façade méditerranéenne en 2022 » précise Renaud Muselier. « Il y a aujourd’hui une vraie crainte que la région Occitanie se voit attribuer l’ensemble de ces 250 MW et donc que la Région Sud n’ait aucun appel d’offre identifié, mais je vous assure que d’ores et déjà j’ai positionné la Région Sud sur ce premier appel d’offre. »

L’inquiétude des industriels provençaux

« Les industriels du secteur sont inquiets du choix du Gouvernement de diminuer le nombre MégaWatts qui était prévu, mais aussi du calendrier annoncé qui met en danger la filière, alors qu’ils sont les n°1 en France et surement les n°1 en Europe » précise Renaud Muselier. Nos industriels basés sur La Ciotat et Fos, fournissent en effet de nombreux sites en France, notamment en Bretagne. « Nous avons ici un territoire d’industrie que nous voulons développer, ce qui me semble va dans le sens de ce que souhaite le Gouvernement. La zone de Fos a d’ailleurs était reconnue par l’Etat. Nous avons pris la décision de faire une lettre au Président de la République et au Premier Ministre pour expliquer les enjeux en matière d’emploi et de développement durable« .

2000 emplois directs concernés

« Aujourd’hui, nous sommes face à un défi climatique, celui du réchauffement. La Région Sud est très exposée, il y a des littoraux qui créent des événements climatiques de plus en plus fréquents. L’atout de l’éolien flottant : c’est une énergie propre ! Le combustible, c’est le vent » précise Matthieu Monnier. D’autant que sa production est facile à gérer car elle est stable et régulière, et qu’elle génère beaucoup d’emplois locaux. « Il y a des compétences qui sont présentes sur le territoire et de nombreux atouts. Une étude du pôle mer Méditerranée montre que potentiellement, 300 entreprises de la région pourraient s’intégrer à cette filière. Cela représente 2 000 emplois direct d’ici 2030. »

La Région Sud ambitionne de produire d’ici 2030 1 GigaWatt, alors que l’Etat vient de trancher dans son PPE pour produire 500 MégaWatts répartis entre la Bretagne et la Méditerranée, soit 250 MW chacun. Et potentiellement, 1 GW sur l’ensemble de la France dans un prochain appel d’offres. « Aujourd’hui, on parle de 250 MW en Méditerranée, donc pas forcément en Région Sud, cela peut se faire en Occitanie, c’est 1/4 de nos ambitions » poursuit Matthieu Monnier.

La Région Sud et la Région Occitanie se sont rencontrées pour en parler. Ils se sont mis d’accord et souhaitent maintenant partager la production avec deux projets de 250 MW chacun, dans un 1er temps, et ensuite, de faire deux autres projets de 500 MW qui viennent se rajouter. « Il faut savoir que 1 GigaWatt représente entre 85 et 100 éoliennes. Une éolienne produit entre 10 et 12 MW, et en plus d’un point de visibilité, la gêne est quasiment nulle. On ne les voit presque pas depuis le littoral, donc il y a très peu de nuisance. » conclut-il.

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