Les 17 hectares du Parc Chanot, rassemblant parc des expositions et palais des congrès au rond-point du Prado (8e), seront bel et bien modernisés à partir de 2020. Une grande salle de spectacle de 9 000 places devrait être construite. 

La délégation de service public (DSP) pour la gestion des 17 hectares du parc Chanot, détenue par la Safim jusqu’en décembre 2019, sera bel et bien relancée avec des ambitions plus importantes. Le conseil municipal a voté en ce sens ce jeudi 20 décembre. La ville de Marseille a annoncé qu’elle souhaitait transformer et moderniser le parc Chanot pour le rendre plus attractif au tourisme d’affaires.

Alors un appel d’offre sera donc lancé dans les prochains mois pour la gestion et l’exploitation du site. La Safim devrait candidater à sa succession pour cette délégation de service public, et l’Olympique de Marseille pourrait aussi être intéressé. L’ambition, selon Gérard Chenoz, adjoint au maire de Marseille aux Grands projets d’attractivité, est de requalifier l’espace pour « faire venir des congrès de plus en plus importants, du calibre du CES de Las Vegas. Le plus gros événement à l’heure actuelle, c’est la foire de Marseille. C’est important, mais pas à l’échelle d’un centre des congrès métropolitain ».   

Yves Moraine qui a voté pour le projet avec la majorité (LR) au conseil municipal nous rappelait l’importance, selon lui, de booster la filière du tourisme d’affaires : « Un congressiste dépense 250 euros par jour quand il vient à Marseille ».

Destruction du Grand palais pour construire une salle de 9 000 places

Le parc Chanot offre actuellement « 15 000 m² de surface d’exposition aux standards actuels, là où des villes comme Metz en offre 18 800 m² et Rouen 22 000 m² » précise un document soumis au précédent conseil municipal. « Face au vieillissement de l’équipement, la destination « Marseille » court un risque réel de déclassement par rapport aux autres métropoles qui réinvestissent et modernisent leurs infrastructures de congrès/expositions ».

L’ambition est aujourd’hui d’atteindre les 40 000 m2 de halls d’accueil pour tous types d’événements. Le Grand palais, salle la plus importante du parc Chanot actuellement, devrait être détruite selon Gérard Chenoz, « mais on envisage de garder les colonnes ». En effet, la façade du bâtiment est protégée par les documents d‘urbanisme.

Une nouvelle salle plus moderne serait alors construite un peu plus loin, capable d’accueillir 9 000 personnes en places assises d’après l’élu. Elle serait destinée à différents types d’événements. Des grands concerts, aux congrès en passant par des événements sportifs. « Elle sera modulable », précise Gérard Chenoz. Elle pourrait donc se diviser, selon l’événement : une salle avec scène et places assises, et une partie « hall » pour accueillir des stands et de la déambulation.

Et lorsqu’on demande à l’adjoint aux Grands projets d’attractivité si cela ne ferait pas de l’ombre à des équipements déjà existants tels que le Dôme pour les concerts, ou le Palais des sports pour les événements sportifs, il nous répond que « les travaux devraient commencer en 2022 et le projet devrait être terminé en 2026. Dans huit ans, le Dôme et le Palais des sports seront-ils encore là ? »

Aujourd’hui, l’auditorium du Palais des Congrès peut accueillir jusqu’à 1200 personnes et le Palais des Evénements peut accueillir jusqu’à 3200 personnes en configuration « Plénière ».

Un projet qui fait grincer l’opposition dans un contexte de crise de l’habitat

Alors que le conseil municipal a été ouvert par plus de trois heures de débats tendus autour de l’actualité de l’habitat indigne après les effondrements de Noailles, qu’une telle délibération soit à l’ordre du jour a provoqué de vives réactions.

D’abord du côté de la conseillère municipale PS, Annie Lévy-Mozziconacci qui a demandé le retrait de cette délibération de ce conseil municipal. Mettant en avant d’autres priorités (l’habitat insalubre, ndlr), et un montage du dossier de délégation de service public « flou » qui coûtera selon elle beaucoup d’argent à la municipalité. « Le parc Chanot est une propriété municipale de 17 hectares. Pourquoi externaliser la construction et l’exploitation ? […] Tout cela sans concertation ? Les intérets publics doivent primer sur les interets privés, et pas l’inverse ».

Élu communiste de l’opposition, Jean-Marc Coppola s’est dit « bien sûr opposé à cette délégation de service public ». Considérant que la ville devrait se concentrer sur la crise de l’habitat indigne : « Priorité à l’habitat insalubre », a-t-il lancé.

