La métropole Aix-Marseille-Provence a présenté son projet Ambition 2040. Fruit d’un an de travail et de réflexion entre de nombreux acteurs du territoire, 12 engagements forts on été posés pour lui redonner une attractivité mondiale. Une vision ambitieuse qui devra résoudre de nombreux paradoxes.
En 2017, le président de la métropole Aix-Marseille-Provence, Jean-Claude Gaudin, lançait la démarche « Ambition 2040 ». Un processus de réflexion avec tous les acteurs du territoire pour poser des bases de travail et de développement à long terme, avec une ambition non-dissimulée : placer la métropole parmi les plus importantes du monde en 2040.
20 ans, une génération. C’est le temps que la métropole envisage pour retrouver son attractivité, notamment démographique, en visant les 2,3 millions d’habitants d’ici-là. Elle déjouerait alors les projections de l’INSEE qui voient le solde migratoire actuel, 4 000 habitants en moins par an, se poursuivre. Pour cela, elle s’appuie sur l’attractivité économique et envisage d’atteindre le million d’emplois.
Une analyse des atouts et faiblesses du territoire, la mise en lumière de ses paradoxes, 12 engagements définis, le dossier « Ambition 2040 » représente la première pierre d’un projet sur 20 ans, qui devra encore être précisément défini, quantifié, et concrétisé.
Citoyens, élus et experts autour de la table pour “La Fabrique du Projet”
Le projet métropolitain “Ambition 2040” est le fruit d’un travail de concertation et de réflexion ayant mis autour de la table de nombreux acteurs du territoire. Au sein même de la Métropole, les discussions ont animé des membres de pôles différents. « Jouer collectif pour “faire métropole” » est le slogan affiché par la démarche. Avec au centre, le Conseil de développement (organe consultatif de 180 membres représentant la société civile du territoire métropolitain), les experts techniques de la collectivité et des agences d’urbanisme ont travaillé ensemble autour, notamment, des attentes et propositions des 92 maires de la métropole.
La “Fabrique du projet” s’est tenue sur le site de thecamp tout au long de l’année 2017 avec une série d’ateliers innovants. La métropole a placé “l’intelligence collective” au cœur de ce travail via des méthodes modernes de réflexion commune et créative. Brainstormings, photos-montages, jeux de rôles et créations de personnages fictifs vivant en 2040, de nombreux ateliers ont aboutit à l’hiver 2017 à un socle commun d’analyses, de projections et de mesures. Elles sont au cœur du projet “Ambition 2040”.
La métropole des paradoxes
Avant de proposer des priorités d’actions, il a fallu décrypter un territoire et poser un diagnostic qui ne manque pas de contradictions. Au travers d’une analyse transversale de nombreux enjeux, sept grands paradoxes ont été identifiés par les groupes de travail de la Fabrique du projet.
Il ne leur a pas échappé que la plus vaste métropole de France, avec ses 3 150 km², la plus verte avec 73 % d’espaces agricoles et naturels, ses 255 km de littoral, son climat radieux, sa position géostratégique sur la méditerranée, ses fleurons industriels et ses filières d’excellence, ne parvenait pas à valoriser au mieux ces atouts.
Cadre de vie, paysage, humain, ressources, emploi, innovation et international sont les sept thèmes dans lesquels les groupes de réflexions on relevé des paradoxe.
Un accent particulier a été porté sur la question économique, mêlant emploi, innovation et international. Avec 65 % de taux d’emploi, le territoire d’Aix-Marseille-Provence est le plus faible des aires urbaines françaises, bien loin des 80 % atteints à Nantes ou les 84 % de Toulouse. Pourtant, le PIB de la métropole connaît une constante augmentation ces 20 dernières années, comparable à celle de Nantes (+1,4 % en moyenne par an).
Mais cela ne suffit pas à créer les 60 000 emplois pour atteindre le taux d’emploi moyen des métropoles françaises, et ce, malgré les 6 000 emplois créés chaque année, et les six filières d’excellence qui concentrent 284 000 des 735 000 emplois du territoire (énergie, aéronautique, tourisme et hôtellerie, santé, maritime et transport, numérique). Les filières industrielles en mutation, en particulier dans la pétrochimie, sont à prendre en compte, mais l’enjeu semble se concentrer sur le décrochage de certaines populations éloignées de l’emploi, pour lesquels la formation, les problèmes de mobilité, et l’insertion ne répondent pas.
Le dossier complet des 7 paradoxes de la métropole
Les 12 engagements de la Métropole
“Vivre mieux”, “vivre monde”, “vivre ensemble”, “art de vivre”, voici les quatre axes sur lesquels la Métropole Aix-marseille-Provence entend résoudre les paradoxes. Elle propose pour cela 12 engagements.
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- Entre mer et montagne, la qualité de vie provençale doit être à la hauteur de son cadre. Pour « vivre mieux », trois objectifs majeurs sont définis. Le principal sera de mettre fin au « tout-voiture ». La ville la plus embouteillée de France est également celle dont l’air est le plus pollué aux particules fines. La métropole entend diversifier les alternatives de mobilité verte pour y répondre, et dépasser largement les 10 % de trajets effectués actuellement en transports en commun.La sobriété écologique dans le fonctionnement urbain vient donc logiquement s’ajouter aux objectifs du « vivre mieux » avec la dynamisation des centre-villes et cœurs de village.
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- Carrefour de l’Europe et de l’Afrique, premier port français, première place diplomatique après Paris, la métropole doit s’appuyer plus sur son capital international pour répondre à son ambition d’être la capitale méditerranéenne en 2040. Pour « vivre monde », l’objectif est d’abord de développer ses hubs (aéroport, port, gares TGV). Les filières d’excellence et d’innovation sont les vecteurs identifiés pour le rayonnement et l’échange international. La métropole entend mettre l’accent sur l’Université et les filières d’excellence. Cela participera notamment au troisième objectif : le rayonnement mondial, la visibilité, et l’attractivité. L’ambition n’est rien de moins que « devenir, en 2040, le territoire le plus visité, devant Paris ! ».
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- Si par nature, le territoire est un lieu de brassage et de rencontre, le projet entend améliorer le « vivre ensemble ». Viser le plein-emploi est le premier engagement en ce sens, en plaçant les populations les plus fragiles au cœur du développement des filières d’excellence. La formation et l’apprentissage auront donc un rôle central.L’accès au logement de qualité pour tous est le deuxième engagement dans ce sens, avec notamment la volonté de maîtriser les prix de l’offre résidentielle. Il faudra enfin replacer le citoyen dans ce projet collectif, via la concertation et la participation.
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- « L’art de vivre » à la provençale est le dernier axe des 12 engagements métropolitains. Avec 73 % d’espaces naturels et agricoles, la métropole Aix-Marseille-Provence est la plus verte de France, et entend le rester. Tendre vers le « zéro consommation d’espaces verts en 2040 » est un pari fort contre l’étalement urbain. Le deuxième objectif se concentre sur l’atout Provence : son littoral. Un double défi puisqu’il faudra le mettre en valeur pour attirer plus de touristes, tout en le protégeant davantage. L’art de vivre métropolitain passera enfin par la culture et le sport qu’elle accompagnera autant sur les grands événements que dans les infrastructures pérennes.
Les grands axes de développement métropolitain sont donc posés dans les 130 pages du projet Ambition 2040. Ils marquent le désir de positionner Aix-Marseille-Provence comme territoire de référence à l’échelle mondiale. Il reste maintenant à traduire dans les faits ces ambitions.