Depuis le début de l’année 2018 à la polyclinique du Parc Rambot d’Aix en Provence, des opérations chirurgicales pratiquées sous hypnose sont réalisées quotidiennement. Une pratique qui permet d’éviter aux patients de subir une anesthésie générale et toutes les conséquences que cela implique. Rencontre avec le docteur Vaini-Cowen, chirurgien gynécologique et mammaire, qui pratique ces opérations.
Et si, à l’avenir, nous n’avions plus besoin d’être complètement endormi pour se faire opérer ? Pour certains types de chirurgie, comme celle du cancer du sein, de la thyroïde ou encore des hernies inguinales, cela se pratique déjà grâce à l’hypnose. Les patients sont alors simplement endormis localement.
« Pour des patientes jeunes, cela permet une récupération plus rapide. Elles sont alors efficaces et opérationnelles plus rapidement pour leur quotidien. Pour les patientes fragiles et âgées, et il y en a de plus en plus, cela leur permet d’éviter les effets secondaires des drogues anesthésiantes », explique le docteur Vaini-Cowen qui opère pendant les opérations sous hypnose pour traiter les cancers du sein à la polyclinique du Parc Rambot. Pour les patients qui doivent ensuite faire de la chimiothérapie pour traiter un cancer par exemple, ne pas avoir été sous anesthésie générale pour l’opération leur évite aussi de cumuler les drogues.
Des opérations dans le plus grand des calmes
Pendant toute la durée de l’opération, le patient reste pleinement conscient mais évolue dans un environnement « imaginaire paisible ». L’une des patientes du docteur Vaini-Cowen raconte « avoir été dans un état hypnotique, à savoir consciente mais dans un demi-sommeil qui lui permettait de parler tout en s’imaginant dans son salon, en train de regarder son film préféré », mettent en avant Frédéric Bourgarel et Olivier Ruinet, les deux anesthésistes qui pratiquent l’hypnose.
Au sein de l’établissement aixois, l’hypnose est assurée par deux anesthésistes sur les 20 que compte le service du docteur Vaini-Cowen. Ces derniers ont suivi une formation de plusieurs mois pour être qualifiés en tant qu’hypnothérapeutes. Au cours de l’opération, leur rôle est de s’assurer que le patient reste dans un état mental confortable. Pour cela, ils lui parlent du début à la fin. « Pour autant, toute hypnose peut se convertir en anesthésie générale à n’importe quel moment de l’opération, si le patient ne se sent pas bien ou a trop mal », précise le docteur Vaini-Cowen.
Des dires du chirurgien, une opération sous hypnose dure à peine plus longtemps que sous anesthésie générale. « La technique opératoire reste la même, ce qui change, c’est qu’il n’y a pas de bruit. On ne parle pas pour demander des instruments ou quelque chose. Aussi, j’ai un retour immédiat de ce que ressent ma patiente, si quelque chose la gêne par exemple, et je m’adapte tout de suite », confie le docteur Vaini-Cowen.
L’hypnose, l’avenir des opérations chirurgicales ?
En France, la chirurgie sous hypnose se développe petit à petit. Elle a commencé au début de l’année 2015 pour le cancer du sein à l’institut Curie à Paris. La chirurgie vasculaire et de la carotide se pratique à Rennes et à Saint-Denis (Réunion), des médecins changent des valves aortiques au niveau du cœur sous hypnose.
« Je suis pour que l’hypnose se généralise en chirurgie et je vais essayer de motiver les équipes et mes confrères des autres disciplines. C’est l’avenir d’alléger toutes ces drogues et ces produits. Il faut revenir vers des concepts bios et plus naturels », prône le docteur Vaini-Cowen. De son côté, depuis ce mois de janvier 2018, la chirurgienne pratique des opérations sous hypnose tous les jeudis à la Polyclinique du Parc Rambot.
Pour s’informer sur le cancer du sein et sa chirurgie, un numéro SOS Urgences Sein a été mis en place en octobre 2017 sur initiative du docteur Vaini-Cowen avec une permanence jour et nuit pour être orienté : 09 70 80 51 60 (départements 13, 04, 05).
Par Agathe Perrier