Pour Benoit Payan, chef de file des socialistes au conseil municipal, que nous avions interviewé cet été sur cette question, « ce projet est le symbole d’une municipalité qui a fait de l’image sa priorité. Est-ce qu’il est prioritaire aujourd’hui, après avoir mis des centaines de millions dans un stade, après avoir privatisé la gestion des écoles pour 1 milliard d’euros, après avoir mis 60 millions d’euros dans une patinoire olympique, de mettre autant dans un projet de salle qui va remplacer le Dôme ? C’est incongru ! »

Un parc Chanot ouvert sur la ville

Parmi les ambitions du projet, il y a aussi la requalification de l’espace public et l’ouverture sur la ville. Yves Moraine expliquait que « Parmi les priorités du projet, nous voulons ouvrir le parc Chanot sur la ville, cesser d’en faire une enclave un peu fermée et permettre la déambulation inter-quartier, mais aussi monter en gamme la qualité des espaces communs avec la végétalisation ». 

Une végétalisation que met également en avant Gérard Chenoz : « Nous voulons faire du Parc Chanot un vrai parc où le public pourra vraiment se promener dans de grandes allées bordées d’arbres ».

Le projet que nous avions consulté lors du précédent conseil municipal prévoyait :

  • L’aménagement d’une grande allée plantée publique réservée aux piétons et aux autres modes de circulation douce, traversant le Parc Chanot du rond-point du Prado à l’esplanade de l’Orange Vélodrome, pour relier au-delà au Palais des sports, au futur parking relais et au métro Dromel. L’entrée côté Rond Point du Prado pourra être reconfigurée afin de bénéficier d’un espace paysager d’agrément, par exemple avec miroir d’eau et fontaine sèche
  • La création d‘une grande esplanade paysagère au centre du Parc Chanot, permettant à la fois des usages urbains et l’organisation de foires, salons ou village d‘exposition en plein air
  • Le développement de la végétalisation du site, valorisation de la présence de l’eau (réduction des îlots de chaleur) et aménagement d’espaces de détente et de convivialité
  • La poursuite de l’aménagement du rond-Point du Prado, permettant d’unifier l’espace public derrière les grilles historiques.

Les grands principes du projet

En amont du conseil municipal de ce jeudi 20 décembre, nous avions publié les grands principes du projet porté par la municipalité. Les voici :

  • Démolition du Grand Palais obsolète et reconstruction sur deux niveaux, avec conservation de sa façade, protégée par les documents d‘urbanisme
  • Démolition du Palais de la Méditerranée et du Palais Phocéen devenus inadaptés et reconstruction de nouveaux halls, permettant d’atteindre une surface minimale de 40 000 m2 d’exposition/salon
  • Création de liaison au niveau R+1 entre les principaux halls, existants et nouveaux, par des passerelles
  • Création d‘un bâtiment appelé « Espace prestige », qui accueillera des fonctions de réception/restauration, conférences /exposition, performances, évènements particuliers etc., et fera la liaison entre plusieurs halls du site. Ce bâtiment contemporain, à l’architecture remarquable et visible, pourrait devenir un élément singulier et vecteur de la nouvelle identité du parc Chanot. Il pourrait par exemple être construit en R+1, sur pilotis ou suspendu, avec une toiture terrasse accessible
  • Organisation des circulations logistiques différenciées des flux piétons par l’arrière des bâtiments, qui disposent tous d’aires et de dépôts logistiques
  • Création d’un grand équipement multi-fonctions de type « Grande salle événementielle», permettant d’accueillir des spectacles, congrès, conventions, salons, expositions de très grande jauge

Les montants prévisionnels d’investissement envisagés à ce stade sont les suivants :

  • Travaux sur les bâtiments : entre 194,5 M€HT et 204,3 M€HT (coût d’opération)
  • Travaux d’aménagement urbain : entre 27,6 M€HT et 28,8 M€HT (coût d’opération)

* Source : Ville de Marseille20

5 commentaires

  1. L’URGENCE ce sont les écoles et le logement indigne , ces projets grandioses peuvent attendre ! Les élus de cette municipalité ne pensent qu’à « l’image » de la ville, pas à ses habitants ! C’est indécent après les drames récents. Merci à ceux du Conseil Municipal qui y ont pensé !

  2. Les 230 millions d’euros pour les travaux, c’est de l’argent public ou du PPP ? J’arrive pas à comprendre en lisant l’article. Si c’est du public je trouve ça incohérent au vu des besoins énormes de notre ville en transport en commun. Rien que ça c’est plusieurs kilomètres de tram.

  3. Il n’y a aucune opppsition entre un projet public sur une propriete publique (Parc Chanot) et la renovation de biens privés (immeubles des marchands de sommeil, dont la rue d’Aubagne).

    Il est important de dynamiser le tourisme et l’attractivite de notre cité. Le Parc Chanot est excellemment placé, et a une grande surface. Il convient d’améliorer les infrastructures du parc.

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