Tout le monde connaît le rappeur marseillais Soprano, mais qui sait que, dans son ombre, travaillent trois de ses amis d’enfance ? Saïd, de son vrai nom, Mateo, Djamal et Mej se connaissent depuis qu’ils sont au collège, ou presque. Partis de rien et habitant dans les cités marseillaises, ils ont pourtant réussi à percer. Aujourd’hui, ils sont à la tête de la société « Only Pro » qui s’occupe de la carrière de plusieurs artistes.

C’est une belle histoire qui peut en inspirer d’autres. Belle, oui, mais qui n’a pas pour autant été facile. Tout est parti de la musique. Une passion commune à quatre jeunes habitant une cité des quartiers nord de Marseille. Une passion qui les rapproche et qui les lie dès le collège.

Au début des années 1990, l’un deux, aujourd’hui connu sous le nom d’artiste de Soprano, fonde avec des amis un groupe de rap qui deviendra par la suite les Psy 4 de la rime. Les trois autres, Mateo, Djamal et Mej, décident eux aussi de monter leur projet : leur société de production indépendante, Street Skill, devenue quelques années plus tard Only Pro.

La musique pour passion

« On a commencé à enregistré des mixtapes (des compilations audio, ndlr) de morceaux originaux, reprises, covers… Il y en avait de Soprano et d’artistes qui gravitaient autour de nous. On faisait ça par pure passion : Mej était plombier en parallèle et avec Mateo, on travaillait dans une boutique de sport. On se voyait le soir et on parlait stratégie », se souvient Djamal, aujourd’hui directeur des ressources humaines chez Only Pro.

Les CD regroupant les morceaux sont vendus de la main à la main, à des connaissances, des amis, des intéressés. Une, deux, dix compilations. L’une d’entre elle, baptisée « Mains plein de ciment 1 », s’est même écoulée à 1 000 exemplaires. On est en 2003, à l’époque où les réseaux sociaux n’existaient pas. Un vrai succès pour la bande.

, Comment quatre jeunes des quartiers marseillais ont réussi à monter leur société de management, Made in Marseille

Le saut dans le grand bain

Passionnés par cette activité extra professionnelle, Mateo est le premier a quitté son travail pour se consacrer à 100% à la gestion du label. Il se forme, monte à la capitale pour se créer un réseau. Les années suivantes, c’est au tour de Mej puis de Djamal de faire de même. « C’est à cette époque que Soprano commence à travailler en solo. On prépare son premier album qui sort en février 2007 et qui se révèle être un succès ! », explique Djamal.

En parallèle de Soprano, l’équipe d’Only Pro décide de s’occuper également d’autres artistes à Marseille. Mais c’est tout de même grâce au carton du troisième album de Soprano que la société marseillaise se fait un nom et commence à manager des artistes parisiens tels que Magic System ou DJ Abdel. « Ce qui a fait notre force c’est qu’on s’est adaptés alors que le marché de la musique s’est pas mal écroulé. Aussi, l’humain est très important pour nous. Only Pro, c’est une histoire de famille et on essaye de faire passer ces valeurs aux personnes qui travaillent avec nous », confie Djamal.

Des projets et des échecs

Aujourd’hui, l’agence de management fait partie d’un groupe où se côtoient d’autres sociétés. Les quatre amis d’enfance aimeraient développer des projets dans l’hôtellerie, le cinéma ou encore l’immobilier. Sans pour autant se lancer dans le premier projet venu. « On préfère être dans l’éthique et l’authentique plutôt que de se jeter dans n’importe quel projet sous prétexte qu’il y a de l’argent. Ce n’est pas l’argent qui nous motive, mais vraiment l’aventure humaine. On s’est déjà cassés la gueule, mais ça nous a servi d’expérience », souligne Djamal.

Des ratés, Only Pro en a en effet connu. L’agence n’a, par exemple, pas réussi l’un de ses souhaits : faire émerger des talents marseillais. Sur une dizaine d’artistes accompagnés, le succès n’a pas été au rendez-vous. « Plutôt que produire ces artistes nous-mêmes, dorénavant on les propose à des maisons de disques ». L’équipe avait aussi tenté de monter une agence de communication et de publicité, sans succès là non plus.

La faute à leurs origines marseillaises ? « C’est vrai que lorsqu’on montait à Paris, on était vu comme des Provinciaux et donc on n’était pas crédibles. Aujourd’hui ça paraît évident que Soprano marche, mais ce n’était pas gagné au départ. Mais on n’en est plus là », balaie Djamal. Les quatre amis préfèrent se concentrer sur l’avenir plutôt que de se lamenter sur le passé. Et on les comprend : le prochain album de Soprano, « Phoenix », est attendu pour le mois de novembre 2018 et, avec lui, peut-être un nouveau carton à l’horizon.

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Par Agathe Perrier

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